Chapitre seize.

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Je sors du cours d'histoire en courant. Ce n'est pas humain de nous mettre cette matière en première heure. Ce n'est pas humain de nous obliger à suivre un cours comme ça.

Je m'excuse auprès des filles et de Shawn en prétextant avoir quelque chose à demander à Justin. Je sors devant le lycée où je retrouve Bradley. Quand il me voit arriver, il sourit et me tend une clope.

- Oh, merci !

- T'inquiète. Je sais ce que c'est.

Je revis. Je n'ai jamais vraiment fumé. Enfin, c'était il y a très longtemps, quand j'étais vraiment jeune. J'ai dû fumer à peine dix cigarettes par an lorsque nous étions dans la rue. Tout simplement parce que je n'en avais pas, mais aussi pour Lily. Maintenant qu'elle n'est plus aussi souvent avec moi, je peux le faire plus librement. Le fait de retourner en cours, de retrouver une vie « normale », ne m'aide pas. J'ai besoin de fumer pour me détendre. C'est stupide, j'en suis consciente. La cigarette n'a jamais aidé personne, mais c'est comme ça. J'en ai besoin. C'est la seule drogue à laquelle je suis dépendante. Je ne touche pas aux autres.

Justin s'approche de nous. Il a les mains dans les poches avant de son jean.

- Salut, mec, lui lance Bradley.

Il l'ignore et se tourne vers moi. Je vois Bradley rouler des yeux.

- Pour aujourd'hui, tu peux rentrer avec Shawn et passer l'après-midi à t'occuper des filles avec lui ? Je sors avec mes potes.

- Pas de soucis. Tu me revaudras ça.

Je lui lance un clin d'œil qui le laisse sous le choc. Je fais un sourire à Bradley accompagné d'un signe de la main avant de retourner dans le lycée. Je le vois taper l'épaule de Justin qui est toujours sous le choc, les sourcils froncés. Je retrouve le groupe d'amis de Shawn.

- Tu sais, Alyssa, si tu fumes, ça ne nous dérange pas, me dit Andrew quand j'arrive face à eux.

- Ce n'est pas souvent, me justifiais-je. Je craque juste quelques fois.

- J'ai arrêté l'année dernière, sourit Lindsay.

Peut-être qu'un jour, je n'aurais plus besoin de cette merde. Pour le moment, j'en ai besoin pour ne pas me ronger de l'intérieur. Je me demande comment je n'ai pas encore explosé au point d'être enfermée dans un hôpital psychiatrique.

Ils sont différents des amis que j'avais à Vancouver, avant que l'enfer ne commence. C'est encore difficile de s'habituer au fait que tout sera différent. J'étais différente avant de devenir une sans-abri. Loin d'être la fille que je suis aujourd'hui. Je suppose que c'est bien que j'ai changé. Je n'aurais pas pu faire vivre la même vie à ma petite sœur. Elle se souvient d'eux par je ne sais quel miracle. Je n'avais pas le choix de l'emmener avec moi quand je sortais. C'était soit elle était avec mes amis et je pouvais la protéger, soit elle était avec lui et je ne pouvais pas la protéger.

Elle s'en souvient encore, pour l'instant. J'espère qu'en étant chez les Wilson, elle va se créer d'autres souvenirs et oublier totalement ceux de notre misérable enfance.

Sur ces pensées, nous nous dirigeons vers notre cours de philosophie. Je n'en n'ai jamais eu. Si c'est aussi barbant que l'anglais, je vais m'ennuyer. Je suis loin d'être une philosophe. Néanmoins, je pense que le cours peut être intéressant. Cela dépend du prof.

Madame Miller, notre prof, est une femme ayant environ la cinquantaine. Elle a l'air gentille et douce.

- On est fait pour être ensemble, murmure Justin à mon oreille.

La seule chose que je n'aime pas chez elle, c'est qu'elle m'ait placé à côté de Justin. Heureusement, nous ne sommes pas au fond de la classe ce qui fait qu'il y a du monde autour de nous et donc il m'embêtera moins que si nous étions au fond.

Tout peut changer |Tome 1| [EN PAUSE]Where stories live. Discover now