Chapitre 12

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Mamie semblait vraiment furieuse. Je ne savais pas quoi lui dire.

Raïssa : Je viens juste de la déchirer.

Mamie : Et où sont les morceaux de papier?

Raïssa : Ils sont dans ma poche. J'avais l'intention de les jeter à la poubelle plus tard.

Mamie : Donc, tu ne comptais pas me la montrer? Qu'est ce que tu caches?

Moi : Bien sur que si mamie. Raï et moi avions prévu de t'en parler tout de suite. Tu nous a trouvées en train de discuter de la situation.

Mamie : Je veux que tu te taises Maguy. C'est à Raïssa que je parle. En fin de compte non... Tu es aussi responsable qu'elle. Qu'est ce qui t'as empêché de faire comme Aminata et de venir me voir à votre retour? Tu voulais aussi garder le secret de ta cousine?

Moi : Mamie, je ne pensais à rien de mal ni de particulier. Ce garçon m'a demandé de remettre la lettre à Raï et je voulais voir comment elle allait réagir. Elle n'a pas de secrets et ne le connaît même pas. Ce sont sûrement des garçons désœuvrés.

Mamie : Comment peut-il lui envoyer une lettre sans la connaitre ? Il se croit où? Qu'est ce qu'il a dit dans la lettre et comment s'appelle t-il?

Moi : Il dit que.....

Mamie : non, pas toi. Raïssa cette lettre t'était destinée non? Parle!!!

Raïssa : Heuheummm... Heu .. Voilà.. Il dit en gros que je suis belle et qu'il m'aime bien.

Mamie : C'est tout.

Raïssa : Mamie, c'est le résumé. Il m'y a fait des compliments et parlé de ses sentiments.

Mamie : Il te connait d'où ? Tu ne sors jamais. Tu vas juste à l'école et à la boutique.

Moi : Il l'a sûrement remarquée comme ça mamie, à l'école ou dans le quartier.

Mamie: Je vais tirer cette histoire au clair. C'est quoi son nom?

Raïssa : Je ne sais plus. Ça ne m'intéresse pas mamie.

Mamie : Et toi Maguy?

Moi : Moi non plus mamie.

Mamie : Ok. Aminata dit qu'il s'appelle Xavier et l'autre qui s'intéresse à toi Maguy, s'appelle Ousmane. Vous ne pouvez pas oublier leurs noms aussi facilement, n'est ce pas les filles? Vous êtes des menteuses maintenant ?

J'étais morte de honte. Je savais que Raï ressentait la même chose. Nous avions baissé la tête.

Mamie : Qu'est ce qui vous manque autant dans cette maison? Hein? Vous n'avez ni faim, ni soif. Je me plie en deux pour satisfaire le moindre de vos besoins et c'est comme ça que vous me remerciez ? En cherchant des petits amis? En fréquentant de petits voyous, qui ne respectent rien?

Raïssa pleurait à chaudes larmes. J'avais juste les larmes aux yeux.

Raïssa : Mamie..... Ce n'est pas ce que tu crois. Nous sommes dans la même école et il m'a parlé deux fois pour me dire qu'il habite dans le quartier et pour me dire bonjour. C'est tout. Je ne le connais pas et ce n'est jamais allé au delà. Maguy non plus, ne connaît aucun des deux. C'est la première fois qu'elle les voie.

Mamie : Tu aurais dû me le dire depuis qu'il t'a approchée. Tu sais que je ne badine pas avec ces choses. Tu me déçois vraiment. Tes parents attendent beaucoup de toi, et ils ne t'ont sûrement pas envoyée ici pour t'amuser, ou t'amouracher du premier garçon qui te sort un discours digne d'une pièce de théâtre. Tu es encore jeune et naïve. Tes cours doivent être ton seul petit ami, tu fais la 3e, le BFEM t'attend. Tu sais que tes parents font tout pour que tu sois la meilleure. Étudies, c'est tout ce que l'on te demande. Et toi Maguy, je comprends que tu sois attachée à ta cousine au point de la couvrir, mais tu dois aussi la protéger. Je vous avais demandé de tout me dire, de ne rien me cacher, c'est le seul moyen que j'ai pour vous protéger. Vous passez plus de temps dehors, je ne peux pas vous surveiller tout le temps, je vous fais confiance. Vous devez me parler de ce genre de choses et de toutes celles qui vous arrivent.

Raïssa : D'accord mamie. Pardonne-moi.

Elle pleurait toujours. Je ne comprenais pas le pourquoi de ses larmes mais je me suis dit que les paroles de mamie l'avaient surement blessée. J'avais pitié d'elle.

Mamie : Si ces garçons vous ennuient encore, même à l'école, dites le moi, je me chargerais d'aller avertir leurs parents Maguy, c'est valable pour toi aussi. Ceci est juste inadmissible. Sortez de cette chambre et venez diner.

Je n'arrivais pas à manger. Je me sentais responsable du fait que mamie était fâchée. J'aurais dû lui montrer la lettre et lui parler à mon arrivée. Je savais que Raï disait la vérité. Elle ne mentait jamais, surtout pour ces histoires de petit ami. Elle n'a d'ailleurs pas beaucoup mangé. Tonton Souleymane a tenu à s'assurer que nos devoirs étaient bien faits et nous a demandé de faire nos ablutions pour prier avec lui. Après la prière, mamie nous a demandé d'aller nous coucher.

Je voulais reparler de Xavier mais Raï avait le visage fermé. J'ai donc repris mon "meilleur ami" (journal), pour lui raconter les évènements des derniers jours.

J'ai fini par m'endormir sans trouver des réponses à mes questions. Le lendemain, nous sommes allées à l'école comme d'habitude. Mamie nous accompagnait aussi. Elle est descendue de la voiture et est entrée dans l'établissement. Je me suis mise à paniquer, car je pensais qu'elle allait nous humilier devant nos amies.
Elle n'a rien fait de tel, heureusement. Mais depuis que Raï lui a avoué que le gars étudiait dans notre école, elle n'était plus rassurée. Je n'arrivais pas à me concentrer en classe et j'avais un cours de mathématiques. Je déteste les maths en passant, et je savais que le prochain devoir allait porter sur le cours en question. Mais je m'inquiétais plus pour Raïssa. Elle avait peur que mamie en parle à ses parents.

A la récréation, je suis allée à la rencontre de Raï. J'ai trouvé Xavier à coté du mur de la classe. Le professeur n'avait pas encore libéré les élèves. Je me suis donc avancée vers lui et dés qu'il m'a vue, il s'est exclamé:

Xavier : Hey Bonjour Maguy. As-tu remis la lettre à Raïssa hier soir? Y as t-elle répondu?

Moi : Parle doucement. Je la lui ai donnée mais comme je te l'ai dit hier, ça ne l'intéresse pas. Elle l'a déchirée en petits morceaux.

Xavier : Je n'y crois pas. Elle est très gentille et aurait répondu à ma lettre si tu la lui avais remise.

Moi : Crois ce que tu veux, je m'en fous. Mais ne t'approches plus de nous.

Je voyais que les élèves de la classe de Raï se précipitaient dehors. Elle est enfin apparue à la porte. Elle nous a rejoints à coté du mur. Elle a dit bonjour à Xavier et ce dernier, crétin comme il l'était, l'a apostrophée.

Xavier : Tu n'as rien à me dire? Je t'ai envoyé une lettre très explicite hier. Qu'est ce que tu en penses?

Raïssa : Qu'est ce que je pense de quoi? De ta lettre? De tes soi-disant sentiments? Je m'en fiche. Je suis ici pour étudier et tu m'as assez créé de problèmes comme ça. Si tu n'arrêtes pas de me fatiguer, je vais le dire à ma mamie et elle en parlera à tes parents.
J'ai tiré Raï par la main, afin d'éviter qu'elle n'en rajoute. Je savais qu'elle était assez énervée depuis la veille. Nous avons mangé notre gouter et avons pris le temps de parler de la situation.

Moi : Mamie va tout oublier dans quelques jours. Tu la connais, elle fait ce genre de choses tout le temps, mais elle ne peut nous en vouloir pour quelque chose que l'on n'a même pas fait.

Raïssa : C'est ça qui me fait mal. Je n'ai rien fait de mal. Elle est fâchée pour de mauvaises raisons.

Moi : Tu aurais dû lui parler de Xavier depuis le début.

Raïssa : Et lui dire quoi? Qu'un garçon de mon école m'a dit bonjour et m'a fait savoir qu'on habitait dans le même quartier? Ça n'a même pas de sens!!!

Moi : Tu connais mamie mieux que tout le monde. Elle voit des problèmes partout.

Raïssa : Si, tu as raison. Bon j'y vais. C'est presque l'heure de la reprise. À tout à l'heure.

Moi : Ok, bye.

Chronique de Maguy : le bout du tunnelWhere stories live. Discover now