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La respiration alarmante, les yeux embués, je ne savais pas comment réagir autrement. Les aveux de mon père avait terni l'image que j'avais de Jey. Il m'avait presque forcé à le haïr pour ça et maintenant, je découvrais que tout était faux. Je m'emportais.

- Réponds !

- Non bordel, il ne lui aurait jamais fait de mal, hurla à son tour mon père en se relevant, les bras écartés. Il n'a jamais posé un doigt sur elle de manière violente ! Il la respectait bien trop ! Mais je ne voulais pas que tu l'approches, c'est un monstre, une ordu...

- Comment peux-tu encore te regarder dans la glace ?, le coupais-je froidement, la voix toujours élevée. Tu as osé me mentir ! Tu m'as balancé des horreurs au visage et tu te permets de dire que c'est Jey l'ordure ?! Tu te fous de moi ?!

- Je ne te permets pas de me parler sur ce ton...

- Rien à battre de ce que tu veux !, l'interrompis-je à nouveau. Moi, je veux qu'on arrête de me prendre pour un con et c'est toujours pas le cas ! Merde à la fin, tu te rends compte ? Un an que je vis avec ça ! À croire que Jey est un putain d'enfoiré alors que c'est un mensonge ! Un mensonge bordel de merde !

-C'est un enfoi...

- Oui, ça en est un, je le sais, c'est moi qu'il a voulu tuer, grondais-je sourdement en l'affrontant. Mais ce n'est pas la même chose et tu le sais. L'insulter de violeur et d'assassin, c'était bas, trop bas pour toi ! J'en ai parlé à personne, et au final, j'ai bien fait oui ! Parce que ça t'aurait arrangé que les gens parlent sur sa gueule en conduisant ton mensonge à la con ! J'aurai détruit sa vie en écoutant mon connard de pè...

La douleur qui traversa mon visage m'arrêta net dans ma phrase. Il venait de me frapper. Et pas une simple claque. Un bon gros coup de poing. Comme celui que j'avais envoyé quelques minutes avant. C'était mérité au fond. Je déglutis. Je n'en revenais pas.

- Maintenant, ça suffit, grogna-t-il en pointant son index sur moi. Oui, je n'ai pas dit la vérité mais Jey n'est pas quelqu'un de bon, et tu le sais mieux que quiconque. Si j'ai fait ça, c'était pour te protéger, comprend-le bien.

- Et bien, tu as fait de la merde, répliquais-je tout de même sous son regard menaçant. Tu n'as pas agi comme un père, mais comme un abruti. Tu m'as menti, tu n'as pas su être correct quand j'avais besoin de soutien. Je venais de le quitter sous tes yeux et tu as tout autant vu que moi à quel point il a souffert. Et après, tu t'es fait un putain de plaisir à me mentir. J'espère que tu as pris ton pied comme jamais. Parce que c'est terminé, tu vois ? Regarde ça, crachais-je soudainement en tendant le dragon vers lui. Je l'ai récupéré. C'est con hein ? Ton mensonge n'a servi à rien parce que quoi que tu aurais pu dire, je n'arrivais pas à me l'enlever de la tête. Il m'a soutenu quand tu n'étais pas là il y a un an. Il a su me donner ce que je n'avais pas. Et malgré qu'il ait tenté de me tuer, il m'a sauvé il y a plus d'une semaine, il vient juste de me retrouver quand Erik n'y arrive pas. Malgré toutes ces merdes qu'il m'a fait subir, il reste celui qui me comprend au premier coup d'œil. Il n'a pas besoin de me parler pour savoir ce qu'il se passe en moi, il n'a pas besoin d'avoir un lien psychique pour piger mon problème. Alors j'en ai rien à foutre que tu veuilles me protéger de lui, que tu désires m'écarter. Il restera dans mon cœur, peu importe ce que vous direz tous. Si un jour il disparaît, c'est parce que je l'aurai voulu. Et non parce que vous m'y aurez forcé. Vous n'êtes rien pour juger notre relation, ce qu'on a vécu. Même toi Erik.

Le concerné entra dans la cuisine, les bras croisés sur sa poitrine. Gô se tenait derrière lui. Mon père leur jeta un regard surpris à la volée mais revint bien vite sur moi. Je ne baissais pas les yeux. C'était terminé, je ne me soumettrais plus devant lui. Il m'avait trahi sans aucune hésitation, même si c'était pour ma protection. J'avais déjà trop souffert. C'était la fois de trop.

Je ne devrais pas - Chasseurs D'ombres T2Where stories live. Discover now