Voyage

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Petit texte pour le concours de Elrolya avec pour thème Invitation au voyage en espérant qu'il vous plaira.



_Qu'est-ce qu'il fait beau!

Voilà ce que je m'étais dit en voyant la météo. J'avais alors opté pour mon petit débardeur mauve avec un short en coton confortable.

Dieu que je regrettais Maintenant!

Il devait faire un bon 40° et le soleil brûlait chaque parcelle de peau que j'avais laissé sans protection.
L'anse de mon sac me sciait lentement l'épaule et mes mains, remplies d'affaires, ne pouvaient pas la changer de position.
J'avançais péniblement, me dandinant, me tortillant, essayant en vain de trouver une solution. Hors de questions de tout poser par terre! Non pas que le sol était si sale que ça. Non!
C'était juste qu'une fois posées, je n'aurais certainement pas le courage de tout reprendre pour repartir...
J'essayai de tout mettre dans une seule main, libérant l'autre pour ajuster l'anse qui me gênait tant.
Mais à peine trois pas plus loin, elle s'était douloureusement relogée dans le sillon qu'elle avait déjà creusé. C'était une cause perdue!

Résignée, je continuai d'avancer, en essayant d'oublier mon épaule qui hurlait son mal être. Comment j'en étais arrivée là?

J'avais attendu, de longues minutes qui m'avaient semblées des heures, le bus qui devait me mener à destination. Puis j'avais décidé, ne le voyant pas arrivé, d'y aller à pied.
Je n'étais pas de nature très patiente, et puis après tout, je connaissais le chemin! Ce n'était pas la mer à boire... Vaillamment, je m'étais lancée sur la route qui me semblait courte et facile.

Hé bien cela pouvait être vrai d'ordinaire! Mais c'était sans compter sur le poids de mon barda qui se rappelait à moi à chaque pas!

Tel un fardeau, pire qu'un pèlerinage, je me sentais comme prisonnière de mon propre corps qui ne pouvait supporter tant d'efforts.
Mes pieds n'en pouvaient plus de ces petites sandalettes que j'avais choisies parce que je les trouvais jolies. Grossière erreur ! J'aurais dû prendre ma paire de baskets à la place.
Mes jambes brûlaient à l'intérieur comme à l'extérieur.
L'attraction terrestre, le phénomène de pesanteur, la chaleur... Tous se liguaient contre moi et aidaient les muscles de mes bras à tétaniser.

Atteindrai-je mon but? Je n'avais qu'une envie, rester là, ne plus bouger et me laisser dépérir sur le bord de la route.

Une voiture claxonna, me faisant sursauter et me redonnant un peu de courage pour la suite. Pas après pas, je voyais se réduire la distance qui me menait tout droit vers ma destinée. Il y avait peut-être un peu d'espoir...

En levant la tête, je vis une énorme affiche publicitaire, faisant l'apologie d'une de ces nouvelles boissons sans alcool. La bouteille perlait de fraîcheur et tout à coup, un sentiment désagréable s'installa vicieusement en moi.
Ma bouche devint toute pâteuse puis très sèche. Je sentais la chaleur entrer par tous les pores de ma peau. De la sueur suintait sur mon front et dans mon dos.
J'avais soif. Vraiment très soif.

Je me mis à déglutir, encore et comme jamais. Il me fallait juste un peu d'eau. Une simple rasade ferait l'affaire même si j'aspirais à un litre entier. Évidemment je n'avais pas de bouteille dans mon sac.
Un mal pour un bien? Je n'en étais plus très sûre.

Puisant dans mes dernières ressources et dans mes maigres réserves de volonté, je continuai d'avancer en sachant très bien que le plus dur était devant moi.

Il ne restait plus qu'un obstacle entre ma destination, mon paradis, et moi.
L'asphalte laissa doucement place à la terre meuble et aux cailloux qui se glissaient insidieusement entre mes orteils et mes sandales. Me faisant ainsi glisser un peu à presque chaque pas, et lacérant la plante de mes pieds.

Encore un tout petit effort! Quelques derniers mètres et j'attendrais le saint graal.

Je n'arrêtais pas de me lancer des encouragements, tel un coach de vie personnel, je me serinais des petites phrase de motivation.

" Tu peux le faire!"    "Ne te décourage pas!"

Je le savais, si je me laissais aller, ce monticule aurait raison de moi. Pourtant, je n'avais vraiment plus envie d'avancer.
Peut-être qu'une âme charitable viendrait à mon secours? Si seulement le chemin escarpé sur lequel je me trouvais n'était pas aussi éloigné de la route principale...
Je poussai sur mes jambes endolories jusqu'à atteindre cette fameuse porte. Je la voyais au loin et tout ce que je désirais à l'heure actuelle, c'était poser ma main dessus, entendre le pêne s'enclencher et pouvoir entrer dans ce lieu que j'aimais tant.

L'idée de pouvoir me délester de mes poids, de me reposer et surtout de me désaltérer m'emplit d'une énergie soudaine qui me propulsa durant les derniers mètres. Enfin, l'entrée me tendait les bras.
J'étais à la maison.

Je soupirai et repensai à tout ce périple.
Énervée par toutes ces épreuves et encore assaillie par la douleur malgré mon soulagement d'être arrivé à bon port, je poussai la porte avec une rage et une détermination certaine puis criai:

_Je te le dis, c'est la dernière fois que je vais faire les courses à pieds!

Petits Textes Sortis De Là-BasWhere stories live. Discover now