CHAPITRE 15 :

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CHAPITRE 15 :

-Non papa, je t'assure que non.

-Que ressens-tu pour tes frères ? me demanda-t-il alors. Vu que tu ne veux pas admettre que l'amour entre deux personnes mariées et vivants ensemble existe, tu vas peut-être l'admettre pour tes frères.

-Voilà mon problème ! Comment peux-tu utiliser le même mot pour ton époux ou ton épouse que pour tes enfants ! C'est ça mon problème papa. Je ne dis pas que je ne ressens rien pour vous. Je ressens différentes choses pour vous. Je peux vous dire que je vous aime, mais ce mot n'a aucune valeur à mes yeux. Il n'est pas, ou tout du moins, plus assez fort pour exprimer ce que je ressens à votre égard.

- Décris-moi les sentiments que tu ressens pour tes frères.

-Ils sont différents, avouais-je.

-Dis les moi, Alison.

-Je ne sais pas, ce n'est pas facile à déchiffrer.

-Concentre-toi ! Essaye de trouver. Joue avec les mots comme tu aimes le faire habituellement. Quand tu vois Connor que ressens-tu ? m'aida-t-il.

-De la tendresse, de l'attachement.

-Sois plus précise Alison.

-Quand je vois Connor, j'ai l'irrésistible envie de me blottir dans ses bras, de respirer son odeur, de parler avec lui, de jouer avec lui, de me battre avec lui, de vivre avec lui. J'ai l'envie de le remercier, le remercier parce que même lorsque je n'étais que l'ombre de moi-même, il a su m'aider. Le remercier d'être resté là. Le remercier d'être lui. Le remercier de m' « aimer » telle que je suis, fis-je en mimant des apostrophes pour le mot aimer.

-Retranscris ses mots.

-Je ressens de la tendresse, de l'attachement, de la reconnaissance, de la dépendance, de l'affection, de la fascination, de la gratitude, de l'enthousiasme, et...

-Et quoi ? Un sentiment plus fort que les autres... Un sentiment que tu ne sais pas définir ? Ce sentiment Alison c'est de l'amour, tenta de me faire comprendre mon père.

-Non papa ! Ce n'est pas de l'amour. C'est bien plus que ça, quelque chose qui est indescriptible, puisque l'homme n'a pas su mettre de mot dessus. Il est d'ailleurs impossible d'en mettre c'est pourquoi ils ont inventé un mot, minime, dénué de sens, et dont la signification ne correspond même pas à un millième de la réalité. Les hommes ont inventé ce mot, car ils sont trop faibles, trop entêtés à essayer de tout nommer, de tout expliquer, de tout inventer. Car ils ont peur, peur de l'inconnu !

-Et toi tu as peur d'être blessée, Alison... me fit remarquer mon père.

J'hochais négativement la tête, sachant désespérément que l'homme n'obtient jamais ce qu'il veut et que quoi qu'il fasse, il finira blessé.

-Mais Alison, tu es libre de ressentir ce que tu veux, libre de faire ce que tu veux et de décider.

-Non papa ! Non je ne peux pas. « Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaines, c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. » Mandela, citais-je en me relevant et posant mon doigt sur la citation que j'avais écrite parmi tant d'autres sur mon mur. Je ne suis pas libre, papa. Personne ne l'est. Et je le suis encore moins avec cette étude.

-Que ressens-tu pour James ? me demanda mon père comme s'il méditait mes paroles.

Je secouais la tête négativement, pas prête du tout à répondre.

-Tu sais ce que pensait James de l'amour ? m'interrogea mon père, remuant le couteau dans la plaie.

Je le savais très bien, plus que bien même.

War is love (Terminé)Where stories live. Discover now