XIX - Lundi 12 mars

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Mon pied tapait sur le bitume, nerveux. J'étais impatiente, terriblement impatiente : cela faisait un peu plus de deux semaines que je ne t'avais pas vu, deux semaines que j'attendais de pouvoir te serrer dans mes bras. Et c'était enfin arrivé.

Arthur me regardait en souriant, l'air distrait, cigarette à la bouche. J'avais passé la semaine avec lui, comme Olivia était elle aussi partie quelques jours en vacances et Mathieu sortait avec ses amis du lycée. Il savait à quel point, bizarrement, tu me manquais. Pourtant, toi et moi nous étions échangés des messages dès que nous l'avions pu. Et la seule raison qui nous avait empêchés de nous voir ce weekend, c'était à cause d'un repas avec mes grands-parents organisé à la dernière minute. Et comme je ne les voyais jamais, je n'avais pas pu refusé.

- Ça sonne dans combien de temps ?

- Reste zen, Margaux, tu vas le revoir.

J'ai levé les yeux au ciel et ai regardé l'heure sur mon téléphone. Tu allais bientôt sortir de cours. J'allais te revoir, le soleil réchauffait mon dos, et j'allais enfin te revoir. Jamais je n'aurais pu espérer tant de bonnes choses pour un lundi.

La sonnerie de ton lycée a enfin retenti. Une dame âgée a ouvert les grilles au même moment, et je me suis postée à ses côtés, te cherchant du regard. Les premiers élèves sont sortis des bâtiments, tous heureux de terminer cette journée de rentrée. Puis tu es apparu. La première chose que je remarquais, au loin, c'était que tu avais changé de veste en jean : celle que tu portais à présent n'avait pas de fourrure sur le col, signe que les beaux jours et le printemps arrivaient à grands pas.

Tu étais en train de parler avec Mathieu, l'air pressé. Puis tu m'as aperçue, a croisé mon regard même à une cinquantaine de mètres l'un de l'autre, ton sourire s'est élargi comme l'avait fait le mien et tu as tapé l'épaule de Mathieu avant de courir jusqu'à moi. J'ai passé les grilles de ton lycée et me suis jetée dans tes bras, et tu m'as fait tournoyer dans les airs comme dans ces films clichés à l'eau de rose.

- Comment tu m'as manqué, as-tu soufflé, le visage enfoui dans mon cou.

Je souriais sans pouvoir m'arrêter. Des élèves de ton lycée nous dévisageaient bizarrement, mais on s'en fichait. Tu m'as éloigné de toi et j'ai regardé ton visage lui aussi souriant, aux couleurs du caramel.

- Tu me dégoutes, ai-je lâché en enfonçant mon index dans ta joue.

Tu as éclaté de rire et as passé une main dans tes cheveux pour crâner.

- Eh oui ma jolie, moi je bronze aux sports d'hiver.

Je t'ai donné un coup de poing dans l'épaule, mais je t'ai serré contre moi dans la seconde qui a suivi.

- Tu m'as manqué Aubain, ai-je murmuré avant de t'embrasser la joue.

Tu as ramassé ton sac que tu avais laissé tomber sur le sol et main dans la main, nous avons rejoint Arthur et Mathieu qui parlaient tous les deux. Mathieu m'a accueillie par un large sourire et a frotté son poing sur mes cheveux.

- Alors Miss Gomar, quoi de neuf depuis mardi ?

Nous nous étions seulement vus ce jour-là durant les vacances. J'ai haussé les épaules, toujours souriante parce que je t'avais retrouvé et il a ri, avant de prendre la cigarette que lui tendait Arthur et qu'il lui avait sûrement demandée.

- Vous êtes chauds pour aller squatter au parc ?

- Mat, je suis crevé, je suis rentré y a deux jours, tu te souviens ?

- Rabat-joie. Margaux, j'imagine que tu restes avec Aubain ?

- Tu imagines bien.

Les mouvements de pouce circulaires que tu faisais au creux de ma paume sont sont arrêtés et tu as un peu plus serré ma main dans la tienne.

Aubain (inachevée)Where stories live. Discover now