Samedi 22 novembre - 23h17 (Part 2)

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« Espèce de sale pervers ! commença-t-elle à criser en voyant mon entrejambe. »

Elle arracha ses écouteurs et s'approcha de moi de manière agressive.

« Non, attendez, c'est pas ce que vous croyez ! commençais-je, à reculons. »

Je crois que je n'aurais pas pu trouver pire comme réplique.

« Qu'est-ce que tu veux qu'elle croie ? Mets-toi à sa place, crétin ! »

« Tu te branles sur mes affaires ?

- Non, non... Je... !

- Ouais, ouais, c'est pour ça que ta bite est au garde-à-vous, connard ? »

Je la sentais de plus en plus agressive, tandis que je continuais de reculer. Il fallait que je trouve quelque chose d'intelligent à dire, quelque chose qui aurait pu la calmer.

Mais rien ne me venait à l'esprit.

« Réfléchis. »

Rien.

« Réfléchis !! Réfléchis et dis quelque chose !! »

Rien de rien.

« Vite, putain ! DIS QUELQUE CHOSE !!! »

Je voyais la colère dans son regard, une colère qui semblait s'amplifier au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de moi.

Et là, j'ai compris.

J'ai compris que peu importe ce que j'allais lui dire, elle allait péter un câble.

« Désolé ! sortis-je, tout penaud, comme l'aurait sorti un môme venant de faire une grosse bêtise.

- Sale obsédé de merde ! »

Elle m'envoya un monumental coup de pied dans le bas ventre. Je me retrouvais aussitôt sur les genoux, le souffle coupé. Mes lunettes tombèrent sur le sol. Je n'y voyais plus grand-chose. J'eus l'impression que mon estomac était en train de remonter dans ma gorge et que j'allais le recracher.

Je me disais que cela me servirait de leçon et que je l'avais bien mérité. Qu'il s'agissait encore d'un coup que je devais prendre.

Je me disais que la jeune femme devait être satisfaite de m'avoir frappé et qu'elle s'en irait.

Mais il n'en a rien été.

Même à terre, elle a continué à me ruer de coups de pieds dans le ventre. Un de ses coups n'est pas passé loin de mes testicules.

J'avais du mal à garder les yeux ouverts tant ses coups me faisaient mal.

Je restai allongé sur le sol sale, à attendre que sa furie s'arrête. Je ne pouvais plus rien faire d'autre de toute façon. Il n'y avait qu'à attendre. J'imaginais cette jeune femme rentrant chez elle et s'empressant de mettre ce passage à tabac en statut sur les réseaux sociaux. Avec peut-être une photo de moi, à terre, en train de me faire lyncher, en illustration. Son statut serait commenté ou partagé des centaines de fois et je passerais pour le gros dégueulasse de la région.

Les coups ont finalement cessé. Son déchaînement avait dû durer une minute tout au plus, mais cela m'avait paru une éternité.

Sans mes lunettes, tout me paraissait flou, mais je devinai une vague silhouette qui s'éloignait de moi.

J'ai cru entendre encore quelques injures, de loin, puis les clochettes de la porte d'entrée.

J'ai compris que mon calvaire était terminé.

Tout redevint silencieux ensuite. Je restai allongé sur le sol, une joue collée au carrelage poisseux, peinant à respirer.

Même Jeffrey Bennett ne m'avait jamais fait aussi mal. J'avais vraiment mal. Je respirais comme un asthmatique.

C'était pathétique.

J'étais pathétique.

J'espérais vraiment qu'elle n'avait pas pris de photos.


Il m'avait bien fallu cinq minutes pour réussir à bouger. Difficilement.

Je me suis traîné jusqu'à mes lunettes, les ai remises sur mon nez. Par chance, elles n'avaient rien eu.

J'ai tenté de rassembler mes affaires et de me casser le plus rapidement possible. Mais j'avais si mal.

Putain !

J'ai souffert pour rejoindre mon appartement. Je marchais à moitié plié dans la rue. J'essayais de faire en sorte que ce ne soit pas trop voyant, mais c'était vraiment difficile. Je me suis promis à ce moment-là de ne jamais plus revenir dans ce lavomatic, ni dans celui qui se trouvait quatre cents mètres plus loin.

Il était temps pour moi d'investir dans un lave-linge, quitte à m'endetter sur quelques mois.

Une fois chez moi, je me suis vite lavé le visage et ma joue poisseuse et me suis enfilé trois cachetons, ou plus, je ne me rappelle plus, pour soulager ma douleur.

Je crois que je me suis écroulé par la suite, car quand je fus à nouveau conscient, j'étais allongé dans mon lit, tout habillé, et il faisait déjà nuit.

Mais j'avais toujours cette douleur dans le ventre. J'ai soulevé mon sweat. Une énorme plaque violacée s'était dessinée sur mon abdomen. Je ne pouvais pas me redresser totalement, j'avais trop mal.

Et cette douleur qui perdure encore maintenant...

Putain, qu'est-ce que j'ai mal !




Point of no returnDonde viven las historias. Descúbrelo ahora