XI - Samedi 20 janvier

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J'étais en train de regarder un film avec mon père quand une suite d'une douzaine de coups de Klaxon s'est fait entendre dans la rue. J'ai roulé des yeux.

- J'imagine qu'Aubain est content de sa première voiture, a deviné mon père.

J'ai quitté le salon et ouvert la porte d'entrée. A peine eu-je mis le nez dehors que j'ai éclaté de rire. Tu étais assis sur le capot de ta voiture, les bras croisés, avec un air de mauvais garçon et la musique à plein volume.

- Je te dépose quelque part, poupée ?

- Contente-toi de monter ses marches à pieds pour le moment, que je te souhaite un bon anniversaire.

Tu as souri, as coupé le contact de ta voiture et as monté les marches du perron. Puis tu es resté tout droit, les mains croisées dans ton dos, les lèvres étirées jusqu'aux oreilles et la tête haute.

- Rien ne pourra te rendre malheureux aujourd'hui, c'est ça ?

- Tu as deviné.

J'ai pouffé et t'ai pris dans mes bras. Tu m'as serrée contre toi et je t'ai dit à l'oreille :

- Joyeux anniversaire Aubain.

Je t'ai embrassé la joue, et t'ai invité à entrer. Tu as salué mon père, qui t'a lui aussi souhaité un bon anniversaire.

- C'est quoi le programme ? t'ai-je demandé en mettant mes baskets.

- On va chez moi pour préparer la soirée, on conduit ma sœur chez son amie et on fait la fête !

- Aubain, il est dix-sept heures.

- Il n'y a pas d'heure pour faire la fête ! as-tu répliqué sur le même ton.

J'ai mis mon manteau et mon écharpe, ai attrapé mon sac, prêt depuis ce matin, posé à côté du canapé et ai fait signe à mon père.

- Je rentre demain vers midi, d'accord ?

- Ça marche, passez une bonne soirée.

On est sorti de la maison.

- Décidément, ça va beaucoup mieux avec ton père, as-tu remarqué.

- Son cadeau de Noël lui a sûrement fait très plaisir, on ne s'est pas disputé depuis le réveillon.

- Et mon cadeau d'anniversaire, il va me faire plaisir ? as-tu demandé, un sourire niais sur les lèvres.

Je t'ai fait une pichenette sur le front, et suis montée dans ta voiture.

- Ne compte pas sur moi pour te dire ce que c'est, ai-je continué mystérieusement après que tu te sois assis à la place du conducteur. En tout cas, elle est sympa ta voiture.

- Avec elle, à moi la liberté, plus rien ne pourra m'arrêter ! t'es-tu écrié.

- À part les feux rouges. Et les stops, et aussi les contrôles des flics. Et...

- Ouais, c'est ça, mets ta ceinture au lieu de briser mes rêves, m'as-tu coupé en démarrant la voiture.

- Attends ! Avant de partir...

Je me suis baissée et ai fouillé dans mon sac, sous ton regard perplexe. Toujours penchée vers l'avant, j'ai levé la tête vers toi, un air désolé sur le visage :

- C'est un petit truc de rien du tout, j'ai pas eu le temps de l'emballer, mais tiens, ai-je dit en te tendant mon cadeau. Tu vas en avoir besoin.

Tu as fixé le porte-clefs que j'avais acheté pour tes clefs de voiture en souriant. C'était une pancarte nulle, où il était inscrit : Boire ou conduire, il faut choisir ! en lettres grasses avec un vieux dessin d'une bouteille de vin vide sur le côté.

Aubain (inachevée)Where stories live. Discover now