Even when it hurts

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Comme tous les ans, en cette fin d'année mouvementée, je me rappelle, je suis à nouveau transportée dans ce tourbillon de souvenirs, ce tourbillon de douleur.

Plongée sous ma couette, je tente de me remémorer nos souvenirs, nos petits moments à deux, les seuls instants que j'ai de toi. Comment oublier ton sourire quand tu me voyais, comment ne pas se souvenir de ta voix, et de ta transformation à cause de la maladie... Je tente de ne pas pleurer, de ne pas laisser mes larmes succomber, je tente d'oublier cette douleur, cette instable blessure qui s'ouvre à nouveau à chaque Noël, à chaque bougie que l'on rajoute sur le gâteau de ton départ, à chaque bougie imaginaire que j'ajoute sur ton gâteau d'anniversaire inexistant.

Comment oublier ton absence, ton départ si prématuré du soir de Noël. Comment oublier que tu étais seul, seul à la maison de retraire et que ton dernier souffle a eu lieu sans que tu aies ta famille autour de toi. Comment pourrais-je un jour leur pardonner ? Leur pardonner d'avoir été égoïstes et de ne pas avoir voulu passer ce Noël avec toi... Comment pourrais-je un jour me pardonner cette insouciance, cette ignorance due à mon jeune âge ?

Je ne te connaissais certes peut-être pas, pas autant qu'eux, mais j'aurais aimé être là avec toi, être là pour que tu ne sois pas tout seul alors que la vie te quittait. J'aurais voulu te tenir la main jusqu'à la fin, que même si tu ne te souvenais pas de moi, que tu ne sois pas seul, pas seul face au précipice de la mort.

Je regrette tellement, je regrette cette absence de compréhension, cette absence de réaction face à ton absence. J'aurais dû comprendre face à l'atmosphère tendue de ce soir-là, face à ce mutisme commun duquel ils nous avaient exclus, que quelque chose clochait, que la vie s'en était allée.

Chaque an, chaque nouveau Noël, chaque nouvelle décoration de sapin, chaque boule accrochée, chaque guirlande éclairée, chaque petit gâteau cuisiné, chaque dinde farcie, chaque cadeau, chaque fois que nous nous installons autour d'une table avec la famille divisée, pour fêter la naissance d'un bébé (imaginaire), moi je ne pense qu'à ton départ, je ne pense qu'à ce lien particulier que je peux tisser avec toi ce soir-là.

Ta maison reste toujours vide de ta présence, les sourires ne sont plus que factices, mon cœur ressent cette absence, ressent cette douleur âcre qui me fait grimacer.

Cela fait douze ans, douze longues années que je reste aussi perdue. Douze ans que tu m'as abandonnée, sans que je puisse te dire en revoir, sans que je puisse te dire à quel point je tenais à toi. Douze ans que tu t'en es allé vers un monde loin de nous. La magie a disparu depuis ce jour, la magie m'a abandonnée quittant mon cœur pour le reste de ma vie.

J'ai toujours été émerveillée par Noël, toujours été attachée à cette fête, comme toute enfant à vrai dire. Pourtant je me différencie d'eux par cette petite étoile au-dessus de ma tête, par cette petite étoile que j'aspire à voir tous les vingt-quatre au soir, que je souhaite ne jamais voir disparaitre.

J'aurais pu détester Noël à partir de ce 24 décembre 2004, j'aurais pu ne plus vouloir le fêter, j'aurais pu cracher sur cette fête jusqu'à la fin de ma vie. J'aurais pu faire comme eux. Mais j'en suis incapable. Je ne peux me résoudre à détester Noël car cela serait comme te détester, comme t'oublier et ne pas vouloir affronter la vérité. Alors, contrairement à cette idée reçue, je vis Noël, je rêve de Noël, je tiens à Noël, car cela me rattache à toi, me rapproche de toi au maximum.

Je t'ai associée au Père Noël à cet homme qui apporte de la joie dans le cœur des enfants. Et même si je ne suis plus en l'âge d'y croire, j'aime croire en toi. J'aime te savoir encore là à mes côtés.

War is love (Terminé)Where stories live. Discover now