Chapitre 2

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J'ai passé la nuit avec les enfants de tata Aida. Elle ne m'a pas laissée une seconde. Le lendemain tout mon corps me faisait mal et le petit haut que j'avais porté pour dormir était collé sur la peau de mon dos car je saignais sans le savoir. J'ai encore crié de douleur quand ta Aida me l'a enlevé. Elle m'a fait chauffer de l'eau dans sa chambre et me l'a versé dans un seau pour que je puisse aller prendre une douche. Après m'être lavée, elle a mis une pommade sur mon dos et m'a donné a manger. Je me suis couchée dans sa chambre durant toute la journée.

Le soir, j'entendais tonton Omar qui se disputait avec ma mamie, lui demandant des explications sur son comportement à mon égard. Elle lui répondit que mon père avait gâché la vie de sa fille et brisé ses rêves.  Je n'y comprenais rien.

Tata Aida n'avait pas peur de ma grand mère contrairement à toutes les autres personnes dans la maison. Vivre sous son aile m'a sauvée des coups et injures pendant quelques mois. Elle m'a appris à faire la cuisine, le ménage etc. Je l'accompagnais au marché quand c'était son tour de faire la cuisine. En effet, il y'avait 5 femmes mariées dans la maison et elles  faisaient la cuisine à tour de rôle. Quand son tour venait, Tata Aida, préparait sans arrêt pendant deux jours. Elle se réveillait à 6h du matin, faisait son arraw (petites graines faites à base de farine de mil), préparait du fondé (Bouillie de graines de mil) pour le petit déjeuner, achetait du pain etc. pour ceux qui en veulent. Elle allait au marché juste après le petit déjeuner, vers 8h.

Ma grand-mère tenait à ce que le déjeuner soit prêt à midi, sinon c'était encore une pluie d'insultes et elle ne mangeait pas.  Je pense que cette femme était possédée. À son retour du marché, Tata s'attaquait à la cuisine, qu'elle rangeait, balayait etc. Elle demandait a ses filles de faire le ménage, balayer la cour, s'occuper de l'appartement de ma grand-mère et de l'enclos des montons, chèvres, sans oublier de donner à boire aux poules. Je les aidais avec plaisir. Je découvrais le puits pour la première fois de ma vie. Je faisais la course pour le ''joukki'' (puiser l'eau du puits). Cette eau était utilisée pour le ménage, laver les ustensiles, et pour donner à boire aux animaux.

Vers midi, le déjeuner était toujours prêt. Tonton Omar et les maris des autres femmes venaient aussi manger, (sauf tonton Sidy qui travaillait dans un hôtel à Saly). Tata Aida ne mangeait vraiment pas beaucoup car devait faire le thé (Ataya), que les hommes tenaient à boire avant de retourner au travail. Elle se chargeait de la préparation du diner juste après. Elle préférait le faire assez tôt afin de pouvoir se reposer et se laver avant la descente de son mari. Parfois, pour me faire plaisir, elle tenait tête à  ma grand-mère et m'amenait avec elle à  Tefess. Ce nom signifiant   ''plage'', désignait aussi un quartier populaire de la ville. J'aimais beaucoup la mer, mais voir les poissons tout frais et vivants, sortant à peine de la mer me rendait trop joyeuse. J'en oubliais tous mes soucis et courait pour aider les pêcheurs à tirer sur le filet. Tata Aida me retenait tant bien que mal. Elle marchandait avec les pêcheurs au bord de l'eau car leurs prix étaient beaucoup plus abordables. Elle avait un fournisseur régulier qui lui gardait les poissons qui l'intéressaient, chaque fois qu'elle arrivait en retard.

Une fois à la maison, elle grillait les yaboyes, et daurades au charbon de bois. Dés qu'elle terminait sa tache, elle mettait d'autres morceaux de charbon dans le fourneau, afin de remplir les 'andeu' (encensoirs). J'admirais beaucoup Tata Aida, car elle faisait toutes ces taches sans se plaindre contrairement à tata Kiné et ses cousines. Le coté positif dans ces pratiques et qu'après avoir travaillé sans arrêt pendant deux jours, chaque femme se reposait pendant 8 jours.

Un jour, je me rendais compte que Moustapha mangeait avec les hommes à midi. Ça faisait un moment que je ne le voyais plus. Il parait qu'il rentrait très tard et ne sortait presque pas de sa chambre. Tata Aida devait aller à un tour du quartier (natteu), comme toutes les femmes de la maison d'ailleurs. Elles se préparaient toutes car ce sont des événements importants pour elles. Elles y dansaient beaucoup, la femme dont le tour était venu de recevoir toutes les autres, recevait tout l'argent que ces dernières cotisaient et elle devait à son tour leur donner à boire et manger. C'était aussi l'occasion de se raconter les derniers potins du quartier etc. Comme je le disais plus haut, Moustapha était dans la maison ce jour là. C'est une des filles de Tata Kiné qui s'est chargée de faire le thé car sa maman n'avait pas le temps. Dés que les femmes sont toutes parties, ma grand mère y compris, nous étions seules dans la maison. Certaines des filles sont allées se coucher. Je restais dans la grande cour avec les autres car je ne savais pas si la vendeuse de Fataya allait venir étant donné qu'elle aussi se rendrait au tour.

Sa fille est finalement venue et j'ai entendu Moustapha m'appeler de sa chambre:

- Hey Maguette, kay fi yow (viens ici)

- Mangui nieuw (j'arrive)

- Yow meuno bayi kula wo ngay yekhamtou, imbécile bi. (Tu ne peux pas arrêter de trainer les pieds quand on t'appelle, espèce d'imbécile)  Il m'a donnée une tape sur la nuque. Je retenais mes larmes.

- Demal dieundeul ma michou mbourou ak 200 francs Fataya. (Vas m'acheter une miche de pain et 200 francs de Fataya)

- D'accord.

Il m'a remis un billet de 2500 francs et je suis partie. J'ai trouvé beaucoup de personnes, faisant une file devant le fourneau de la jeune fille. Je me suis mise derrière ce beau monde, attendant calmement mon tour. Une fille de tata Kiné est venue me retrouver et m'a pris l'argent des mains car Moustapha voulait me voir. Je me suis dit qu'il allait encore se défouler sur moi, comme il le faisait à chaque fois que mon ange gardien (tata Aida) était absente.

Je l'ai retrouvé dans sa chambre et me suis collée au mur. Il m'a demandé de fermer la porte et de m'approcher. Je l'ai fait. Je tremblais tellement que j'ai trébuché sur ses chaussures¸ qui sentaient le camembert.

- Kay beusseul ma sama tank yi (Viens me masser les pieds.)

- Mane meunuma beuss ay tank (Je ne sais pas comment masser des pieds)

- Luniou la wakh nga tekk si batteu, kay fi beuss ma, buma diouguer du bakh si yow deh  (Tu passes ton temps à répliquer, viens me masser, si je me lève tu vas le regretter)

Je me suis alors approchée de lui et me suis assise sur le bord du lit. Je commençais à toucher ses pieds du bout des doigts car je ne savais pas comment faire et je ne voulais pas non plus me faire bastonner.

- Dangama sekhlou (je te dégoute, c'est ca)

Je ne répondais pas. Il s'est brusquement levé et a pris ma main pour ses caresser les mollets et les cuisses. Il est ensuite remonté sur ses parties intimes. Je pleurais en silence. Je savais que ce qu'il faisait était mal et je me suis dégagée. J'ai couru vers la porte mais il était plus rapide que moi. Il m'a jetée sur le lit et s'est mis à m'étrangler. Je sentais une odeur acre, qui ressemblait à un mélange de sueur et de pet, accentué par celle de la fumée de cigarettes et de chanvre. (C'est après que j'ai su qu'il en prenait).

Ma cousine a frappé à la porte. Elle apportait le pain et la monnaie. Moustapha s'est levé du lit et a entrouvert la porte pour les prendre. Je me disais qu'en étant sage, et en lui massant ses pieds il me laisserait sortir, sans me frapper.



Il a déposé le pain sur une commode et s'est assis sur le lit. Je ne bougeais pas du coin où il m'avait jetée. Il a allumé une lampe, dont je me demande encore l'utilité. Elle donnait une atmosphère plus sinistre à la chambre. En se tournant vers moi, j'ai vu que ses yeux étaient littéralement en sang, très très rouges. J'étais tétanisée par la peur. J'ai commencé à pleurer. Je ne savais pas ce qu'il me voulait. Il m'a agrippée et m'a fait assoir sur ses genoux. Il sentait mauvais, je me souviens encore de sa tignasse et de ses dents jaunes. Il s'est mis à me caresser les cuisses, les fesses, le ventre et la poitrine à travers ma robe.

En sentant que les boules qui annonçaient le début des seins étaient présentes, il s'est littéralement jeté dessus. Il me pinçait les boules et ça faisait horriblement mal, me rappelant les fois où mamie Maguette les tirait aussi. Je pleurais toujours et essayais de le repousser. Il m'a dit que ce serait bientôt fini. Il m'a pris la main et l'a dirigée vers son short, qu'il avait baissé préalablement.

Étant assise sur lui, je sentais déjà quelque chose de dur sous mes fesses. Dés que ma main a touché son membre, il s'est mis à rouler des yeux et à émettre de petits cris, à gémir et à soupirer. Je ne saurais comment expliquer ces bruits. J'ai eu peur. Il a jeté la tête en arrière et m'a entrainée sur le lit. Tout s'est passé très vite. Il a enlevé son short, déchiré ma culotte et a mis son doigt dans mon vagin. J'ai crié de douleur. Je me débattais. Il m'a giflée et m'a écartée les cuisses. J'ai senti une douleur insoutenable pendant qu'il me pénétrait et je me suis évanouie.

Chronique de Maguy : le bout du tunnelWhere stories live. Discover now