Chapitre 21

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Je me disais que les carottes étaient cuites. Raïssa bégayait comme pas possible et je n'arrivais pas à sortir un seul mot de la bouche.

Mamie : C'est à vous que je parle!!! Vous étiez où?

Moi : On... Heuheumm (raclement de gorge), on était juste euhhh... pas loin.

Mamie : Ne me faites pas perdre patience. Parlez tout de suite où je ne répondrais plus de moi.

Raïssa : Nous étions avec des amis, pour regarder un match de basket.

Mamie : Match de basket? A cette heure? Tu me prends pour une folle?

Raïssa : Je te le jure mamie. C'était à l'UCAD.

Mamie: Quel UCAD? L'Université?

Moi : Oui mamie.

Mamie: Que faisiez-vous dans ce lieu de débauches? Qui vous y a invitées? Qu'est ce qu'ils vont ont fait?

Moi : Rien mamie. Nous avons juste regardé le match et sommes rentrés juste après.

Mamie : (Elle hurlait) Vous sentez des parfums d'homme à distance, vos lèvres sont toutes roses et vous avez les cheveux ébouriffés !!!! Vous pensez être assez grandes pour me tenir tête et sortir quand bon vous semble? Vous vous croyez dans une auberge ou un bordel? Vous allez vous faire tripoter sans gêne par de petits connards et osez me mentir éhontément !!! Raïssa, dis la vérité !!! Étiez-vous avec des garçons?

Raïssa : (baissant la tête) Oui mamie.

Rose et tonton Souleymane avaient accouru à cause de ses cris.

Tonton Souleymane : Qu'est ce qui se passe maman?

Mamie : Retournez vous coucher Souleymane!! Ce n'est rien.

Tonton Souleymane : Mais tu as sûrement réveillé tout le quartier avec tes cris et tu me dis qu'il ne se passe rien. Pourquoi vous êtes habillées à cette heure ci ?

Mamie : Souleymane ne m'énerve pas davantage. Vas te coucher. Je te parlerais demain.

Il s'en est allé.

Mamie : Maguy, étais tu avec un garçon?

Moi : Oui mamie.

Mamie : Bien!!! Vous devez aller à l'école demain. Je vais vous laisser dormir. Nous réglerons cette histoire demain insha'Allah. Et croyez moi, vous allez voir de quel bois je me chauffe.

Elle s'est levée du lit de Raï et mon portable a presque vibré en même temps. Punaisssseeeee!!! Comme si je n'avais pas assez de soucis!!

Mamie : Ahhh!!! Ce doit sûrement être ton prince charmant!! Non mais je rêve ou quoi? Des gamines comme vous? Donnes moi ton portable tout de suite Maguy. Raïssa où est le tien?

Raïssa : Il est dans ma poche.

Mamie : Donnes le moi. C'est fini maintenant. Je vais vous rendre la vie difficile. Vous ne verrez plus ces appareils. Vous voulez choisir le chemin de la perversion et de la prostitution, ce sera avec vos parents. Je vais les avertir à la première heure demain. Allez-vous coucher.

Je n'arrivais plus à bouger. Raïssa pleurait à chaudes larmes. Personne ne parlait. Nous étions encore sous le choc. Nous n'avions pas pu dormir, évidemment. Nous étions juste allongées dans le noir, attendant la levée du jour. Mamie nous a accompagnées à l'école, mais ne disait absolument rien. J'avais vraiment peur quand elle était si calme. Je ne voulais pas lui causer de la peine, ni entrainer Raï dans mes bêtises, je me sentais mal. Raïssa est directement allée en classe. J'ai compris qu'elle m'en voulait. Aminata nous regardait bizarrement aussi. À la récréation, Raïssa n'était pas venue me voir. Attendre la pause pour la voir était juste ridicule, mais je n'avais pas le choix. Aminata m'a rejointe pour acheter nos sandwichs. Raïssa était introuvable.
Je l'ai finalement trouvée dans sa classe, écrivant dans son journal.

Chronique de Maguy : le bout du tunnelWhere stories live. Discover now