Chapitre 5 : Sortie entre amis

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Arthur


Je suis sorti de l'hôpital hier après-midi, et le moins que l'on puisse dire c'est que ma mère était loin d'être ravie de venir me chercher. Pourtant elle l'a fait sans se plaindre, et a même lancé de nombreux sourires de façades, avec de temps en temps une mine faussement surprise et attristée en entendant les résultats des quelques tests qu'ils m'ont fait subir. Bilan des courses : trois côtes cassées, plus quelques hématomes par-ci par-là. Il n'y a pas à dire, elle s'est surpassée ce coup-ci. Enfin bon, j'ai au moins une certaine consolation dans le sens où je vais au cinéma samedi après-midi avec l'homme que j'aime, bien que lui ne sache pas la nature des sentiments que je lui porte. Mieux vaut continuer à jouer le rôle de l'ami, puis, après la terminale, on discutera de moins en moins avec la distance que nous aurons pris à cause de nos projets pour l'avenir, et nous finirons par nous oublier mutuellement, c'est mieux comme ça. L'espace d'un instant j'avais eu envie de couper les ponts avec lui et de me mettre à l'ignorer pendant le reste de l'année pour tuer ces sentiments, mais finalement je n'ai pas pu m'y résoudre : j'aurais continué à le voir tout ce temps, et ce simple fait m'aurait fait beaucoup souffrir. Donc du coup je préfère rester à ses côtés en tant qu'ami, ce n'est déjà pas si mal quand on y réfléchit, et puis qui sait, peut-être que je finirai par tomber amoureux de quelqu'un d'autre que lui, ce n'est pas exclu. Ouais, non en fait, je ne mériterai pas non plus cette autre personne, au final ça ne change rien.

Bon bref, il est déjà l'heure d'aller au lycée. Une fois de plus je me retrouve devant les grilles à attendre comme un idiot. Lorsqu'elles s'ouvrent, je m'en vais direction vous-savez-quel-endroit. Où est-ce que je pourrais aller sinon ?

Au bout de dix minutes j'entends un bruit de pas qui m'est familier, celui d'Ulrich qui, comme à son habitude vient à ma rencontre. Je lui fais une place (parce que oui, je prenais il y a encore quelques secondes toute la place dans ces fichus escaliers) avant de le fixer longuement. Là où c'est gênant, c'est quand il me fixe à son tour... pendant de longues secondes. Pourtant c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à détourner le regard, alors je lui lance un simple « bonjour ». Il me répond à son tour un « bonjour » neutre, trop fasciné par ce qu'il regarde. Du moins ose-je (imprononçable) l'espérer. Finalement je détourne le regard, trop gêné pour soutenir le sien. Il brise alors le silence.

« Ça va ?

- Ou-ouais, ça va. On peut savoir pourquoi tu me fixais il y a un instant ?

- Hein ? Mais c'est toi qui me fixais.

- M-mais pas du tout enfin ! »

Mon Dieu la honte ! J'aimerais pouvoir me cacher dans un trou de souris.

« Ok, admettons que tu ne me fixais pas, tu es sûr que ça va ?

- Pourquoi ça n'irait pas ?

- Je ne sais pas, juste comme ça.

- T'es bizarre.

- Ce n'est pas la chose la plus gentille que tu m'aies dit jusque-là...

- Je plaide coupable.

- Encore heureux ! »

Puis il éclate de rire sans que je sache pourquoi. Quand je lui pose la question sa réponse me déconcerte.

« Cette conversation tourne en rond, tu ne trouves pas ?

- Si, un peu. »

J'espère juste qu'elle va s'arrêter, parce que je suis complétement perdu et je n'ai pas spécialement envie d'être encore plus gêné que je ne le suis déjà. Finalement la sonnerie retentit, me permettant d'échapper à ce moment de gêne intégrale, et c'est tant mieux comme ça. Les cours sont bizarrement très intéressants aujourd'hui, sans doute parce que j'ai passé quelque temps à l'hôpital au lieu du lycée. Certains me regardent avec curiosité, d'autres avec tristesse, ceux qui restent préfèrent se concentrer sur leurs notes. Je ne saurais dire comment, mais l'ambiance est plutôt différente de d'habitude. Et une certaine Clara vient de m'envoyer une boulette de papier, que je déplie aussitôt. J'y trouve un petit message.

RainWhere stories live. Discover now