Chapitre Seize

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Le temps semble s'arrêter autour de moi. Je ne sens plus mes jambes, mes bras... Mes yeux plongent dans le vert de ceux de Harry. Je suis à nouveau à la maison. Il me croit. C'est parfait, je ne pouvais pas rêver mieux. Il a l'air sincère, et j'ai tellement envie qu'il écoute ce que j'ai à dire... Lentement, j'essaie d'articuler en restant naturelle :

Moi : Je... je ne sais comment te remercier... C'est inouï que tu acceptes de me croire !...

Harry : En fait, je suis un peu obligé de te croire...

Moi : Comment ça ?

Harry : Oui, et bien, tu sais... Tu t'es évanoui à cause de ce que je t'ai mis dans ton verre... Je ne pensais pas que tu réagirais si mal à la potion...

Je ne comprends pas tout. Mais de quoi il me parle ? Je fronce les sourcils.

Moi : Attend. Je ne te suis pas. Qu'est-ce que tu as mis dans mon verre ?!

Harry : Du... véritaserum.

Tu peux me répéter ça ? De... de la POTION DE VERITE ?! Mais oui, bien sûr... Tout s'explique ! Voilà pourquoi il me croit, il m'a fais boire du véritaserum ! Je n'arrive pas à y croire. Et donc ça veut dire que, je suis incapable de lui mentir en ce moment. Je n'ose plus rien dire, de peur de révéler quelque chose de gênant.

Harry : Granger ? Tout va bien ?

Moi : ... Tu... Je suis encore soumise à la potion ?

Harry : Et bien, je crois que oui. J'ai peut-être un peu surchargé la dose, et je pense que c'est pour ça que tu t'es évanouie, en plus du fait que tu es fragile depuis que tu n'es plus dans le coma.

Moi : Et qu'est-ce que tu comptais faire de moi, une fois que j'aurais bu la potion ?

Harry : Ron et moi devions t'enlever et te poser des questions. C'est tout. En fait, c'est plutôt une bonne chose que tu sois tombé dans les vaps...

Moi : Ah ! Tu crois ?!

Le sarcasme de ma réplique se fait sentir. Il me regarde d'un air mauvais. Nan mais je rêve ! C'est moi, la victime dans l'histoire ! Je suis encore scotchée par la nouvelle. Il sait tellement de choses sur moi... Mais j'ai encore beaucoup de questions à lui poser.

Moi : Tu n'aurais pas pu dire à Ginny que j'ai bu la potion ? Elle aurait été obligée de me croire si elle l'avait su !

Harry : Je sais, je sais... Mais elle est tellement excessive, je n'ai pas eu le temps de lui dire.

Moi : Et maintenant, qu'est-ce que tu comptes faire de moi ?

Harry : Ron doit arriver dans quelques minutes, et on va te poser quelques questions. Je lui ai demandé de s'assurer qu'il ne se passait pas de carnage dans la Grande Salle pendant que je te portais ici.

Moi : Je n'ai pas le choix, donc. Je dois répondre à toutes les questions ?

Harry : Pourquoi, ça te pose un problème ?

Quelques secondes de réflexion pendant lesquels nous nous fixons. Et puis, soudain, c'est comme si les mots sortaient tout seuls de ma bouche.

Moi : Je ne rêve que de ça depuis que je me suis réveillé.

Ma main vient se plaquer sur ma bouche. Je n'en reviens pas. Je n'arrive plus à cacher ce que je pense, ce que je ressens. C'est vrai, je ne rêve que de ça. De pouvoir prouver tout ce que j'avance à ceux que j'aime vraiment. C'est-à-dire aux Gryffondors. Et peu importe si je dis les horreurs que je pense sur les Serpentards. Ce ne sont pas mes vrais amis et je ne peux plus m'en cacher...

***

La porte s'ouvre soudain à la volée. Je fais volte-face et découvre Ron, hors d'haleine. Il est tout rouge et ses cheveux flamboyants sont en bataille. Il croise mon regard et devient encore plus rouge – si c'est possible... Je souris légèrement. Il est exactement comme dans mes souvenirs. Sa présence me fait du bien. Il ferme la porte rapidement et se tourne vers Harry.

Ron : C'est pire que ce que tu avais imaginé, en bas. Malefoy est fou de rage, il casse tout sur son passage et crie comme un ours ! Tous les Serpentards sont partis à sa recherche, on a pas beaucoup de temps Harry... J'espère que ça en vaut la peine, parce qu'on risque notre vie en faisant ça.

Harry : T'inquiète pas, j'ai tout prévu si au pire on doit lui effacer la mémoire, mais...

Moi : Quoi ?!!

Harry : ...mais je pense qu'on en aura pas besoin.

Il me fait alors un léger clin d'œil. Je me sens rougir. J'ai hâte de commencer à répondre à leurs questions. C'est le seul moyen de m'en sortir. Ron s'approche du lit et s'assoit en face de Harry, un regard suspicieux sur moi. Mais j'ai l'habitude, maintenant ! Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que dans peu de temps, il me croira.

Harry : Bien. Granger, tu peux m'expliqué ce dont tu te souviens ?

A nouveau, je ressens un bourdonnement dans ma tête, et les mots sortent tous seuls comme une douce mélodie. J'ai le sourire. Je raconte tous mes souvenirs de ma vie à Gryffondor dans les moindres détails. Je leur explique que nous sommes les meilleurs amis du monde, que nous avons tout fais ensemble, que nous rigolons ensemble et partageons les moments difficiles. Je me tourne vers Harry.

Moi : Toutes les fois où tu t'es mis à frotter cette cicatrice qui te fait si mal, en faisant semblant que tout va bien. Et aussi lorsque Rogue te demandait tout le temps en cours de répondre à ses questions dont tu n'avais pas idée de la réponse.

J'ai tellement de choses à dire. Je ne m'arrête plus. Je décris avec précision chaque sentiment, chaque aventure qui nous lie, tout ! Ils n'en reviennent pas. Tous deux silencieux, ils m'écoutent attentivement. Je perçois que l'atmosphère devient de plus en plus légère. Ron a défroncé ses sourcils. Enfin, je fais une pose, hors d'haleine et surexcité. Raconter ma vie d'avant me fait un bien fou. Harry attend quelques secondes, puis demande :

Harry : Alors comme ça... Tu connais tout de nous ? Tu peux me dire comment s'appellent les frères et sœur de Ron ?

Moi : Bien sûr ! Il y a, par ordre décroissant, Bill, Charlie, Percy, Fred et George, toi Ron, et enfin Ginny...

Là, je crois que je les ai bluffés.

Moi : Vous n'avez pas plus difficile ?

Harry : D'accord, d'accord... On peut te croire, vu que tu sais beaucoup de choses sur nous. Mais il y a plus important. Tu dis que tu es une Gryffondor, au fond de toi. Alors, que penses-tu des Serpentards ?

Je sens mon cœur se serrer. Je ne m'attendais pas à une question si franche sur le sujet. Une fois de plus, je parle sans contrôler.

Moi : Les Serpentards ? Je les hais tous. Ce ne sont que des serpents sans cœur et imbus d'eux-mêmes. Ils sont répugnants, ignobles, ingrats. Je ne les supporte pas. Surtout cette Pansy Parkinson, tellement superficielle... Et tous les autres, là, qui ne se sentent bien que quand ils rabaissent les autres en dessous de rien. Je les hais. Ils sont tout ce que je déteste. Et il y a Malefoy qui était tellement répu...

Je sens mon souffle se couper. Je n'arrive pas à continuer ma phrase. Que se passe-t-il ? Pourquoi est-ce que je ne peut pas finir ce que je pense sur... Drago ? Mais au fait, qu'est-ce que je pense de lui ? Je le hais, je crois ? Enfin, je croyais le haïr...

En face de moi, Harry et Ron sont subjugués. Ils ont la bouche qui pend à deux mètres au dessous d'eux. La vitesse à laquelle je leur ai débité toutes ses horreurs sur mes « semblables » les a sonné, apparemment.

Nouvelle vie, ou cauchemard... #DramioneWhere stories live. Discover now