Jour 4 : Camille

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J'examinai mon orteil douloureux. Quel con ! J'avais voulu arrêter un ballon et je m'étais cogné le pied contre le poteau du but. Matthieu m'appela :

- Bon tu viens la chochotte ?

- T'es con ! J'ai mal putain !

Il s'approcha de moi pour examiner mon doigt de pied. Anna et Emmy ne tardèrent pas à nous rejoindre, intriguées. Cette dernière se pencha pour voir de plus près. Après quelques secondes d'observation, elle annonça :

- Je pense qu'il est cassé.

Je fronçai les sourcils :

- Tu fais médecine maintenant ?

- Mais non ! Cet hiver, j'ai couru pour attraper mon téléphone qui sonnait et je me suis cogné l'orteil contre le pied de mon lit. Il a gonflé et est devenu bleu comme le tien.

Matthieu applaudit. Emmy lui donna une tape sur l'épaule. Anna me dit :

- On va t'emmener à l'accueil, il y a une infirmière là-bas. Tu peux marcher ?

Je hochai la tête. Elle m'aida à me lever. Je grimaçai. Matthieu qui avait arrêté de se chamailler, passa mon bras sous mes aisselles pour me soutenir. Nous avancions lentement. J'étais tantôt sur un pied, tantôt sur le talon, testant la position la moins douloureuse pour marcher. L'accueil n'était qu'à une centaine de mètres mais il nous fallut dix minutes pour l'atteindre. Lorsque nous pénétrâmes dans le bâtiment, la jeune femme derrière le comptoir se précipita pour nous accompagner à l'infirmerie. Elle nous dit :

- L'infirmière est en pause elle devrait revenir dans une dizaine de minutes, vous pouvez attendre ?

J'acquiesçai. Elle sortit de la pièce. Matthieu m'aida à m'assoir sur un lit et se laissa tomber à bout de souffle sur une chaise. Anna et Emmy s'installèrent sur le canapé. La salle était plutôt grande et bien équipée. Je me calais contre le mur. Je soupirai :

- Putain si j'ai des béquilles les gars...

Emmy marmonna :

- T'es vraiment gauche ! Je me demande ce que ça donne au lit.

Anna répondit :

- Ça passe.

La brune se tourna vers son amie, médusée :

- Vous avez couché ensemble ?!

- Ça date pas de cette année. Et puis t'as rien à dire de ton côté hein !

Je souris. Elles étaient incroyables toutes les deux ! Elles semblaient être les meilleures amies du monde mais ignoraient beaucoup de choses l'une de l'autre. Je dis :

- « Ça passe » ce n'est pas ce que tu m'as dit lorsque je t'ai...

Elle me coupa :

- Oh Camille c'est bon là ! T'es pas obligé de déballer notre vie sexuelle devant tout le monde !

Emmy s'exclama :

- Mais moi ça m'intéresse ce qu'il raconte !

Cette remarque lui valut un regard noir d'Anna. Cette fille avait le don d'en rajouter lorsque ça devenait critique. Matthieu qui n'avait pas encore parlé, coupa court à notre discussion :

- Vous pensez qu'il y a des capotes ici ?

Il comprit à notre expression que nous avions mal interpréter sa question. Il s'agaça :

- Mais vous avez vraiment un esprit tordu ! J'ai plus de capotes et j'ai la flemme d'aller en acheter c'est tout. Je voulais pas faire une partouze !

Un silence gêné s'installa. C'est ce moment que choisit l'infirmière pour faire irruption dans la pièce. Elle jeta un coup d'œil rapide à mes amis avant de s'avancer vers moi. Elle me demanda :

- Qui ? Quoi ? Quand ? Comment ?

Je fronçai les sourcils. Quelle méthode de travail ! Je pris mon temps pour répondre :

- Tout d'abord, bonjour. Je m'appelle Camille Rocher et je vis à Paris dans le 7ème arrondissement. Je suis né le 27 mai 1999, j'ai donc 17 ans, un mois et treize jours.

J'entendis Emmy glousser. L'infirmière me regardait, indignée. Je repris :

- Je me suis blesser au deuxième orteil du pied gauche en me cognat contre un but de foot, pendant que vous preniez votre pause.

Elle sortit un carnet et griffonna quelque chose. Elle se pencha pour examiner mon pied. Elle le palpa avant d'annoncer :

- Il est tordu. Tu devras porter une attèle pendant deux jours. Pas de sport jusqu'à samedi. Pas de course et pas de mer.

Elle insista sur le dernier mot. Elle ouvrit ensuite un placard et y prit une boite. Elle l'ouvrit et en sortit une attèle qu'elle fixa à mon pied. Une fois mon orteil immobilisé, je me levai. Ça faisait mal mais c'était supportable. Je boitillai jusqu'à la porte. Mes amis se levèrent à leur tour. Nous saluâmes l'infirmière avant de quitter la salle. Une fois dehors, Anna demanda :

- Bon on fait quoi maintenant ?

- Plage ? demanda Matthieu

- Ben Camille ne peut pas.

- Vous inquiétez pas je vous regarderai vous éclater sans moi.

Ils se tournèrent vers moi piteux. Je leur souris :

- Faites pas cette tête ! Je resterai bronzer sur ma serviette mais seulement si Anna me met de la crème solaire.

Elle m'offrit un joli doigt d'honneur. Je ris. Matthieu décida :

- Près du cabanon dans vingt minutes ça vous va ?

Nous hochâmes la tête. Il fit signe à Emmy et il tourna les talons. Cette dernière le rattrapa et glissa ses doigts dans les siens. Anna me dit :

- Je pense qu'on ne va pas les revoir avant une bonne heure.

Je ne répondis pas. Un inconnu, en les regardant s'éloigner, aurait pu penser qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Mais je les connaissais. Leur relation n'était pas saine. Je leur jetai un dernier regard. Matthieu avait lâché sa main pour la poser à la naissance de ses fesses. Vraiment pas saine.


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