Pour la troisième année consécutive, Emmy, Anna, Matthieu et Camille se retrouvent pour les vacances. Trois semaines au bord de la mer, à frimer, à rire, à rêvasser, c'est le bonheur, ils en sont tous les quatre convaincus. Mais les adolescents n'au...
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Je fronçai les sourcils. Mais qu'est-ce qui lui prenais ? Je me retournai vers le portillon blanc. De l'autre côté du grillage, sur un transat, Emmy et Ethan étaient collés l'un à l'autre et s'embrassaient à pleine bouche.
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La courbe de ses hanches. L'odeur de ses cheveux. L'intensité de son regard. La couleur de sa peau. La finesse de ses jambes. La texture de ses lèvres. Les yeux fermés, je dessinai l'image de son corps encore et encore, traçant chacune de ses lignes du bout des doigts. Mes poumons enfumés avaient du mal à trouver de l'oxygène, me plongeant ainsi dans une sorte d'état second. Ça faisait presque une heure que je divaguais, assis sur le banc. Non plutôt une heure et demi ou peut-être deux heures. J'avais perdu la notion du temps dès que j'avais porté la première cigarette à mes lèvres. Le gout amer du tabac avait envahi ma bouche, coulé dans mon œsophage avant d'enrobé mon cœur d'une sensation d'engourdissement. L'année dernière, j'avais lâché Emmy du regard pendant une journée. Juste une journée et elle était sortie avec Ethan. Ethan. Pauvre type. J'avais espéré que pendant ces vacances on ne serait que tous les deux mais c'était sans compter sur l'autre crétin qui était réapparut sans prévenir pour creuser un fossé entre ma meilleure amie et moi. Je jetai ma cigarette au sol et l'écrasai rageusement. Je crois que le pire dans tout ça, c'est que je m'en voulais. Je ne supportais pas l'idée qu'elle aille voire ailleurs parce que je ne la satisfaisais plus. Si j'avais été sûr qu'on ne m'entendrait pas, j'aurai hurlé ma colère, seul sur ce banc. Je sortis une nouvelle cigarette, la porta à mes lèvres et l'allumai. Je fermais les yeux et expirai la fumée, me concentrant pour réparer ma carapace de « beau gosse insensible ». Depuis que j'étais à l'école, je m'étais forgé une image qui, aujourd'hui, ne me correspondait plus. Il y a des fois où j'aurais aimé la déchirer pour montrer qui j'étais vraiment. Des petites mains se posèrent sur mes yeux, me faisant sursauter. Un gloussement retentit dans mon dos. Emmy. Je me retournai lentement. Elle était debout derrière moi, un sourire rayonnant plaqué sur le visage. Elle portait un débardeur blanc ample et un jean slim orange. Elle contourna le banc d'un pas léger et s'assit à côté de moi. Son sourire disparut lorsqu'elle aperçut ma cigarette. Elle fronça les sourcils.
- Je croyais que tu avais arrêté de fumer, me reprocha-t-elle.
- C'était le cas jusqu'à ce matin.
Elle me lança un regard suspicieux avant de demander :
- Tu t'es embrouillé avec ta mère ?
- Non.
Elle se rapprocha de moi et posa sa main sur mon avant-bras.
- Alors quoi ?
Ses yeux cherchaient les miens. Son regard se voila lorsqu'elle comprit que je ne voulais pas en parler.
- Matthieu, dis-moi... supplia-t-elle.
Non je n'avais pas envie de lui dire. Pour qui me prendrait-elle après ? Un pauvre gars jaloux ? Même pas en rêve ! Je portai la cigarette à mes lèvres, la main tremblante. Avant que je n'aie pu tirer dessus, Emmy me l'arracha et la jeta au loin.
