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Je me suis trainé de peine et de misère à l'extérieur des toilettes question que l'odeur ne m'agresse plus les narines. Je suis resté au moins une bonne heure dans le corridor le regard dans le vide à ressasser ce qui venait de se passer. J'en avais toujours autant la chair de poule. J'ai marché tel un mort vivant jusqu'à ma cellule et Louka m'y attendait allongé sur le lit. Un plateau-repas à ses côtés, il détourna les yeux de son magazine pour me saluer.

- Tu en as mis du temps dis donc.

Je ne lui ai pas vraiment porter attention, ce qui m'intéressait c'était le plateau-repas. À voir ce qu'il avait dans l'assiette, tout me laissait penser que les employés avaient le droit au grand luxe ici. C'était du poulet assaisonné d'une sauce brune accompagné d'une généreuse portion de pomme de terre pilée. La bave coulait aisément de ma bouche. Ouais, ils ont le droit au grand luxe, eux. Injustice.

- Je t'ai rapporter à manger, mais à ce que j'ai vu tu ne dois plus avoir très faim.

- À ce que t'as vu?

- Toi qui mangeait dans les toilettes.

- Tu m'as vu?

J'ai déporté mon attention sur lui pour voir s'il blaguait ou quoi que ce soit, mais il était serein.

- Évidemment.

- Et comment?

Je serra les poings, je me doutais de la réponse qu'il allait me sortir.

- Par les caméras, pardi.

- Et tu n'as rien fait? Tu n'es même pas venu les arrêter?

- Bah non.

Sa façon dont il me répond m'irrite au plus haut point. Il dit ça comme si c'était une évidence et qu'il en avait rien à faire que je me fasse martyriser par une gang de batard.

- Putain! Tu le voyais parfaitement qu'ils étaient en train de me faire bouffer des restes humains et toi, tu fous rien! Tu as été témoin de quelque chose et tu n'as même pas bouger ton cul pour me venir en aide!

À quoi il joue? À quoi il sert réellement. Un jour il m'aide et après il laisse les autres me maltraiter.

"Je suis là pour te surveiller de près et rire chaque fois que quelque chose de ridicule se produit contre toi."

Cette phrase... Il me l'a déjà dite. Pourtant, je n'y avais pas prêté attention avant de me rendre compte qu'il n'avait pas dit ça en l'air.

- Je te l'ai déjà dit quel était mon but premier. Je voulais t'envoyer dans un asile pour rire de tes malheurs et ça marche assez bien. C'est dégueu, il rit, tu as mangé... beurk juste le fait d'y penser.

Il pouffa encore plus de rire. Je m'approcha furieusement de lui et le prit par le collet.

- T'es qu'un connard Joyal!

À travers mon regard, il pouvait parfaitement lire à quel point j'étais en sacrament. Les seuls fois où j'ai employé son nom de famille c'était toujours dans des situations où j'étais vraiment en rogne contre lui. C'est pas dans mes habitudes d'appeler les gens par leur nom de famille.

- C'est quoi ton problème putain?

Louka ne bronchait pas d'un poil. Il continuait de me regarder droit dans les yeux. Il n'avait aucunement peur de moi, c'était comprenable, jamais je ne serais capable de faire comme lui; tuer quelqu'un sans motif comme il l'avait fait quand il était venu me chercher alors que j'étais enfermé dans cette pièce confinée.

- Tu veux vraiment savoir pourquoi je n'ai rien fait?

Il a arrêté de soutenir mon regard et s'est mis à fixer le plancher comme s'il avait quelque chose à se reprocher. Il ressemblait vraiment à un gamin qui vient de se faire prendre sur le fait après avoir commis une bêtise. Pour ma part, j'ai poursuivi sur ma lancé, je n'allais pas le lâcher si facilement.

- Si je n'ai rien fait c'est parce que je ne pouvais pas, et je ne pourrais probablement jamais. En réalité, plusieurs des crimes sont causés par des gardes eux-même. Et donc, si moi, je me met à aider les détenus, à intervenir, je risque de perdre la confiance de mes "collègues". Ici, dans cet établissement, il se passe tout plein de chose auquel tu ne t'attends même pas. Tu n'en croirais même pas tes yeux, si je te montrais.

Je desserra mon emprise. Un long silence s'installa entre nous deux. J'ai attendu pendant un instant afin de voir s'il allait rajouter quoi que ce soit et quand j'ai compris qu'il n'allait plus rien dire de plus je me suis lancé:

- Montre-moi.

Il me regarda incrédule.

- Quoi?

- Tu as bien compris. Montre-moi. Je veux voir ce que toi tu vois. Je veux savoir ce qui se passe de si malsain dans cet asile.

- Oublie ça tout de suite, il en est hors de question.

Il fait un geste avec sa main comme pour me rejeté avant de pivoté légèrement sur lui même afin de ne plus me faire face.

- Pourquoi?

J'ai attendu sa réponse et elle n'avait pas l'air de s'en venir bien vite. Je répéta alors de façon plus insistante tout en élevant le ton:

- Pourquoi?

- Parce que j'ai dit non.

- Mais quel raison de marde! M'exclamai-je en levant les bras au ciel, je perdais vraiment patience. T'as vraiment rien trouvé de mieux? C'est une réponse typique d'un parent qui est juste trop grincheux pour offrir un truc à son gosse.

Louka posa son pouce et son index sur son os propre du nez comme si je l'exaspérais tout en secouant doucement la tête de droite à gauche.

- T'en veux une raison? Je vais t'en donner une bonne, écoute bien ça: tu perdrais littéralement espoir en le monde tout entier.

Cette fois-ci, son regard était plongé dans le mien. Sévère et indestructible, c'est ce qu'il laissait paraître.

- Je l'ai déjà perdu quand je t'ai vu tirer sur cet innocent.

- Très drôle.

Sarcasme venant de sa part, pourtant de mon côté, je disais la vérité. Quand je l'ai vu abattre cet homme sous mes yeux, j'ai eu la frousse et je me demande ce qui pourrait bien se passer de bien pire dans cet institut mis à part ce cinglé de docteur. Je n'y crois que dalle à son histoire de gardien fauteur de trouble. Comme l'insistance n'allait rien me rapporter, j'ai décidé d'opter pour la tactique gagnante; celle qui marchait à tous les coups quand on était, à l'époque, de jeune écervelé.

- Allez Louka, je suis sûr et certain que tu brûles d'envie de me montrer les caméras.

Sur mon visage, j'avais adopté mon sourire machiavélique, le même que quand on préparait un mauvais coup lui et moi.

- Ça pourrait être marrant, tu ne crois pas, de partager tout ça avec ton bon vieux copain.

Il me tourna complètement le dos, il savait pertinemment ce que j'étais en train de faire et que dans très peu de tant il allait céder.

- On pourrait en profiter pour rire un peu ensemble des malheurs des autres, qu'est-ce que tu en penses? Je sais que tu aimes bien rire quand c'est moi qui subit les atrocités, mais tu dois te marrer toute seul dans ton coin à ces moments, alors que là, nous serons tous les deux.

- Tu ne manques pas de culot.

Il soupira fort avant de s'approcher vivement de moi et me passer des menottes autour des poignets.

Bienvenue à l'asile MorthillWhere stories live. Discover now