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La panique me gagna. Que me voulait-il encore? Il avait les deux mains cachés derrière le dos et continuait d'avancer, tout pour me laisser croire que le pire s'en venait.

- Est-ce que ton corps te fait mal? Il est fort probable que oui.

Toujours cloué au lit, le seul mouvement que je pouvais me permettre était de refermé les doigts pour former un poing avec ma main, il l'a tout de suite remarqué.

- Oh! Tu recommences déjà à retrouvé l'usage de tes membres. C'est... Un petit moment d'hésitation de sa part. C'est très bien. Tu dois démesurément souffrir, je devrais te donner tout de suite l'autre dose du produit.

Le vieillard, qui se prend pour un médecin, laissa maintenant voir qu'il tenait dans une de ses mains une seringue, il s'approcha.

- Ne t'inquiète pas, c'est la même chose qu'hier. Tu ne sentiras plus ton corps brûler, par contre, tu vas reperdre les fonctions de tes membres pour un certain temps encore.

Au moment où il allait me rentrer l'aiguille dans le cou, un garde arriva.

- Docteur Yamada, vous n'êtes pas autorisé à être dans ce secteur. Seul les détenus et les gardes ont le droit de circuler de ce côté. Vous savez que ça peut être dangereux pour vous.

Même si je ne pouvais pas voir le nouvel arrivé, je me doutais que c'était Louka. Sacré timing quand même.

- Oui, je le sais, je suis seulement venu redonner la médication à ce patient.

Louka l'interrompit:

- Ce patient n'a pas besoin de médication, pas pour le moment du moins. S'il vous plait, retourner dans votre bâtiment vous occupez des gens qui en ont vraiment de besoin.

Le docteur Yamada recula de deux pas. Levant ses mains dans les airs, il accepta de partir. Il en a de l'autorité ce Louka, c'est assez étonnant. Je dois avouer ne jamais l'avoir vu se faire piler sur les pieds dans notre jeunesse. Mon "ami" attendit que le docteur parte pour de bon et qu'il ne l'ait plus dans son champ de vision pour refermer la porte de la cellule derrière lui.

- Il ne te lâchera plus d'une semelle ce cinglé. Dit-il avec un air sérieux, comme si c'était grave. S'il revient ne te laisse pas faire.

- Il... il m'a poignardé. Marmonnai-je du mieux que je pu.

J'avais enfin repris l'usage de mes lèvres, je pouvais recommencer à parler, même si ça me faisait un mal de chien.

- De quoi... de quoi tu parles Logan?

Louka s'est précipité à mon lit avec une expression qui démontrait de l'incompréhension. J'ai réuni toute ma force dans mon bras droit pour lui indiqué mon ventre. Il souleva mon chandail et je n'avais absolument rien. Aucune cicatrice, marque, taillade. Rien. Mon ventre était ce qu'il avait de plus normal. Pas une seule trace de sang, pas de bandage. J'en revenais pas, je l'avais pourtant vu de mes propres yeux me rentrer ce foutu couteau encore et encore dans l'estomac.

- Ton ventre? Il a l'air bien ordinaire.

- Mais... mais je l'ai vu. Il me poignardait avec un lame tranchante.

Bravo champion. Maintenant, il va, lui aussi, te prendre pour un fou.

- Mouin, bon. C'est peut-être seulement des hallucinations provoquées par le produit du Dr. Yamada. Me dit-il. À ce que j'ai lu, c'est un des nombreux effets secondaires qu'il peut causer. Ça arrive fréquemment.

De simple hallucination? Pourtant, j'étais convaincu que c'était belle et bien réelle. Le fait de penser que tout ça n'était que le fruit de mon imagination me rassurait grandement, même si sur le coup j'avais vraiment eu la chienne de ma vie. Après une bonne dizaine de minutes à discuter, je me suis enfin décidé de me relever. Ce n'était pas vrai que j'allais passer le restant de ma vie couché sur un lit pas du tout confortable. Mon estomac se fit entendre. À bien y penser, je n'avais pas manger depuis un bon moment déjà, mais l'idée de me retrouver encore devant une assiette remplie de cervelle ne m'enchantait pas. Louka me proposa d'aller me chercher à manger dans la section réservée aux gardes. Il paraitrait que ce qu'il donne là-bas est nettement plus comestible que ce à quoi nous avons le droit. Je ne pu refuser.

- Sors de ta cellule pendant ce temps-là, va faire un tour dehors, va prendre l'air. Ça pue tellement le renfermé ici. Dit-il en se bouchant le nez pour rigoler.

***

Une fois dehors, je fus vite aveuglé par toute la luminosité offerte par le soleil. C'est fou à quel point il fait sombre en dedans. La journée était radieuse, pas un seul nuage dans le ciel et il ne faisait pas assez chaud pour en crever. L'espace auquel nous avions le droit était vaste. Clôturer de chaque côté pour éviter les évasions, c'était assez banal comme cours extérieur. Quelque tables à pique-nique étaient disposées ici et là pour qu'on puisse s'assoir. Certains jouaient aux cartes, d'autre fumaient leurs cigarettes, il y en avait même qui couraient le long de la clôture.

Pour ma part, je n'avais aucune envie de me mêler à une bande de débile. Je suis donc partie dans mon coin m'assir sur le gazon pour aisément profiter du soleil. Cependant, j'ai vu des ombres s'approcher de moi par derrière. Sur le coup, je ne réagis pas me disant qu'ils allaient passer leur chemin. Au contraire, ils se stoppèrent net dans mon dos.

- Morveux.

Putain, il fallait que ce soit eux. Je les avais complètement oublié.

Bienvenue à l'asile MorthillWhere stories live. Discover now