XXIV - Mardi 3 avril

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Allongée dans mon lit, je relisais mes cours d'histoire. Comme me l'avait rappelé mes chers professeurs, la deuxième et dernière semaine d'examens blancs avaient lieu dans deux semaines, et en plus d'avoir promis à mon père de faire mieux que les précédents, je voulais absolument avoir une moyenne décente pour mon bulletin du deuxième trimestre, le premier avait été catastrophique et les notes du bac blanc comptaient pour trente pour cent de celle-ci.

Mon père n'était pas encore rentrée de son travail. Ces derniers temps, je l'attendais pour manger, parfois on mangeait en silence devant un film, d'autres fois on restait dans la salle à manger et on discutait.

La sonnerie de mon téléphone m'a tirée de mon cours sur le Proche et le Moyen-Orient. Ce chapitre était extrêmement long et difficile à mémoriser, et je n'aurais certainement pas répondu si je n'avais pas vu le nom de l'appelant.

- Allô ? ai-je bredouillé.

- Ma chérie ! Enfin je réussis à t'avoir. Comment ça va ?

J'ai éloigné mon téléphone de mon oreille, pour relire le nom de l'appelant. Oui, c'était bien ma mère.

- Euh, ça va, ça va, ai-je répondu.

- Ça fait des semaines qu'on ne s'est pas appelé, mon ange. Tout va bien ? Tu fais quoi de beau ?

« Ma chérie », « mon ange », ma mère ne m'appelait pas par ces petits noms. Et pourtant, c'était bien sa voix.

- Je... je suis en train de relire mes cours d'histoire, j'ai des bacs blancs dans deux semaines.

- Eh bien ! Ton père m'avait dit que tu étais devenue studieuse, mais je ne pensais pas à ce point ! a-t-elle dit en riant.

- Tu as eu papa récemment ? me suis-je étonnée.

- Oui, il y a quelques jours. Il m'a dit que si je voulais de tes nouvelles, je devais t'appeler toi.

- Il n'a pas tort.

- Oui, mais j'imagine que tu es occupée ! Tu as dû choisir tes études pour l'an prochain, non ? C'est le cas pour Thaïs, en tout cas.

J'ai roulé des yeux. Thaïs, le fils du copain de ma mère. Mon « demi-frère de mon âge avec qui je pourrais vraiment bien m'entendre », dont ma mère me parlait dès qu'on m'appelait.

- Il veut partir sur le continent pour l'année prochaine, tu y crois ça ? Quitter cette île de rêve ! Oh, ma chérie, il faudrait vraiment que tu viennes un jour...

- Et toi, tu ne pourrais pas revenir « sur le continent », pour rendre visite à ta fille, ta famille, ce genre de choses ?

Je l'ai entendue soupirer. Et c'était reparti : le débat sur laquelle de nous deux devait rendre visite à l'autre.

- Entre se retrouver sur une île paradisiaque ou dans la grisaille, tu préfères réellement...

- Oui, c'est toi qui es partie, c'est à toi de revenir.

- Margaux, a-t-elle repris d'un ton sec, je suis ta mère. Tu l'oublies trop souvent d'ailleurs ; et c'est à toi de m'obéir, pas l'inverse.

- Ah bon, tu es ma mère ? Je suis ta fille ? C'est dingue ça, tu as raison, j'avais oublié.

- Margaux !

- Maman, si c'est pour m'appeler et me parler de ta vie de rêve sur ton île, je ne veux pas de tes appels. Tu pourrais au moins faire semblant de t'intéresser à moi.

- Mais je m'intéresse à toi !

- Ah oui ? Dès qu'on commence à parler de moi, tu rebondis sur le sujet pour pouvoir parler de Thaïs ou de tes filles.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 16, 2018 ⏰

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Aubain (inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant