Chapitre Quinze

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Mes yeux viennent à peine de s'ouvrir,  et je sens déjà que quelque chose ne va pas. D'abord, j'ai un horrible mal de tête. Mon Dieu, ce que ça fait mal ! J'ai l'impression qu'on me donne des coups de marteaux. J'ai aussi des courbatures partout : dans les jambes, dans le dos, dans le cou... Une odeur familière vient alors me chatouiller les narines. Une odeur que je n'ai pas sentie depuis bien longtemps. J'écarquille les yeux, observe autour de moi. Suis-je en train d'halluciner ? Du rouge, de l'orange, ces couleurs vives me sautent aux yeux. Des lits à baldaquins dans une petite salle ronde et accueillante. Je suis allongée sur l'un d'eux. Je suis à nouveau chez moi. C'est bête, mais pendant quelques secondes je suis retourné dans le coma. Je suis à nouveau une Gryffondor. Je suis à nouveau moi.

Malheureusement, cette sensation se dissipe rapidement. Très vite, les douleurs que je ressens reprennent le dessus. Alors, au fur et à mesure, mes sens reviennent. J'entends des voix. Des voix agréablement familières. Ils sont là, près de la porte, à quelques pas de moi. Je ne m'en étais même pas aperçue. Je les observe un par un, un sourire idiot naît instantanément sur mes lèvres. Ils n'ont rien à voir avec les Serpentards. Ils ont un truc en plus, que je ne saurais déterminer. Mon Dieu, pourquoi me les avoir repris ?

Ginny : ... complètement malade, Harry ! Qu'est-ce qui t'a pris, franchement, de la droguer pour l'amener ici ?

Harry : Ginny, arrête de m'engueuler !

Dean : En tout cas, elle a le sommeil profond...

Lavande : Qu'est-ce qu'on va faire d'elle maintenant ? Je vous rappelle quand même que c'est Hermione Granger, la plus effroyable de toutes les Serpentarde.

Harry : Je ne pense pas qu'...

Neville : Tu as vraiment foiré sur ce coup, mon vieux...

Harry : MAIS ECOUTEZ-MOI A LA FIN !!

Je sursaute. Je ne m'attendais pas à tant d'entrain. Il a littéralement beuglé dans les oreilles de Neville qui l'avait interrompu et qui maintenant a fais un bond en arrière de 1 mètre.

Harry : Vous... Vous... Je n'ai pas foiré sur ce coup, OK ? Si j'ai fais ça, c'est que j'ai mes raisons ! Ça paraît dingue, je sais, mais j'ai l'impression qu'elle dit la vérité sur sa mémoire. Je l'ai vu dans son regard, il était différent, profond, jamais on ne m'avait regardé comme ça ! Comment est-ce possible, venant de la part de la personne la plus détestable de tous les temps ?!

Ginny : Harry...

Harry : Quoi encore ?

Ginny : Elle s'est réveillée.

En effet, je suis réveillée, et depuis un bout de temps. Ginny, Neville et Dean s'en sont aperçus à l'instant même où Harry a commencé à se justifier. Ils me fixent tous les trois avec une expression livide. Harry se tait soudain, comme paralysé. Il se tourne vers moi, et me fixe à son tour. Il est comme pétrifié. Il les regarde, j'ai à la fois envie de rire en voyant leurs têtes, à la fois envie de pleurer. Car je viens d'entendre le plus émouvant témoignage de reconnaissance. Même Drago n'a pas réussi à faire mieux, c'est pour dire !

Je déglutis lentement. La situation devient vraiment gênante. Je sens le rose me monter aux joues. Aller ! Que quelqu'un fasse quelque chose, et vite !

Harry, toujours bouleversé, essaie d'articuler un mot qui ne vient pas. Va-y mon coco, il n'y a pas d'énorme effort à accomplir, tu peux le faire ! Lentement je vois sa mâchoire se détendre. Miracle ! Il arrive à prononcer un mot !

Harry : ... tu... es réveillée depuis longtemps ?

Pas brillant brillant. Mais bon, je m'en contenterais.

Moi : Non, 2 minutes à peine.

Je sens les autres frissonner en entendant ma voix. Je fais si peur que ça ?

Harry : Tu n'es pas en colère ?

Moi : Euh... non, pourquoi ?

Harry : Tu es dans un dortoir des Gryffondor, sur mon lit, en notre compagnie, et je t'ai... droguée pour t'emmener ici.

Moi : Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre...

Ginny : Harry ! Tu ne vois pas qu'elle te manipule ?!

Je la regarde, ahurie. Non mais elle a un problème ou quoi ? Qu'est-ce que je lui ai fais, enfin ?

Harry : Tais-toi, Ginny ! Tu dis n'importe quoi.

Moi : En effet, Ginny. Je ne manipule personne, pour l'instant c'est vous qui m'avez enlevé !

Ginny : Ne m'appelle plus Ginny, Granger !

Je crois que je vais vomir. Depuis quand elle m'appelle Granger ? A oui, c'est vrai... Depuis que je suis devenue une Serpentarde – trois fois rien... -. A ce moment-là, je comprends qu'on vient de m'envoyer une chance inespérée. Ils sont là, devant, à écouter avec fascination le moindre de mes mots. Sans que je l'aie su vraiment, j'ai toujours rêvé d'un moment pareil ! Je vais tout leur raconter, leur prouver que c'est moi devant eux, leur amie depuis la première année, et pas ce monstre de Serpentard. Je me redresse soudain, je ne peux pas laisser passer cette chance.

Moi : Ecoutez-moi, s'il vous plaît. Je sais que c'est énorme ce que je vais vous dire. Pourtant je vous supplie de bien vouloir m'écouter, et me croire. Harry l'a compris, lui, je le sais ! Je ne suis pas cette affreuse Serpentarde que vous connaissez. Du moins, je ne le suis plus !

Ginny : Nan mais écoutez-là, franchement ! Tu es pitoyable, Granger, comme si on allait croire tes lamentations ! Tu es la meilleure comédienne que je connaisse. La plus répugnante, du moins. Aller, moi je me casse, je vais pas entrer dans son petit jeu.

Je n'en crois pas mes oreilles. Mon cœur chavire à nouveau. Pourquoi tant de haine ? Je la regarde, hallucinée. Ginny fait signe à Neville et à Dean de la suivre vers la sortie. Pendant quelques secondes, les deux garçons hésitent, tiraillés entre l'idée de m'écouter, et de suivre Ginny. Non, s'il vous plaît, ne l'écoutez pas !

Mes plaidoiries sont vaines, Dean et Neville quittent la pièce, suivis de Ginny qui me lance un regard noir. Je n'arrive pas à y croire. J'ai tout gâché en quelques secondes. C'est perdu d'avance. En une fraction de secondes, ma tête s'enfouit dans mes mains et un flot de larmes se met à couler. Je pleure, je n'arrive plus à m'arrêter. C'est désespéré, comme une idiote, je ne m'en aperçois que maintenant. J'aurais aimé ne jamais me réveiller. Toujours rester dans le coma. Mais il a fallut que Drago me passe ce maudit médaillon autour du coup...

Contrairement à ce que je pensais, la situation n'était pas complètement désespérée. Une main se pose délicatement sur mon épaule. Je sursaute. Je lève la tête et découvre Harry qui s'est assis sur le lit à côté de moi. Je crois rêver. Il n'est pas parti avec les autres ? Il me tend un mouchoir en tissu blanc. Je le regarde, puis le mouchoir, puis lui à nouveau. Une petite voix s'élève alors, fluette et mal assurée. Tiens ! C'est la mienne !

Moi : Pourquoi ?

Harry : Pourquoi quoi ?

Moi : Pourquoi n'es-tu pas parti avec les autres ?

Harry : Parce que je te crois.

En une fraction de seconde, j'ai l'impression de léviter tellement un poids vint de s'enlever de mon cœur meurtri.



Nouvelle vie, ou cauchemard... #DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant