Jour 14 : Anna

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« Je l'attrape par la queue

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« Je l'attrape par la queue... »

Je me retournai vers Camille et Matthieu qui chantaient à tue-tête, une version beaucoup moins enfantine de la Souris Verte, remplaçant les mots vulgaires par des « bip » agaçants. Emmy, elle, avait ses écouteurs visés sur les oreilles et regardait le paysage, rêveuse. Ça faisait déjà une heure que nous étions partis pour faire « une petite sortie accrobranche avec le club ado ». Aucun de nous quatre ne savait vraiment pourquoi nous nous étions inscrits. Alors que nous aurions pu bronzer tranquillement sur la plage, nous avions dû enfiler nos vieilles baskets pour grimper dans les arbres grouillants d'insectes. Je n'étais pas le genre de fille à couiner en voyant une souris mais plutôt devant une grosse – ou une petite – araignée. Les garçons entamèrent la dernière phrase du dernier couplet et lorsqu'ils l'eurent achevée, ils recommencèrent. Je soupirai. Quel bande de casse-pied ! Je tapotai l'épaule d'Emmy. Elle leva les yeux vers moi et retira un de ses écouteurs.

- Ça te dérange de m'en filer un, parce que les gars commence vraiment à me souler là ?!

Elle jeta un coup d'œil aux jeunes hommes avant de me tendre le droit. Elle dit :

- Tu pourras me faire une tresse ? J'ai trop peur que mes cheveux s'emmêlent dans les branches des arbres !

Je souris et acquiesçais. Son visage se fendit, laissant apparaitre des dents parfaitement alignées. Elle appuya sa tête contre mon épaule et ferma les yeux. Je soupirai. Parfois lorsqu'elle ne ressentait pas le besoin d'enfiler un masque, Emmy redevenait la jeune adolescente de douze ans que j'avais connue, durant une colonie de vacances. Nous n'avions pas les mêmes amies ni les mêmes centres d'intérêts. Nous avions juste partagé une chambre, l'espace d'une semaine. Alors que nous pensions ne jamais nous revoir, nos chemins s'étaient recroisés lors de mes premières vacances en Corse. J'avais seize ans, elle en avait quatorze. Depuis ce jour, je la voyais grandir, évoluer. En bien ou en mal, je ne pourrais pas le dire, tout ce que je savais c'était qu'elle changeait. Je laissai mon esprit divaguer, bercée par la comptine des garçons et le ronronnement du moteur.

Le crissement des cailloux sous les pneus du bus me sortit de ma somnolence. Je changeai de position et appuyai ma tête contre la fenêtre. Mes yeux glissaient sur les arbres et dessiner le contour des rochers. La climatisation avait été allumée et soufflait un courant d'air froid et désagréable. J'entendis Emmy et Matthieu rire doucement. Euh, une minute... Ma tête était appuyée contre la fenêtre et une odeur, que j'avais déjà sentie de très très près, embaumait mes narines. Je tournai lentement la tête. Cette fois Emmy ne put pas se retenir. Elle éclata de rire. Elle avait osé échanger sa place avec Camille pour que je me retrouve à dormir sur son épaule. Je lui lançai un regard noir. Elle rigolera moins quand elle tombera de la plateforme et que ses mousquetons ne seront plus accrochés. Camille passa un bras par-dessus mon épaule pour m'attirer contre lui. Je me laissai faire. De toute façon, ça faisait une demi-heure que je dormais contre lui, je n'allais pas faire ma chieuse. Et puis, ce n'était pas comme si ça me déplaisait... Il posa ses lèvres sur le sommet de mon crâne et fit claquer un baiser. Dieu merci, nous n'avions pas encore transpiré. Le bus s'engagea sur un parking recouvert d'une terre jaunâtre et s'arrêta. Pierre, l'animateur du club ado, prit la parole :

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