1. Le choc

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27 juin 2016

Cher journal (erk, ça fait carrément nunuche ça, non ?)

En 16 ans d'existence, jamais l'idée d'écrire un journal ne m'avait traversé l'esprit. Mais j'ai lu dans Biba que ça peut être utile dans certains cas, par exemple pour surmonter des troubles psychologiques ou émotionnels... (C'est ma sœur, Léa, qui achète Biba et il n'y avait rien d'autre à lire dans les toilettes ! Promis, je lis des choses plus intelligentes, d'habitude).

Bref, ça va vraiment pas alors j'ai pris le premier cahier vierge que j'ai trouvé pour raconter ma vie. Peut-être que cela me permettra de trouver une solution...

Si ce n'est pas le cas, peut-être que mon témoignage aidera les docteurs / psychiatres / parents / policiers à trouver une explication à ce qu'il me sera arrivé si, d'aventure, je venais à tomber malade / devenir folle / tuer quelqu'un ou, qui sait, MOURIR !

Au pire, je rentabilise un peu le cadeau de tatie Odette...

Voilà ce qui m'est arrivé :

Je sortais de chez Gabriel après avoir passé l'aprem chez lui à jouer à la Xbox et à Pokemon Go. Les yeux rivés sur mon téléphone, je partais à la chasse aux bestioles de Nintendo. Gab habite à côté du tram et il y en a vraiment un paquet dans le coin. Sur le radar, un Pikachu est soudain apparu. Pikachu, c'est mon préféré. Je ne pouvais pas le laisser s'échapper !! J'ai donc renoncé aux rats (Ratatas) et aux pigeons (Roucouls) qui encombraient mon chemin. Je n'avais d'yeux que pour le petit Pikachu qui clignotait sur mon écran.

« Pourvu qu'il ne disparaisse pas avant que j'arrive ! » C'est ce que je pensais au moment où j'ai percuté quelqu'un de plein fouet.

Ça aurait pu être n'importe qui : une vieille dame avec son cabas (bien fait pour elle), une mère de famille pressée, un petit vieux avec son journal. Même un camionneur à pied, j'aurais préféré (ça fait peur un camionneur, non ? C'est costaud en tout cas. Bon ok, disons un déménageur). Mais non, il a fallu que je tombe sur ANTONY MICHELLI !!

Antony, la dernière fois que je l'ai vu, c'était la terreur du collège. Il était sûrement en classe de troisième cette année-là. Comme il a dû trop se croire la star du bahut ! Je suis contente de pas avoir vu ça (je suis au lycée, au cas où vous n'auriez pas lu ma fiche descriptive à rallonge !). Il est plutôt grand, mais pas plus baraqué que les autres garçons de son âge. Par contre, ses parents travaillent dans une PIZZERIA !! Plus précisément, une pizzeria sur les QUAIS !!! Tout le monde sait que la moitié de ces restaurants sont tenus par des mafieux. Et j'ai depuis toujours l'intime conviction qu'ils en font partie. Par exemple... il a un scooter. Tous les jeunes mafiosi de Grenoble ont un scooter, on est d'accord ?

Enfin bref, je me suis cognée à Antony. Il m'a repoussée et il m'a dit :

« P*****, fait gaffe où tu marches ! » (Du Antony tout craché)

Puis il a rajouté, je cite : « P'tite rose ! »

P'TITE ROSE ??!! Non mais sérieux ??!

Je vous vois venir, vous vous dites : « c'est mignon », « c'est pas méchant », ou un truc du genre. Mais vous ne l'avez pas entendu prononcer ces mots. Je vous assure, c'était à la limite de l'insulte. Et puis en plus, ça me va pas du tout !

Et alors là, je ne sais pas ce qui m'a pris - et c'est bien pour ça que je suis là en train d'écrire tout ça noir sur blanc - mais j'ai répondu :

« Tu ferais mieux d'aller t'acheter des lunettes, macaque ! Si tu reconnais même pas les couleurs, comment veux-tu savoir où tu marches ? Et puisque tu y es, achète-toi des fringues. Tu fais pitié avec ton blouson en cuir ! »

Et je l'ai laissé-là, en plan, pour aller dans le parc attraper mon Pikachu (qui s'est échappé, le sacripant ! (oui, je dis « sacripant » si je veux : c'est MON carnet !)).


Sur le coup, je me sentais bien. C'est un peu bizarre. Mais il faut dire qu'il avait tort sur toute la ligne :

• D'abord, mes cheveux ne sont pas roses, ils sont juste... rouge clair (maudite coloration qui a loupé...).

• Ensuite, je ne suis pas petite. C'est lui qui est grand. C'est pas pareil !

• Enfin, il avait vraiment un blouson en cuir sur son jogging alors qu'il faisait au moins 30°. N'importe quoi ! Vous imaginez l'odeur sous sa veste !

D'un autre côté, c'est Antony, le caïd du collège. Je n'aurais jamais dû lui dire ça. D'ailleurs, en temps normal, je ne dis jamais ce genre de choses à qui que ce soit ! Et puis je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris de le traiter de macaque ! C'est horrible comme insulte. Non seulement, j'insulte son intelligence, mais aussi son physique. C'est vraiment mesquin. Si j'étais lui, je m'en voudrais carrément.

Donc, pour résumer, j'ai deux problèmes :

PRIMO : je deviens violente. Si ça commence par ce genre d'insultes, qu'est-ce que ce sera dans une semaine ou un mois si je n'arrive pas à garder mon contrôle ? Est-ce le début de la folie ? Mais qu'est-ce qui m'arrive ???!

SECUNDO : Quoi qu'il se passe côté self-control, je vais me faire défoncer à la rentrée. (La police, si je suis morte et que vous trouvez ce journal, c'est Antony ou sa famille les coupables !!!)

Allez, voyons le bon côté des choses : nous sommes seulement le premier jour des vacances d'été. D'ici la rentrée, cela lui laisse le temps de m'oublier, non ?

De mon côté, je vais pouvoir trouver des solutions ! Ou bien me liquéfier d'inquiétude en attendant...

Nutella Girl [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant