Trahie par l'amour

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Je regardais par la fenêtre, assise sur ce petit rebord qui me permettait d'observer au dehors. Non que ça n'est une quelconque importance étant donné que la vue se résumait aux briques rouges du bâtiment d'en face.

Les journées rythmées par l'ennui, la douleur et l'immense solitude,  j'en avais plus qu'assez.
Assez de me sentir seule en tout temps, en toutes circonstances.
La musique, la lecture, l'écriture... Toutes ces choses que j'appréciais avant n'arrivaient pas à remplir le gouffre abyssal au fond de moi.
Depuis qu'il était parti j'avais d'abord senti quelque chose se briser. Mais au fil des heures, des jours,  un grand trou s'était formé. Cette sensation de vide était tellement colossal qu'elle en était devenu suffocante.
Je savais que même en inspirant à plein poumons,  je ne pouvais pas respirer à fond. Je n'y arrivais plus. Comme une suffocation constante,  je ne savais plus comment vivre correctement.
Cet espace creux dans ma poitrine empêchait mon coeur de battre, mon cerveau de réfléchir, mon corps d'agir normalement.
Plonger dans un état de douleur profond je luttais pour ne plus rien ressentir. Pourtant les larmes refusaient d'arrêter de couler.
Impuissante face à cette litanie emplie de chagrin, je voulais juste le retrouver.
Alors c'était ça l'amour? Souffrir mille morts, endurer la souffrance la plus intense, et continuer bêtement d'espérer?
L'amour faisait trop mal, l'amour était beaucoup trop vicieux.
Te renvoyant tes sentiments en pleine face, te laissant assailli par le doute, te maintenant dans la peur...
La peur d'être abandonné.
La peur d'être mal aimé.
Alors c'était ça l'amour?
Je croyais qu'il était patient et bon. Qu'il devait te transcender et ne jamais défaillir.
À quel moment ai-je failli?
Et pourquoi ai-je tellement mal aujourd'hui?
Si c'était ça, alors je ne croyais plus en l'amour.
Dans un accès de rage intense mon poing brisa la fenêtre et mon bras passa au travers.
Je vis alors du rouge couler. Méchamment entaillée, je vis ma chair et mon sang.
Devrai-je rester ainsi? La mort finirait-elle par venir me chercher si je restais là sans bouger? Serait-ce tout ce à quoi je pouvais aspirer?
Je me laisser glisser sur le sol et vis une ombre qui me fit relever la tête.
Il était là,  juste en face de moi.  J'avais tant rêvé ce moment. Et pourtant ce fut la colère qui s'empara de moi.

_Que me veux-tu?

_Je suis venu pour toi, pour te dire que je regrette, que je t'aime.

Quel Culot!

_Ça ne change rien à ce que tu m'as fait!

_Je t'en prie, écoute moi...

_Va-t-en. Laisse-moi. Répondis-je avec le plus de hargne possible.

_Dis que tu ne m'aimes pas, que tu ne m'aimes plus, et je partirai.

Il me regardai dans les yeux et une lueur intense y brillait.
Qu'esperait-il?
Je plongeai profondément dans son regard, je ne pouvais pas lui mentir.

_Je t'aime. Je t'aimerais certainement toujours.
Mais je n'ai plus confiance en toi.

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