Aubain (inachevée)

VIII - Dimanche 31 décembre

Il était vingt-deux heures quand nous sommes arrivés chez Olivia, avec donc deux heures de retard mais une bouteille de vodka dans notre sac et quatre de bières dans le sang. On a d'abord cru que c'était Olivia qui nous avait ouvert, à cause de sa ressemblance frappante avec sa sœur qui nous paraissait surréaliste alors qu'au fond, on savait que c'était normal parce qu'elles étaient jumelles.

- Ah, Aubain, tu es là, a-t-elle dit en souriant. Et toi, tu es Margaux c'est ça ?

- C'est ça !

- Allez, rentrez, il fait plus chaud à l'intérieur.

Et il faisait plus chaud à l'intérieur. Tu as abandonné ta veste et moi mon manteau sur la montagne d'autres qui s'était formé au pied d'un grand escalier. On s'est avancé dans le salon, là où la musique était à son maximum et où des personnes plus ou moins alcoolisées dansaient plus ou moins en rythme.

- Margaaaauuux ! s'est écriée une voix dans la cuisine.

Olivia a traversé la foule - on devait bien être une trentaine dans la maison - et a sauté dans mes bras.

En une semaine, on s'était échangé nos numéros, appelé quatre fois, confié une vingtaine de secrets et était devenu les meilleures amies du monde. Jamais je ne m'étais sentie à l'aise avec une personne - à part avec toi - et Olivia était tout simplement une fille extraordinaire, bourrée d'humour et attentive à chaque détail. En plus de ça, elle était carrément jolie et avait un sens inné en matière de vêtements. La preuve : la tenue que je portais, c'était elle qui l'avait choisie, et je me sentais terriblement bien dans mes baskets alors que je portais des bottines à talons.

- Il faut ab-so-lu-ment que je te présente Ben, a-t-elle dit en m'entrainant dans la cuisine et en me séparant de toi. Il est à tom-ber et il est célibataire.

- Oli, pas tout de suite...

- Margaux, c'est maintenant ou jamais.

- Je peux pas d'abord poser mon sac et boire un verre ou deux ?

Elle a secoué la tête et m'a poussée sur la terrasse, où ça sentait bon la marihuana.

- Ben est un pote à ma sœur, il est super canon et je suis sûre que tu vas l'adorer.

- Ça, tu me l'as déjà dit.

- Ben ! a-t-elle appelé en criant après un blond qui roulait un joint. Ça va ?

Il s'est tourné vers elle et lui a fait un signe de tête.

- Alors ?

- Bof, j'aime pas les blonds, ai-je dit plus fort que je ne le voulais. On pourrait pas aller rejoindre Aubain ? On l'a laissé tout seul.

- T'inquiète ! Il doit sûrement être avec Arthur en train de faire des shots.

- Mouais, je vais aller les rejoindre quand même.

Je me suis débarrassée de la main d'Olivia qui serrait mon poignet et ai fait demi-tour, sans pour autant vérifier s'il y avait quelqu'un sur le passage - ce qui fut le cas. Je suis rentré dans un torse, et ai levé la tête en m'excusant.

- Margaux ?

J'ai frotté mon front et ai écarquillé les yeux en découvrant l'identité de l'obstacle.