Chapitre 2 2ème partie

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Je fronce les sourcils, comment ça « la vrai raison ? »

-    Il fallait d'abord que je rende visite à tout ce petit monde que l'on n'a pas vu depuis un bon moment, fait-il gêner.

Mon père, gêné ! Je me prépare au pire, je sens que ça ne va pas être une bonne nouvelle. Il poursuit :

-    Et je devais les prévenir, même s'il ne pourrait pas y assister, de l'éminence de ton mariage...

Je reste perplexe pendant quelques secondes avant de m'esclaffer, croyant qu'il me fait marcher :

-    Je ne sais pas qui t'as parlé de Thomas, mais à aucun moment il n'a été question de mariage, s'est trop tôt enfin !

-    Qui s'est ça Thomas ?

-    Ben mon petit copain...

-    ... je ne te parlais pas de lui ma chérie.

Mon sourire s'arrête net. Qu'est-ce que c'est que cette histoire, il me fait une farce là ! Je ne sais plus quoi lui répondre. Il me sourit avec bienveillance et me propose que l'on s'asseye pour discuter un moment. Pourquoi, de quoi veut-il me parler ? Je connais ma famille et leur façon de faire certaines pratiques, comme le mariage entre personne « âme sœur » consentante ou non, ou les enterrements qui ont lieu à minuit ou encore le fait d'interdire les femmes d'accoucher dans des hôpitaux en milieu propre et stérile sous péridural, ne m'ont jamais inquiété car mon père n'est pas l'un des leurs. Alors pourquoi mon cœur se met-il à battre aussi fort dans ma poitrine ? Je refuse de bouger mais mes jambes ne m'obéissent plus. Elles me guident pourtant jusqu'à la balancelle que j'ai quitté il y a quelques minutes pour me fondre dans les bras autrefois protecteur de mon père. Mais qu'est-ce qu'il est en train de faire ?

-    Il faut que l'on parle d'une chose importante

-    Il s'emblerait en effet oui...

-    Tu dois savoir que si j'agis ainsi, s'est uniquement dans ton intérêt. Joséphine LAROCHE, a toujours su qu'une ombre noir te suivait depuis la mort de ta maman.

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. En effet, elle me l'avait évoqué une fois quand j'avais 18 ans. Je suis toujours resté sur mes gardes sans pour autant m'empêcher de vivre. Je n'ai pas laissé la peur régenter ma vie. Mais voilà qu'il revient sur cette vieille histoire.

- pour te protéger, ta grand-mère a décidé de chercher ton âme sœur. Maintenant qu'elle l'a trouvé, je suis parti prévenir la famille, puisque c'est la tradition. A deux, tu le sais que vous serez plus fort.

Je n'y crois pas, il se moque de moi. Jamais il ne me ferait ça! Pourtant, son regard me fuit, lui qui a toujours su quoi faire, qui a un sang-froid d'acier ! Merde !

- Dit moi que s'est une plaisanterie, une énorme farce!! Je préfère hurler pour me libérer.

A cet instant un mouvement attire notre attention à l'intérieur de la maison. C'est ma grand-mère, Elsa qui s'approche de moi.

- Non ma chérie, me dit-elle, ce n'est pas une plaisanterie.

Elle est très posée en s'adressant à moi, très calme, comme à son habitude, mais plus douce, surement pour mieux faire passer la pilule, me dis-je avec ironie.

-Si nous faisons ça s'est uniquement pour ton bien. Nous ne te marions pas à n'importe qui, c'est l'homme qui t'es destiné...

- Et vous préférez me l'imposer plutôt que me laisser le choix, parce que vous l'avez décidé! Putain ! S'est pas possible! On ne fait plus ça, marier les gens contre leur propre gré, s'est interdit par loi!

Je hurlai et faisais les cents pas me prenant la tête entre les mains. Je me sentais tel un lion en cage. Il fait trop chaud d'un seul coup. On m'emmenait droit à l'abattoir et je préférai sortir les griffes et me ruer sur le premier qui tentera quoi que ce soit. Quelles solutions s'offraient à moi à ce moment? Ils continuaient de me déblatérez leurs explications, mais je n'écoutais plus. Leurs voix me parvenait lointainement pendant que je cherchais une issue pour m'en sorti.

Ils restaient campés sur leur position, tellement convaincue de faire ça pour moi, ma protection, mon bonheur même! Quel tas de connerie! La terre se serait ouverte sous mes pieds pour m'engloutir que je n'aurais pas été plus abasourdi qu'à cet instant.

La fuite, est la première chose raisonnable à laquelle je pense. Mauvaise idée, ma grand-mère pourrait utiliser son pouvoir de persuasion si elle réussit ne serait-ce qu'à me frôler de ses doigts. Si je pars maintenant et que mon père se lance à ma poursuite, il aura vite fait de me rattraper et de me confier à ma grand-mère. Il manquerait plus que je me fasse conduire à l'hôtel illuminé d'un grand sourire! Ils oseraient? Jusqu'à présent, j'aurais dit impossible. Mais j'ai l'impression de ne plus le connaitre, les connaitre. Où est passé l'homme qui ma consolé de la mort de ma mère ? Où est la grand-mère qui me faisait mes biscuit au chocolat préférer quand je rentrais de l'école sans cadeau pour la fête des mères? Ils veulent me jeter dans les bras d'un inconnu.

Les larmes que je redoutais tant, commencent à perler aux coins de mes yeux. C'est le moment qu'ils choisissent pour s'interrompre. J'essaie de les regarder pardessus les larmes de rage qui coulent silencieusement sur mes joues. Ma grand-mère esquisse un sourire d'encouragement et je lis très clairement dans ses yeux qu'elle est déterminée et qu'elle agit bien. Un scandale! Mon père fixe le sol mais une lueur de remord, presque de honte, surgit pendant une fraction de seconde lorsqu'il ose enfin me regarder. Je ne vois que cette autre opportunité, le faire chanceler en le bourrant de remord, quitte à le supplier à genou. Il me laissera partir si je suis assez convaincante, ça ne devrait pas poser trop de problème car je suis vraiment désespéré. Il faut que je me retrouve un moment seul avec lui, qu'elle ne puisse pas l'influencer. Celle-ci justement s'éloigne en direction de la cuisine mais revient aussitôt avec un verre à la main.

- Bois ma chérie, cela t'aidera à te détendre en attendant minuit.

Je saisie le vers à contre cœur et bois une gorgé puis demande:

- qu'est-ce qu'il y à minuit?


Je grimace en avalant le contenu du verre. Et je comprend pourquoi. Ma grand mère à mis quelque chose dedans!

- et bien... commence mon père

- ce soir, c'est la pleine lune, continu Elsa devant la mine déconfite de mon père, à minuit nous t'unirons à lui. Peut-être voudrais-tu savoir son nom....

- je n'en ai rien à foutre de son nom!

Je fracasse littéralement mon verre contre la façade de la maison et me met à hurler!

- Pourquoi moi, qu'est-ce que je vous ai fait bordel!

Puis je pars en courant dans ma chambre où je me sens en sécurité et commence à fracasser sur le sol tout ce qui me vient sous la main. Je ne suis pas quelqu'un de violent ou colérique mais ils m'ont poussé à bout.

Après un bon quart d'heure de défoulement je m'étale sur mon lit. Je sais que le calmant va bientôt faire effet. Quand je pense que je me croyais à l'abri de toutes leurs traditions, quelle idiote ! Pire que ça, quelle conne! Je me déteste d'avoir été si naïve, si fragile, je pensais être assez forte maintenant pour affronter des situations difficiles. Pas que j'aurais à subir leur délire. Sur ces dernières pensées, je sombre de un sommeil sans rêve.

Notre infini [TERMINE]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora