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J'attendais mon châtiment en étant sagement assis sur la chaise. Je sais qu'un peu plus tôt je m'avais formellement interdit d'abandonner avant d'avoir retrouvé Louka, mais maintenant que je savais où il se trouvait, je n'avais plus aucune raison de persévérer. Ce lavage de cerveau allait simplement me faire perdre la mémoire et tout allait recommencer de plus belle. J'allais tout redécouvrir d'une façon ou d'une autre. Et j'allais encore avoir le droit à un autre lavage de cerveau. Oui, j'étais pris dans un putain de cercle vicieux sans fin.

Si je pouvais garder un seul souvenir, ce serait sûrement une note à moi-même me disant de ne pas vouloir en savoir d'avantage, comme ça ils pourront me laisser en paix. Je continuais de regarder les deux silhouettes de l'autre côté de la vitrine teintée. Elles n'avaient pas l'air très actives, elles bougeaient à peine. Qu'est-ce qu'ils attendaient?

La porte s'ouvrit et un homme plus grand et plus costaud que Louka, dans un habit veston cravate, se mis à s'approcher de moi suivis de Louka qui a revêtu son corps d'une vulgaire chemise.

- Qu'est-ce qui ne va pas? Demanda l'inconnu une fois arrivé à mes pieds.

Je l'ai dévisagé pour ensuite lancer un petit coup d'oeil à Louka qui se tenait derrière lui qui arborait un simple visage neutre. Pendant quelque seconde j'étais perdu à savoir si c'était à moi qu'il s'adressait ou non. Je ne me suis pas risqué à lui répondre. De toute façon, qu'est-ce que je pourrais lui dire?

- Perte de temps... Finit-il par lâcher en voyant que je restais muet.

- Puisque je vous dit qu'on devrait d'abord le faire voir par un médecin.

- On lui efface la mémoire, on le refout en quarantaine et après il pourra voir un médecin. Ils n'ont certainement pas fini de faire leurs testes sur lui.

- En quarantaine? Murmurai-je. Pourquoi?

Il m'avait probablement entendu car il me donna une réponse:

- Le docteur Yamada stipule dans son rapport qu'il a trouvé une molécule encore jamais découverte à l'intérieur de ton corps. Et tant que nous ne saurons pas si c'est mortel, tu resteras en quarantaine.

- Comment pouvez-vous lui faire confiance. Ce n'est rien de plus qu'un cinglé.

L'homme ne se priva pas de m'empoigner le collet de ma tenue et de me faire un regard menaçant.

- Tu as du culot pour insulter mon père.

Le docteur Yamada a une famille? Quelle idiote a accepté de lui faire l'amour. Il n'est rien de plus qu'une pourriture à mes yeux. J'ai de la difficulté à croire qu'il est son fils. L'homme leva un poing. Allait-il oser m'en mettre une en pleine gueule? Il avait beau paraître fort, j'étais habitué de me faire massacrer.

- Wilson...

- Qu'est-ce que tu me veux toi?

Il a détourné la tête pour regarder Louka et il a aussitôt écarquillé les yeux. Louka pointait son flingue dans sa direction.

- Ne t'approche pas de lui.

- Qu'est-ce que tu fous idiot, range ton pistolet immédiatement.

- Lâche-le!

- Ce n'est pas à toi de me donner des ordres, je suis ton supérieur!

- RECULE!

L'homme qui prétendait s'appeler Wilson enleva sa sale patte de sur ma tenue.

- Si tu fais le con, tu peux être sûr que je vais écrire un rapport à ton sujet.

- Comme si ça me faisait peur. Maugréa Louka.

Un coup de feu retentit dans la pièce, Louka venait de tirer sur l'homme. Wilson tomba à genoux face à la douleur et il se tenu les côtes. Des traces de sang se sont mises à imprégner son veston. Il a relevé la tête pour dévisager son agresseur qui se tenait maintenant à quelque pas de lui. Wilson ne disait rien, la douleur était surement trop forte pour qu'il puisse quoi que ce soit. Louka pointa ensuite son flingue dans ma direction, il tira deux coups. Un sur chacune des serrures qui retenaient mes poignets.

- Emmène-toi. M'ordonna-t-il.

Je ne me fis pas prié et je l'ai suivi. Nous sommes retournés dans l'autre pièce et avant de s'aventurer dans le couloir, j'ai jeté un dernier coup d'oeil à l'homme que nous étions en train de laisser en plan avec sa blessure. J'avais envie de l'aider, mais ça serait complètement stupide de ma part sachant que tout de suite après il ne se gênerait certainement pas pour me renvoyer en quarantaine. Oui, il pouvait bien manger de la merde.

- Écoute-moi bien, on ne doit dans aucun cas se faire repérer. On est maintenant en cavale toute les deux. Ça ne sera pas long avant que Wilson ne déclenche l'alarme de fugitif et que les gardes ne soient à nos trousses. Et cette fois-ci je ne pourrais pas faire semblant d'être de leur côté.

- Que veux-tu qu'on fasse?

- On va essayé de s'évader.

- Te fou pas de moi, il est clair qu'il est impossible pour nous de partir d'ici. On est à Morthill je te signale. Il n'y a aucune issue.

- C'est bien parce que personne n'a réussi à les trouver, ils sont tous morts avant, mais nous, on y arrivera.

Bienvenue à l'asile MorthillWhere stories live. Discover now