Chapitre vingt-six.

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En sortant du cours de mathématiques, qui était le premier de la journée, Justin m'attrape par la main et me tire en courant. Je ne sais même pas où il m'emmène. Tous les regards sont posés sur les deux fous qui courent dans les couloirs. Il tourne dans tous les sens et je sais que je ne retrouverais jamais mon chemin toute seule. Nous montons des escaliers qui sont au fond du lycée.

Justin s'arrête enfin dans un couloir désert. Je tente de reprendre mon souffle comme je le peux.

- Si tu veux me tuer, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de le faire au lycée, lançais-je.

- Je ne veux pas te tuer, rit-il.

Il s'assoit par terre contre le mur alors je m'assieds à côté de lui. Il regarde droit devant lui, fixant un point invisible. Le couloir se situe à l'extérieur. Seule une barrière nous sépare de la vue.

- Pourquoi est-ce que tu m'as amenée ici ?

- Je ne sais pas. Tu as dit que tu avais parfois besoin d'être seule alors je voulais te montrer le seul endroit où je vais lorsque j'ai envie d'être seul au lycée.

- Toi, Justin, capitaine de l'équipe de basket, il t'arrive de vouloir être seul ?

- C'est pour que la célébrité ne me monte pas au cerveau, sourit-il.

- Quelle célébrité ? Voyons, tu n'es que le capitaine de l'équipe de basket du lycée d'une petite ville paumée.

- J'aime le fait que tu ne me vois pas comme une star.

- Tu es désespérant, tu le sais ?

- C'est comme ça que tu m'aimes, non ?

Il tourne la tête vers moi. Il me sourit. Je crois que je ne me lasserais jamais de le voir sourire. Je ne suis peut-être pas quelqu'un qui sourit beaucoup, mais j'adore voir les autres le faire.

- Je ne t'aime pas, Justin.

- Outch. Tu me brises le cœur.

- Oh, je suis vraiment désolée. Attends, non, en fait, je ne le suis pas.

Il se met à rire et je ne peux m'empêcher de le suivre. L'ambiance entre nous est apaisée depuis hier. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir repris le basket qui le rend comme ça, mais il devrait ne jamais avoir de vacances alors. Je sais que cette ambiance ne va pas durer. L'un d'entre nous, sûrement lui, va tout briser.

- Pourquoi me montrer le seul endroit où tu vas quand tu veux être seul ? Je pourrais venir et alors tu ne serais plus seul.

- Je ne sais pas, dit-il en haussant les épaules. J'aime bien être ici alors je voulais te le montrer.

- Il n'y a vraiment jamais personne ?

- Très, très rarement. Il paraît qu'un élève s'est suicidé en sautant d'ici il y a plusieurs années. Personne ne vient. Les seules personnes à venir sont soit les femmes de ménage, soit des gens qui se sont perdus. Les élèves tout comme les professeurs n'aiment pas venir ici.

- C'était il y a combien de temps ?

- Avant que mes parents n'arrivent au lycée. Ça fait très longtemps, mais les histoires se transmettent de génération en génération et tout le monde a peur.

- Pas toi ?

- J'aime bien.

Est-ce qu'il fait partit de ces personnes qui ne cillent pas durant un film d'horreur ? Je n'ai pas réellement peur non plus, mais il peut arriver que je sursaute. Et ces histoires de mort, de suicide, cela me fait toujours quelque chose. Tous ceux qui le font ont une bonne raison pour le faire. J'aurais pu y penser s'il n'y avait pas eu Lily ou si les garçons n'avaient pas été là.

Tout peut changer |Tome 1| [EN PAUSE]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt