Métaxy Kosmone (1 - à la découverte des ténébris)

05 - Domaine de Diavolos

RUBY

La chambre était grande. Une immense baie vitrée donnait sur une vue à cent quatre-vingts degrés, qui surplombait tout le Domaine de Diavolos. C'était à la fois magnifique et... terrifiant ! Les flammes dansaient comme des ballerines face à un public envoûté par leur prestation. Au loin, je pouvais apercevoir l'immeuble en forme de champignon qui accueillait toute l'assemblée de l'Ordre des Mouches, qui était dirigé par le plus horrible de tous les terccos.

Belzébuth.

Non loin du bâtiment des Princes de l'Enfer, un grand stade ovale faisait office de lieu d'entraînement pour les chevaliers de l'Enfer. C'était une race extrêmement importante, car ils étaient chargés de protéger le monde souterrain contre toutes les attaques des autres créatures. Après l'Ère Sombre, très peu de monstres n'osaient pas s'en prendre au monde infernal.

Lorsque je me retournais, un sofa, en velours de couleur vert sapin, était installé de manière à contempler le paysage flamboyant de cette région-ci de l'Enfer. Un gigantesque lit, qui pouvait accueillir au moins quatre démones, se trouvait contre le mur en briques noires. Derrière celui-là se trouvait une salle de bain, avec une baignoire qui proposait certainement de nombreux massages. Un merveilleux lavabo, double vasque, dont le contour était en marbre gris, avec quelques taches d'or, se trouvait en face. Un immense miroir aux bordures noires habillait le mur.

Lorsque je m'approchais du lit, je vis des chaînes accrochées à chaque extrémité. J'écarquillais mes yeux de surprise à cette vue.

Pourquoi avait-il des chaînes au lit ? Sûrement pour me torturer lorsque je désobéirai. Supposai-je en haussant légèrement les épaules.

Des tableaux des différents démons du Rang Supérieur décoraient les murs en pierre. Je les observais grossièrement jusqu'à m'arrêter devant le quatrième en partant de la droite. Je m'approchais afin de voir de plus près le visage de ce démon, qui ressemblait fortement à celui qui me fixait la veille à l'Apoco.

Asmodée me fit revenir à la réalité lorsqu'il referma la porte d'entrée. Je m'assis sur un petit pouf, qui était placé juste devant le lit, un instant pour me remettre de mes émotions. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'Asmodée était le Mentor que la Grande Succube avait choisi. Je me demandais ce qu'allait en penser Onyx, mon petit chat. Nous étions tellement fusionnels, que l'on pouvait presque ressentir nos émotions. Mon Mentor me jaugea de la tête aux pieds, avec une telle lenteur que je commençai à ressentir un malaise profond.

Est-ce que je lui plaisais ? Est-ce que j'étais trop maquillée ? Trop habiller ou pas assez ? Qu'allait-il me faire ? Allais-je souffrir ?

Tant de questions que je me posais. À certaines d'entre elles, j'aimerais n'en jamais connaître la réponse. Après m'avoir étudié, de haut en bas, il s'avança vers moi.

« N'est aucune crainte, ma douce. Je ne te ferai aucun mal. »

Il regarda les chaînes fixées au lit.

« Sauf si tu m'y obliges. annonça-t-il en se rapprochant de mon visage.

— C'est ce que vous dites à tous vos Valets ? » soufflai-je, sans pour autant croiser son regard.

Il me jeta un regard sombre, tellement noir que je pouvais m'y perdre à jamais. Je crois que j'avais été un peu loin. Pour me faire pardonner, je me levai et pris le lacet du kimono, de couleurs bordeaux avec un léger dégradé de noir, qui contournait ma fine taille. Je tirai dessus pour en révéler mes sous-vêtements. À cet acte, il sourit, je supposais que c'était ce qu'il attendait. Après tout, j'étais un succube.