6. Tsunami & Mozzarella

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Mercredi 29 juin 2016 (bis)

Le temps, c'est un truc trop bizarre. Parfois, on le voit pas passer, et d'autres fois, on dirait que ça traine en longueur. Mais le truc le plus chelou, c'est quand tout se passe au ralenti. T'as l'impression que ça dure une éternité. T'as le temps de tout voir, comme au ciné. Alors tu remarques tout un tas de détails qu'habituellement tu peux même pas distinguer. Comme tes cheveux qui flottent devant toi, les petites bulles autour de tes bras qui filent vers la surface en traversant les reflets lumineux, le maillot vert de cette fille au-dessus de toi qui nage bizarrement en essayant d'attraper la ligne orange. Y a des tambours qui cognent à tes oreilles à chaque fois que le bras d'un nageur fend la surface. Et puis cette force qui t'écrase la poitrine. Tu te dis qu'il y a peut-être un truc anormal, mais tu saisis pas trop ; de toute façon, les paroles sont toutes déformées. Enfin, tes pieds touchent le carrelage. Alors tu pousses. Juste une impulsion. De toutes tes forces. Tu remontes, l'eau s'éclaircit et tu respires.

Et là, tout s'accélère d'un coup quand tu vois l'eau qui déborde de la piscine et tous les gamins qui pleurent.

Heureusement, il y en a qui rient.

Comme Léa, par exemple.

« Wha ! Trop balèze ! C'est plus la méduse qu'il faut t'appeler, mais la baleine ! »

Sérieux, je vois vraiment pas comment, moi, j'aurai pu provoquer un tsunami. Il a dû y avoir un tremblement de terre au même moment. Je sais pas moi !

Mais le maître-nageur n'a pas trop apprécié :

« Mademoiselle, je vous rappelle qu'il est interdit de faire la bombe dans la piscine. Je ne sais pas comment vous avez pu faire autant de remous, mais si vous recommencez, je serai obligé de vous expulser.
— Désolé, monsieur, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Ça peut pas être moi...
— Peu importe. Tu recommences, et tu sors. Et je te signale que tu n'as pas de bonnet de bain.
— Dites-donc, un peu de respect ! Je ne vous permets pas de me tutoyer et je viens de dire que j'étais désolée ! Et puis, vous avez vu ma taille ? Je pèse cinquante kilo toute habillée. C'est juste une coïncidence tous ces remous. Quant au bonnet... Y a que la petite vieille, là-bas, qui en a un. Vous allez virer tout le monde ? Pourquoi ne pas commencer par ce groupe de bimbos, là ? »

Le gars n'a rien ajouté, mais il m'a menacé du doigt, genre « j'te garde à l'œil ».

Léa s'est approchée doucement de moi, elle avait l'air étonné.

« Ça va ?
— Oui, pourquoi ?
— Je ne t'ai jamais vu parler comme ça à qui que ce soit... »

J'ai haussé les épaules.

Pourtant, elle n'a pas tort. Avec le recul, je me demande si je n'aurais pas eu un autre pétage de plomb, comme l'autre jour. Ça devient grave parce que je m'en rends même plus compte !

« Les filles que t'as montrées au maître-nageur...
— Ouais ?
— Elles sont dans ma classe. La brune avec les cheveux ondulés, c'est Mélina. Elle sort avec Tony.
— On parle bien d'Anthony Mitchelli, là ?
— Oui, oui.
— LE Tony ? Le gros dur que tu voulais me présenter, et tout ?
— Heu, gros dur... Ha ha ! t'exagères ! Mais... oui, oui ! »

J'ai HALLUCINÉ !

J'adore ma sœur, mais je sais pas... Je crois qu'il lui manque quelques neurones. Franchement, je ne sais pas ce qui est le pire dans tout ça :

- le fait qu'elle veuille m'inventer des plans avec une brute,

- que ça ne l'empêche aucunement de me les proposer alors que le gars est déjà en couple,

Nutella Girl [En Pause]Where stories live. Discover now