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Mille et un éclats de verre jonchaient le sol. Certain d'entre eux étaient rentrés dans mes mains, les faisant ainsi saigner. Me redressant du mieux que j'ai pu sans trop m'appuyer sur mes mains, j'ai vu que les "scientifiques" s'avaient arrêté pour me dévisager du regard, tous stupéfait. Une alarme horrible retentit et une lumière rouge se mit à flasher dans la pièce.

Des yeux, je cherchais la sortie ou le potentiel chemin qui pourrait me guider hors de la pièce. Rien en vue, je me suis mis à courir dans une direction au hasard prenant soin de rester assez loin de toute ses personnes en blouse blanche. Bizarrement, j'ai remarqué qu'aucun d'eux n'essayaient de se mettre en travers de mon chemin. Je crois même en avoir vu reculer pour s'éloigner de ma personne. J'ai tout de suite compris pourquoi lorsqu'un message pré-enregistré a commencé à être diffusé:

"Avertissement, un individu étant en quarantaine vient de s'échapper des laboratoires. Si vous voyez tout individu suspecté de fuite, ne vous en approchez sous aucun prétexte."

Le message jouait encore et encore, c'était agressant. Je m'épuisais à gaspiller mon énergie à courir inutilement, mais mon objectif de retrouver Louka le plus vite possible m'obligeait à me dépasser. Quand je m'apprêtais à tourné à une intersection, j'ai du me résigner à faire demi-tour. Deux hommes en combinaisons anti radiation se dirigeaient dans ma direction au pas de course. Je suis pas encore assez timbré pour penser qu'ils sont là pour m'aider. Il est évident qu'ils veulent me rattraper. Décidément, cet asile me fait faire beaucoup de sport. Il me semble que je suis toujours en train de courir pour ma propre survie. J'empruntais n'importe quel chemin et lançait tous ce qui pouvait les ralentir sur le sol.

Quand j'ai vu qu'ils n'étaient plus derrière moi, je me suis précipité dans une salle au hasard. J'étais totalement perdu, je n'avais aucun repère et aucune idée d'où est-ce que j'étais. J'ai attendu un bon quinze minutes avant de ressortir de la pièce inutilisée et continuer de prendre des chemins ici et là. À chacune des portes je testais les poignées pour voir si elles étaient verrouillées, regardait à travers chaque fenêtre. Une porte était légèrement entrouverte, je suis entré discrètement dans le bureau, il n'y avait personne. À part plusieurs papiers, un téléphone, un clavier, une lampe et une autre porte, il n'y avait rien d'intéressant. C'est alors que je l'ai aperçu.

Il était là, de l'autre côté de la vitre. Assis sur une chaise qui ressemblait étrangement à celle qu'on utilise pour électrocuter les criminels. Sans t-shirt, on pouvait parfaitement voir qu'ils avaient reçu des coups de fouet sur son corps. Les blessures étaient encore rouges vifs, récentes peut-être. Il était amoché, on l'avait fait souffrir. Mon coeur s'est serré. Ça me faisait mal seulement que de le voir dans cet état. Comment faisait-il pour rire de moi quand je me faisais tabasser? Moi j'en était tout simplement incapable. Rire du malheur des autres, c'était pas fait pour moi.

Il a relevé la tête et nos regards se sont croisés. Un léger sourire pour me rassurer puis il a rebaissé la tête. Quelque chose clochait avec lui. Où était toute son énergie, sa détermination, son assurance? Avait-il décidé d'abandonner? Il ne peut pas faire ça. Pas après tout ce qu'il a fait. Il a du travailler dur pour m'envoyer dans cet endroit paumé, pour devenir un garde, gagner la confiance des autres. Il ne peut pas avoir décidé d'abandonner. Ce n'est pas dans ses manières. Si même moi j'ai réussi à repousser l'idée alors lui aussi devrait avoir la force pour continuer.

Je me suis précipité sur la porte qui nous séparait, mais elle était verrouillée. J'ai alors commencé à revirer tout le bureau à l'envers afin de trouver la clé qui pourrait m'aider à la débarrer. Une fois après avoir dégoter ce que je voulais, je me suis jeté à la porte et suis aller rejoindre Louka à sa chaise.

- Qu'est-ce que tu fous là. C'est dangereux.

Il avait la voix pâteuse. J'ai commencé à essayer de le détacher.

- Toi, qu'est-ce que tu fous là? Ça fait combien de temps que t'es comme ça?

- Va-t-en.

- Tu rêves en couleur si tu crois que je vais te laisser attaché à cet chaise.

Je l'ai aidé à se libéré. Il s'est levé avec un certain sourire avant de me prendre dans ses bras. Je ne comprenais pas ce qu'il lui prenait quand soudain, il m'a poussé sur la chaise et m'a attaché les deux poignets.

- Qu'est-ce que tu fabriques?

- À ton avis?

D'un seul coup, il avait retrouvé sa forme... il jouait de la putain de comédie. Il m'a berné.

- Tu vas me tuer c'est ça? En m'électrocutant?

Il me regarda avec un air indifférent avant de me lancer:

- Ce n'est pas une chaise électrique. C'est pour effacer une partie de ta mémoire question que tu ne te souviennes plus de ce que tu as vu. C'est la seule façon de me faire pardonner auprès du grand patron.

- C'était un piège alors...

- Si je n'étais pas obligé, je ne le ferais pas. Mais je n'ai pas d'autre choix.

- T'es de leur côté! Tu es aussi pire qu'eux! Je le savais. Tu manigances des plans avec eux pour nous faire souffrir le plus possible.

Il ma frappé en plein visage. Ma joue chauffait, mais j'ai soutenu son regard. Hors de question que je me laisse intimider par une pourriture tel que lui encore plus longtemps. Encore une fois, il s'était foutu de ma gueule. Encore une fois, j'avais cru retrouver mon ami, mais ce n'était que des illusions à chaque fois. Je sens que j'aurais pu en ce moment même me battre avec lui si je n'étais pas collé à cette chaise de merde. C'est lui qui à détourné le regard en premier, sans rien dire de plus. Il est reparti vers la porte d'où je suis entré. Je ne voyais pas très bien au travers, elle était teintée après tout. Mais je pouvais quand même distinguer deux silhouettes, il n'était pas seul. Il avait un complice.

À quoi bon me donner un lavage de cerveau? À quoi bon essayer de me faire oublier tout ce que je sais. Tant qu'à me faire oublier mes souvenirs, ça serait pas mieux pour eux de tout simplement me tuer? Ils ont assez de marionnettes alors pourquoi vouloir en garder une de plus?

Bienvenue à l'asile MorthillWhere stories live. Discover now