Don't be welcome

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Un mois s'était écoulé depuis ma mésaventure dans les bois. J'étais à présent à l'aéroport avec ma mère, à attendre mon maudit cousin. J'aimerais tellement que l'on nous annonce un crash avec pour seul victime lui et ses habitudes désagréables. Ma petite soeur et mon père auraient bien voulu être là pour ce "grand" moment, mais l'une avait un examen de piano à passer et l'autre était au travail. Et moi ? Malheureusement, j'étais en congé pour une semaine parce que les chaudières centenaires de mon école avaient eu la bonne idée de rendre leur dernier souffle de vie toutes en même temps.

Je n'avais plus revu le loup depuis la dernière fois. Manon ne m'en avait pas reparlé non plus. Pourtant il restait ancré dans mes pensées. Je revoyais parfois, l'espace d'une micro-seconde, les yeux brillants de ce lupin. J'étais retournée hier dans le bois, mais dans l'après-midi. Je n'osais plus y aller le soir.

Ma mère et moi étions assise sur des chaises, devant le terminal. Le vol Séoul-Zaventem avait atterri il y a deux minutes. Le temps que mon cousin passe les contrôles et qu'il trouve sa valise, nous en avions encore pour vingt minutes minimum. Je sortis mon GSM de ma poche et me renfonçai dans mon siège. Je jetai un coup d'oeil en biais à ma mère. Elle était droite, fière, fixant un point invisible au loin. Je me mis à jouer un peu avec mon téléphone. À un moment, mon doigt passa sur l'icône du navigateur Internet. Ce dernier se mit alors en route et une page s'ouvrit. Je regardai pour la seconde fois ma mère, m'assurant qu'elle ne regardait pas ce que je faisais. Elle n'avait pas bougé d'un poil. Je pianotai alors sur le clavier.

"Réintroduction de loups en Belgique"

Je retins mon souffle en appuyant sur "rechercher". Mon déception et mon étonnement furent totaux. Aucun élément trouvé. Devenais-je folle ? Avais-je vraiment vu ce loup ? Je ne savais plus quoi en penser.

Des passagers commençaient à affluer autour de nous, traînant tous d'énormes valises. Je ne mis pas longtemps à repérer mon cousin. C'était simple, il suffisait de trouver une tête d'idiot. À ce moment-là, il y avait 99% de chance que ce soit lui. Je ne fis pas part de la présence de Théophile à ma mère. Je voulais rester le plus longtemps possible loin de lui. Maman s'était levée et le cherchait des yeux. Elle finit par le voir, et commença à faire de grands signes avec ses mains. Voilà, les deux mois d'enfer allaient pouvoir débuter. Ma mère m'empoigna par le poignet et se fraya un chemin dans la foule jusqu'à Théophile. Ce dernier nous cherchait toujours.

- Hey, l'idiot ! criai-je.

Il se retourna vivement et parut amusé en se rendant compte que c'était moi. Je l'avais toujours appelé comme ça, ce depuis que nous étions tout petits. Lui, et tout le monde d'ailleurs, n'y voyaient qu'un surnom. Moi j'y voyais une insulte et, malheureusement, une réalité. Il vint vers nous, souriant de toutes ces dents, traînant une énorme valise rouge derrière lui. Maman le serra dans ses bras tandis que Théophile la saluait. Ô désespoir, j'allais devoir y passer aussi apparemment vu que mon cousin s'approchait de moi. Il m'enlaça, je me figeai d'horreur. Je n'avais qu'une envie : le plaquer à terre. Il sentait beaucoup trop le parfum.

- Tu m'as manqué, Laure.

- Toi aussi... mentis-je.

Il me lâcha. Ma mère nous annonça que l'on allait retourner à la voiture. Elle et l'idiot partirent devant tandis que je leur emboitai le pas. Ils parlaient de "banalités après un vol". Rien de fantastique. Faute d'élément intéressant à écouter dans leur conversation, mes pensées dérivèrent à nouveau vers le loup (ou je ne savais quoi d'autre) et le mystère qui l'entourait.

Je pris place à l'arrière de la voiture à côté de mon cousin. A cause de l'étroitesse du coffre, la valise rouge occupait le siège avant. Mon siège.

Run, there's a wolf ( Vernon SEVENTEEN )Where stories live. Discover now