02 decembre

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Le hurlement retentit dans toute la vallée. Le pasteur en visite à Greyhall appelait son créateur à pleins poumons. C'était une stupidité ecclésiastique régulière, tous les ans, alors que Noël approchait, un pasteur venait et tentait de rouvrir l'église de la ville. Heureusement pour eux, la plupart ne franchissait pas la porte de la ville, trop effrayés par les rumeurs satanistes qui traînaient en ville.

C'était un petit bâtiment de pierres sombres, assez bien conservé. Personne ne s'y rendait jamais, sauf quelques touristes perdus. Car en plus d'être de taille modeste, le lieu était situé dans une petite impasse desservie par une ruelle peu accueillante. Seuls les initiés et les âmes réellement égarées découvraient l'église. 

Le pasteur était un homme pourvu d'une bonne composition. Âgé de 85 années, dont plus d'une cinquantaine passées au service du Seigneur, il avait vécu intensément, toujours à la recherche d'une meilleure compréhension des paroles divines. Il avait traversé les cinq continents, était parti aider les plus démunis sur plus d'une dizaine de zones de conflits. Il avait prêché la foi en terre païenne et mené plusieurs missions à bien en des lieux bien hostiles.

Ainsi lorsqu'il avait appris que Greyhall, paroisse si proche de son village de naissance, au beau milieu du Royaume-Uni, n'avait pas de pasteur,  il s'était offusqué. Il fut tellement choqué et outré qu'il décida sur un coup de tête d'abandonner sa mission de soins aux anciens combattants pour aussitôt aller, tel un berger, s'occuper des brebis de Greyhall.

Il arriva avec ses valises et sa bonne volonté, le coeur plein d'entrain, et décida de commencer sa mission par une visite de l'église. Sa joie ne s'effaça pas devant la façade morne, ni à la vue d'une couche de poussière conséquente. 

Mais lorsqu'il vit une traînée de propreté ponctuée de taches marrons mener jusqu'à l'autel central sa gorge se serra un peu. Ce sentiment se transforma en dégoût alors qu'il découvrait un amoncellement d'os humains. 

Un grognement attira son attention sur le côté. Un animal dévorait quelque chose. Ou quelqu'un, la bête dévorait un bras au bout duquel tenait encore une main. L'horreur eut à peine le temps de se peindre sur le visage du pasteur qu'il tombait déjà à terre, entraîné par le poids de la bête qui reprit forme humaine au-dessus de lui. 

- Qui t'a permis d'entrer ?! 

- Le, le seigneur, réussit à articuler l'homme. 

- Tu t'es trompé de dieu mon pauvre. Argh si tu étais moins vieux et moins gras je te dévorerais bien mais tu vas me rendre malade.

- Mer, merci ? demanda le prêtre.

La bête s'écarta et lui dévoila ses dents blanches où subsistaient des morceaux d'humain. 

- Ne crois pas que tu vas survivre, ricana la bête, si Ereyne apprend que je bouffe ses chers humains de la cité sanctuaire elle va me faire écarteler. 

- Je ne la connais pas, je ne lui dirai rien ! Juré !

Mais la bête ne sembla pas le croire sur parole, pourtant le pasteur ne mentait jamais, ou seulement pour la bonne cause. Elle lui asséna un coup sur le crâne qui l'assomma. 

Il reprit connaissance quelques instants plus tard, un vent frais lui chatouillait les mollets. Il vit un beau ciel bleu et ce fut l'image qui s'imprima sur ses rétines alors qu'il s'écrasait au sol. 

John l'avait jeté du haut du clocher. 

- Je préfère ne pas prendre de risque, Ereyne pourrait vraiment demander à Zelyan de m'écarteler...

Le Noël des immortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant