Je ne devrais pas - Chasseurs D'ombres T2

18

- Mardi, 21h.

Je soupirais, me repoussais sur mes bras et me laissais me rapprocher du sol avant de me reculer à nouveau.

- Evan, on va manger maintenant, grogna Gô et je secouais la tête. Tu ne vas pas passer ta soirée ici !

- C'est bon, je m'en occupe, marmonna Oros en venant s'affaler en tailleurs à côté de moi, bouteille d'eau entre les doigts.

- Ne tardez pas trop alors, capitula notre mentor avant de sortir.

Il ne restait plus que moi et le bazané dans la salle. Je continuais d'enchaîner les pompes, l'ignorant parfaitement. Aucune envie de discuter. J'avais complètement craqué après que Syl m'ait laissé. Jey était venu me bouffer le cerveau et ça m'emmerdait. Je ne voulais pas penser à lui. Pourtant, il était marqué sur ma peau, à jamais. Je grognais et me laissais retomber sur le dos. Torse-nu, la peau en contact avec le sol froid, je frissonnais. 

- C'est la merde, soufflais-je alors en tournant le visage vers Oros qui releva un sourcil.

- Pourquoi ?

- Dis-moi ce que tu sais sur Jey. J'ai bien pigé qu'il s'était passé quelque chose entre vous, grinçais-je en détournant les yeux quand ses lèvres se mirent à sourire.

- On a beaucoup discuté Evan, c'est tout, lâcha-t-il avec un petit rire.

- Tu as pactisé avec l'ennemi.

- C'est ton ennemi !, répliqua-t-il rapidement en éclatant de rire. Je voulais apprendre à le cerner avant de le juger et j'ai bien fait. 

- Tu en as déduit quoi ?

- Qu'il est dingue de toi, annonça-t-il simplement, me faisant stopper ma main à une vingtaine de centimètres de mes cheveux. Ça, j'en suis convaincu.

- Franchement, j'ai envie de rire là.

- Pourquoi ?, ses sourcils se froncèrent quand je déposais mon regard sur lui.

- Il a dû tourner l'histoire à son avantage, c'est tout, répondis-je en haussant les épaules à même le sol alors que mes doigts glissaient dans mes cheveux. Il a toujours agi comme ça.

- Détrompe-toi. Il m'a dit qu'il t'avait trompé, qu'il avait couché avec son pote. Il m'a parlé pendant des heures de son plan où tu devais mourir. Il m'a parlé de ton père, de votre relation. Il m'a parlé de toi pendant des soirées. Il n'a pas su s'arrêter Evan, je le conçois mais aujourd'hui, il se reprend tout dans le gueule, siffla Oros en se relevant. Et je ne pense pas que tu souffres un dixième de ce qu'il subit réellement. C'est lui qui a fait les erreurs, pas toi. Tu ne vis pas avec tous ces regrets.

- Ta gueule, tu ne sais rien, crachais-je en détournant les yeux alors que je restais au sol.

- Ouvrez un peu les yeux avant de l'enfoncer.

- Tu ne dois pas avoir autant discuté avec lui que tu le prétends si tu dis ça. 

- Pourquoi tu lui en veux Evan en réalité ?, hurla-t-il alors en me faisant me redresser brusquement. Parce que pour info, quand on hait quelqu'un, on ne porte pas son pendentif, on n'a pas un tatouage qui se réfère à lui ! On ne vit pas que par lui et ses actes ! Alors dis-moi pourquoi tu lui en veux !

Les yeux écarquillés, je fixais Oros, poings sur les hanches qui me fusillaient du regard. Il n'avait pas à me hurler dessus de cette façon. Il n'avait pas à me parler de Jey de cette manière. Mes mains se refermèrent contre le sol. Et le pendentif se mit à briller de plus en plus fort sur mon torse, sans me brûler, pour une fois. Je fronçais immédiatement les sourcils en l'attrapant entre mes doigts. Oros avait raison, pourquoi je le gardais avec moi au juste ? A chaque fois que je le voyais, tout me renvoyait à Jey, celui qui me faisait souffrir. Je serrais les dents alors qu'Oros affichait un air satisfait.