Chapitre 2 : En cours

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Ulrich

Nous sommes en plein cours de philosophie un lundi avec notre très cher professeur, monsieur Percher, qui porte remarquablement bien son nom de famille, puisque son excentricité ne semble pas encore avoir trouvée un égal dans tout notre lycée, même les autres professeurs préfèrent l'éviter quand c'est possible... En attendant, ni moi ni mon nouveau voisin de classe, Arthur, n'arrivons à suivre... Je me tourne vers lui pour en avoir la confirmation.

« Je ne comprends absolument rien, et toi ?

- Pareil... »

Bon, il m'a répondu et je devrais déjà être content, car il y a une semaine il n'aurait même pas jeté un regard dans ma direction, on peut donc dire qu'il y a du progrès, ce qui n'est pas pour me déplaire, loin de là. Une fois sortis de cet interminable cours, il est temps pour nous d'aller en latin, pendant que tous les autres élèves nous fixent d'un air bizarre. En fait, depuis que j'ai adressé la parole à Arthur on me jette des regards étranges, regards qui s'en vont dès que je me détourne de lui pour aller parler aux autres. D'une manière générale je suis plutôt bien apprécié dans la classe, et je n'ai aucune inimitié envers qui que ce soit, sauf pour Lucie, une brune parfaitement imbuvable, qui passe son temps à critiquer Arthur dans tous les sens possibles, d'ailleurs je l'entends encore à ce sujet avec Jérémy, un terminal S que je n'apprécie pas beaucoup, à croire qu'elle n'a rien d'autre de mieux à faire.

« Tu te rends compte ? Il s'accapare le pauvre Ulrich, si c'est pas malheureux... C'est son seul ami, alors forcément il ne veut plus le lâcher. Ou alors il a d'autres pensées à son égard. Oh, ce serait drôle si je répandais la rumeur, tu ne crois pas ?

- Je ne sais pas, c'est sûr que ça pourrait être amusant, mais on fait quoi si c'est vrai ?

- C'est encore mieux si c'est vrai, tu ne crois pas ?

- Au lieu de dire des méchancetés vous feriez mieux de vous occuper de vos affaires, vous ne croyez pas ? »

Ils me fusillent tous les deux du regard avant de tourner les talons pour aller un peu plus loin dans le couloir. Pendant ce temps, Arthur, qui a tout entendu se contente de les ignorer, et feint de n'avoir rien su.

« Ils sont bêtes, c'est tout.

- Je me fiche d'eux, t'as pas besoin de me remonter le moral quand ce n'est pas nécessaire, en fait même si c'est nécessaire d'ailleurs. »

Là-dessus il n'a pas changé d'un poil, toujours à croire que je n'ai rien à faire pour lui, alors que je veux absolument devenir son ami. Je dois bien admettre qu'il m'intrigue, mais ce n'est pas la seule raison qui me pousse à vouloir être plus proche de lui, pour tout dire je m'inquiète. Il n'a aucune confiance en lui, préfère fuir les gens plutôt que de les côtoyer, sans compter la très basse estime qu'il a de lui-même. Ajoutez à cela le fait qu'il ne veut ABSOLUMENT pas me déranger avec son évidente dépression, et le portait sera complet. Je ne lui demande pas non plus de tout me dire, ni même en fait de me dire quoi que ce soit, après tout nous ne sommes pas si proche que ça, et je n'ai aucune curiosité mal placée... bon en fait si, un peu, mais je n'ai aucunement l'intention de me mêler des affaires qui ne regardent pas. Bref, nous commençons le cours avec notre charmante professeure... pas si charmante que ça en fin de compte. Bon, au moins elle est bonne oratrice, et détaille la traduction, ce qui n'est pas plus mal, puisque dans mon ancien lycée c'était plutôt compliqué pour suivre. A la fin du cours, qui signe aussi la fin de la journée, je me contente d'aller à mon arrêt de bus, tandis que lui, qui emprunte le même chemin que moi va plus loin et descend la rue, apparemment il vit plus en bas. J'espère qu'un jour je pourrais voir à quoi ressemble son monde, s'il m'y autorise.

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