Chapitre 1 **

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L'uniforme des pompiers était un de mes fantasmes récurrents. Les policiers, un peu moins.

Mais alors le motard ... Pas du tout.

Pourtant, la première fois que mes yeux se sont posés sur Fabien, j'ai fondu. Sa combinaison noire liserée de rouge lui donnait ce côté mauvais garçon qui tranchait avec sa gueule d'ange. Un super héros rapide, muni d'un casque. La plus belle chose qui m'avait été donnée de voir.

Si l'homme me fascinait, la moto me laissait froide. Je savais lui trouver une beauté mais je n'ai que rarement accepté de monter sur son bolide. Il n'en faisait pas cas.

Il avait une passion dévorante pourtant il n'était pas de ces hommes qui ne vivaient que pour elle. Même si elle demeurait celle vers qui il se réfugiait quand il était énervé ou quand son cœur était trop lourd.

Un de ses amis avait donné un nom à la sienne. Fabien disait de lui qu'il passait la lingette avec plus de douceur sur le carénage qu'auraient fondu ses doigts sur la peau d'une femme. Mon homme n'en était pas là, elle fut une confidente, tout au plus.

Ce jour-là, j'allais à un rendez-vous. Je marchais d'un bon pas dans les rues de Lyon et fus bousculée par un homme un peu trop pressé, sortant d'une boutique. Tandis qu'il s'excusait, c'est happée par la beauté de ses iris que je tentai de garder de la contenance. Je n'arrivais pas à poser mes yeux ailleurs que dans les siens mais je pouvais percevoir son sourire, qui s'élargissait toujours plus. Si c'était possible.

— Un café ! Vous aimez le café ? Je connais un café pas loin. Ils font un bon café, récita-t-il sans parvenir à masquer son trouble.

— Ça fait quand même beaucoup de cafés, non ?

Le rire qu'il m'adressa pour toute réponse me transperça. À mon tour, je ne pus m'empêcher de pouffer. L'émoi que je déclenchais chez cet homme titillait quelque chose en moi et le fait que mon ressenti puisse être réciproque me gonflait de joie. J'en oubliai presque que l'heure tournait et que j'allais être en retard.

—J'aurais adoré boire un « bon café du café que vous connaissez », mais je dois me rendre quelque part et je...

D'instinct, je sortis mon téléphone. Les doigts sur mon écran tactile, à chercher comment inclure un nouveau contact, je vis l'homme tenter d'attraper le sien tout en prenant soin de ne pas faire tomber son casque.

— Motard... commentai-je à voix haute.

— Charmante... et perspicace.

Nous prîmes nos coordonnées, avec l'excuse de découvrir avec lui le café. Puis, nous avons échangé nos prénoms, comme pour sceller une promesse.

La rencontre la plus banale au monde. À la fois, l'univers venait de le mettre sur ma route.

Je repense souvent à ce jour-là, spécialement ces derniers temps. Il arrive que je sois en colère à ce propos. S'il n'était pas sorti comme une fusée de ce magasin, jamais je ne l'aurais rencontré, et je n'en serais pas là aujourd'hui, à le pleurer, mon cœur en mille morceaux.

Je me prépare, avec Stark dans les pattes. Difficile d'enfiler un pantalon avec un gros chien baveux collé contre ma cuisse mais j'y parviens malgré tout.

Dans l'escalier de la copropriété, je croise la gardienne. Elle tâche de rester courtoise et de masquer l'agacement qu'elle ressent envers mon chien. Bien qu'il reste au pied et qu'il ne lui accorde pas la moindre attention, elle garde en tête les difficultés qu'il a causées les premiers mois. Oui, tandis que je m'absentais, il hurlait à la mort et oui, il passait sa colère sur la porte d'entrée. Il venait de perdre toute sa vie.

Après LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant