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- Wah! Ton visage est sacrément amoché mon pauvre.

J'ouvrais mes yeux délicatement. Cette voix me semblait familière, mais à la première vue je ne connaissais pas ce garde qui examinait de près mes blessures. Pourquoi me tripotait-il le visage avec ses mains qui ne devaient même pas être propre.

Mais... attendez. Ses lèvres, ses yeux, cet air mesquin. Serais-ce..? Impossible.

- L... Louka?

Il posa un doigt devant sa bouche.

- Shhh... Bah oui qui d'autre?

- Tu es venu me libérer?

Une lueur d'espoir...

- Pff, qu'est-ce que tu crois? Je me suis tellement battu pour t'enfermer dans cet institut, hors de question de te faire sortir alors que ça ne fait que 3 jours que tu es arrivé.

Cet uniforme... Il est gardien? Pourquoi venir travailler dans un endroit si infâme? Est-il réellement responsable de mon envoie ici? C'était insensé, on est ami après tout, même si on s'est un peu perdu de vue une fois l'école terminé, prenant chacun un chemin différent.

- Qu'est-ce que tu fou ici?

- C'est évident non? Je suis là pour te surveiller de près et rire chaque fois que quelque chose de ridicule se produit contre toi.

- Il se passe des choses pas net dans cet asile, tu le sais pas vrai? Ils nous ont servi de la cervelle ce midi!

- Et alors? J'en ai rien à foutre, tant que ce n'est pas moi qui doit la manger.

Il laisse échapper un petit rire machiavélique. Quel trou du cul! Quand je repense aux conversations que nous avions plus jeune et qu'il me disait "Un jour, je t'enverrais dans le pire asile au monde." Je prenais ses paroles à la légère ne pensant pas qu'il allait vraiment oser. J'aurais dû me méfier. Que des blagues pensais-je dans le temps, bordel que j'étais naïf.

Pendant qu'il continuait de me parler, un autre prisonnier de cette petite pièce lui sauta dessus. D'un geste vif et brutal, Louka le rejeta d'un coup.

- On ne touche pas au garde!

Puis il sortit son arme de sa poche et tira sur l'homme qui l'avait empoigné par derrière. Le bruit venant de l'arme retentit d'une telle puissance que je n'ai pu faire autrement que de me boucher les oreilles. Ma vue s'est brouillée, j'ai cru que ma tête allait exploser. Louka était devenu si violent, pas qu'il ne l'avait jamais été auparavant, le nombre de fois où il m'avait parlé de toute la haine qu'il avait contre le monde entier, c'est juste que je ne pensais pas qu'il aurait vraiment été en mesure de tuer qui que ce soit, encore moins sans un peu de remord.

- Ça lui apprendra. Me dit-il.

- Mais... Mais t'es malade!

Les trois autres hommes reculent et vont se coller à un des quatre murs, je fais de même.

- Relax Logan, je ne te ferais rien. Il l'avait mérité. Tous ceux ici présent le mériterait.

Il marqua une pause, puis reprit:

- Sauf toi bien sûr. Tu n'as absolument rien foutu de mal, tu es en fait la victime, le martyrisé. Et Dieu sait que c'est drôle.

- Tu m'espionne?

- T'espionner? Dit-il avec un ton légèrement surpris. J'irais pas jusqu'à dire ça, j'emploierai plutôt le thème "surveillé".

Je restais incrédule devant tout ce qu'il me disait. Je ne l'avais pourtant jamais vu dans les parages, comment pouvait-il alors..? L'idée me frappa en pleine figure. Des caméras, il y en avait sûrement un peu partout. Ça m'écœurais. Absolument tout, la conversation, son attitude, ses actions.

- Bon allez, on dégage.

Louka allume une lampe et la lumière m'aveugle immédiatement, il se relève et m'invite à le suivre. Sauf que, je n'en ai pas envie. Rien ne m'assure que je devrais lui faire confiance. Pourtant...

- Bouge merde aussi non ils vont venir te chercher.

Gloups...

- Qui au juste?

La peur pouvait facilement s'entendre dans ma voix.

- Les infirmiers, du moins c'est comme ça qu'ils veulent qu'on les appelle, ils ont prévu te faire passer un examen médical. Et pour ton information, tu ne veux pas.

Il avait un bon point, mais encore là... Il me prit par un bras et me secoua un petit peu.

- Qu'est-ce qu'il y a? Tu n'as plus confiance en moi?

Comment pourrais-je? C'est de sa faute si je suis présentement dans ce lieu horrifique avec les mêmes vêtements qu'au début, un viol sur le cœur et une défiguration intense. Il fronça les sourcils.

- Tu m'as toujours exaspéré Logan. Grouille.

Il me traîna à l'extérieur de la salle laissant les hommes, encore effrayés, ainsi que le corps inerte derrière nous. Il se mit à courir et je fis comme lui pour ne pas le perdre de mon champ de vision. Dans quoi est-ce que je m'embarquais encore?

Louka je le connais depuis très longtemps, nous avons fréquenté les mêmes écoles. Avec lui c'était toujours fous rires par-dessus fous rires, je passais le plus clair de mon temps avec. Toujours les bons mots pour me redonner de l'énergie. Sauf que à cet instant précis, j'avais l'impression de faire confiance à un inconnu. Chaque fois qu'il me parlait de ses plans diaboliques j'éclatais de rire. Avoir été au courant de ce qu'il allait se passer, je m'en aurais peut-être éloigné. Mais personne ne peut vraiment prédire l'avenir.

Louka se stoppa d'un coup sec rendu à un croisement de couloir et me frappa du même élan dans l'estomac sans s'en rendre compte. Je perdis ma respiration.

- Tais-toi, ne fais pas de bruit.

Il observait je ne sais quoi, mais j'ai vu son expression changer. Une mine grave formait maintenant son visage,

- Merde, ils arrivent.

- Les infirmiers?

Il se retourna sur le qui-vive vers moi avec des grands yeux.

- Qui est là? Demanda une voix un peu plus loin.

- Putain, je t'avais dit de la fermer!

Des bruits de pas se rapprochaient affreusement vite de nous deux. Devions-nous courir? Je n'en savais rien et j'attendais le signal de Louka avant de faire quoi que se soit, mais il ne foutait rien. Il marmonna:

- Je suis désolé, c'est pour ton bien. Je te retrouverais dans ta cellule.

Quoi? Qu'est-ce qu'il raconte? Il posa une main sur mon bras et de l'autre il m'électrocuta avec un taser. Le choc était infernal, je me suis écrouler sur le sol. J'avais des spasmes comme si la sensation persistait. Voilà que ma vision recommença à se brouiller. Deux hommes en uniforme blanc immaculé nous on rejoint.

- Il était en train de s'enfuir, mais je l'ai maîtrisé. Leur dit Louka.

- C'est bon, laissez-nous s'occuper de lui à partir de maintenant. Ordonna un des hommes vêtu de blanc.

Louka recula doucement et les deux hommes me prirent dans leurs bras pour me déposer dans une civière à proximité. J'ai regardé pendant quelque seconde les lumières du plafond défiler avant de partir dans les vapes.

Bienvenue à l'asile MorthillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant