Aujourd'hui

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Aujourd'hui était pourtant un jour comme les autres, tout avait commencé comme à l'accoutumé.

Une fois debout, j'avais secoué  Idriss pour qu'elle fasse pareil. Bien sûr, elle avait ronchonné son mécontentement mais avait quand même fini par me rejoindre dans le salon. On était encore dans les temps pour que je l'amène à l'école sans être en retard au travail.

Ma petite soeur avait englouti son bol de céréales au miel en un temps record et nous pûmes enfin partir. Je me demande si c'est à ce moment que tout a basculé.
Si nous étions resté dans notre appartement, bien tranquilles au dernier étage, en décidant de sécher école et travail, serions-nous dans une toute autre situation?

Mais dans une fatale routine, le même trajet s'était dessiné sous nos pas.

J'avais laissé Idris sur le pont, il lui fallait simplement prendre la navette pour arriver juste devant son établissement. Elle était encore jeune, dix ans, mais plutôt mâture et responsable. J'imagine qu'on grandit plus vite lorsqu'on n'a plus ses parents. 
Après tout, j'étais moi aussi dans ce cas.

À peine avais-je obtenu mon diplôme, je partis à la recherche d'un travail qui me permettrait de subvenir à nos besoins à tous les deux ainsi qu'ayant une localisation proche de l'école. Ce n'était pas du tout comme ça que j'avais imaginé ma vie. Seulement, par la force des choses, j'en étais à ce point.

J'avais lutté pour obtenir la garde d'Idriss. Elle était tout ce qui me restait de famille et il en était de même pour elle. Hors de question qu'elle se retrouve dans un foyer avec des inconnus... Et malgré la déchirure qui nous liait à jamais, nous avions développé une sorte de paix, de petit bonheur rien qu'à nous.

Je marchais sereinement vers mon lieu de travail lorsque l'alarme retentit dans toute la ville.
"Étrange" m'étais-je dit, on n'était pas mercredi après tout. "Il y avait peut être un dysfonctionnement électronique quelconque."
Et puis, comme la plupart des habitants de cette contrée, j'avais continué sans plus m'en préoccuper.

La seconde fois, je passais pratiquement la porte du bureau. Un sentiment de panique m'étrégnit le coeur.

Et si ?

La bruyante alarme, j'avais l'impression qu'elle me hurlait de me trouver un abri, qu'un danger était imminent. Que se passait-il? Il y avait-il vraiment une menace ?
Je rebroussai rapidement chemin, n'ayant qu'Idriss à l'esprit. Il fallait que je la retrouve. Il fallait que nous soyons ensemble.
Je ne marchais plus, je courrais. Je volais presque.
Ma soeur. Ma petite soeur.

Autour de moi, on commençait à s'affoler. La panique, telle une maladie contagieuse, gagnait tout un chacun, l'un après l'autre. Leurs cris résonnaient dans mes oreilles presqu'aussi fort que mon coeur qui battait pour Idriss.
J'étais sur le pont quand je compris la raison de l'alerte. Quand je vis l'horreur, juste sous mes yeux, avancer plus rapidement qu'un bolide lancé à pleine vitesse. Plus férocement qu'une louve protégeant ses petits. Plus avidement qu'un ogre malfaisant affamé.

Qui avait eu la stupide idée de bâtir l'école à cet endroit ? Pour la beauté du paysage ? Que les enfants profitent de la faune marine? Qu'ils se complaisent dans l'admiration du littoral ?

Mes genoux frappèrent le sol avec violence. Je ne pouvais rien faire, à part assister, dans une totale impuissance, à ce qui allait suivre. Je savais que tenter de fuir ne servirait à rien. De plus, je ne voulais pas fuir, pas sans Idriss.
J'observai avec effroi la déferlante, rageant d'écume, se dresser fièrement avant d'engloutir l'école toute entière.
Mon coeur déjà meurtri se brisa. Il n'y avait aucun espoir.
La vague massacrait tout sur son passage, comme si les rocs n'étaient que de la gomme. Les bâtiments, les gens... Juste des grains de poussière.
Elle avalait tout ce qui se trouvait sur son passage.
Et sans prendre aucun répit, fonçait droit sur moi.

********

Un autre petit exercice avec l'obligation de commencer par aujourd'hui.
Je sais aussi que c'est hautement improbable que cela n'arrive de nos jours avec toutes les technologies qu'il y a à notre disposition.
Cependant, j'espère que cela vous a plu.
Biz 😘

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