Chapitre 2

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  Chapitre 2
***Adja***

Il y a plusieurs choses dans ma vie qui ne changeront jamais mon réveil qui sonne le matin en fait partie. Je n'ai même pas assez dormi mais il est 09h et je dois être au salon à 10h.

Je me suis levée du lit avec beaucoup de difficultés, j'ai traîné des pieds jusqu'au toilette. Si ma mère m'avait vu elle m'aurait insulté, c'est sûr. À ce qui parait, c'est pas bien de traîner les pieds. Les sénégalais sont trop superstitieux.

Après ma douche je suis allée me chercher quoi mettre, j'étais trop découragée quand j'ai vu comment Fanta avait encore saccagé notre armoire. Mais c'est de ma faute, je vais aller chercher une valise et y mettre tous mes habits tout ce qu'elle fera après c'est son problème.

J'ai enlevé tous les habits de Fanta pour les jeter sur le lit quand elle rentrera elle sera obligée de les pliér. J'ai opté pour un jean et un haut avec un peu de maquillage, je ne vais pas à une fête non plus. Je serai surprise s'il y a beaucoup de monde au salon aujourd'hui. D'habitude les jeudis sont calmes et malheureusement pour moi j'ai pas de salaire juste une petite commission et ça dépend du nombre de clientes, à savoir l'argent que ma patronne reçoit. Travailler dans un salon c'est vraiment une exploitation notre statut d'élève ne change jamais ou alors c'est Nogaye qui n'est pas honnête avec nous. On est trois élèves plus elle la patronne à travailler.

J'ai acheté du pain avant de partir. Il n'y avait que moi à la maison ma mère est parti vendre au marché et mes petits frères et sœurs sont déjà à l'école. Moi ça fait longtemps que j'ai arrêté l'école. En fait j'ai même pas arrêté on m'a chassé. J'ai réussi à atteindre la classe de troisième. Par deux fois j'ai raté le BFEM et j'ai pas eu la moyenne c'est pour ça qu'on m'as chassé de l'école. Et comme maman n'avait pas de quoi me payé le privé je suis restée à la maison.
Tout ce que je peux faire maintenant c'est de prier que mes petits frères réussissent à l'école puisque moi j'ai déjà échoué.

******

-Adja Astou, tu ne dors pas quand même ?

Non mais pour qui elle me prend Nogaye ? Je ne vais pas dormir ici alors que ma maison est dans le même quartier.

- Non non j'étais sur mon téléphone.

-C'est pour ça que tu n'entendais pas quand je t'appelais.

-Non, j'étais trop concentrée.
-Je veux que tu ailles chez Rabi pour moi stp
- Rabi? Pourquoi faire?
-Pour le sac qu'elle avait pris ici elle ne l'a pas encore payé. Vas-y et dis-lui que tu viens de la part de Nogaye elle saura bien ce que tu es venue chercher.

Je suis partie faire ce qu'elle voulait. C'est ça qui est embêtant au salon, s'il n'y a personne c'est sûr que tu vas faire des commissions surtout avec Nogaye qui nous donne toujours des choses à faire.
Heureusement la maison de Rabi n'est pas éloignée.
La porte n'est pas fermée c'est une habitude dans les maisons aux parcelles.

-Bonjour.

En entrant dans la maison j'ai salué, c'est Ouleye la petite sœur de Rabi qui est sortie.

-Adja comment tu vas ?
-Je vais bien Ouleye et toi ?
-Ça va merci
-Rabi est là?
-Elle est dans sa chambre attend au salon je vais l'appeler.

J'ai trouvé les enfants au salon en train de regarder les dessins animés, on dirait ma petite sœur, Eva ils aiment trop ça.

-Les enfants comment vous allez ?

Ils se sont retournés pour me regarder mais personne n'a répondu. Les enfants de Rabi sont pourris.

Mais Ouleye m'a oublié ou quoi ? Où est passé Rabi qu'elle devait appeler pour moi ?
Ah enfin elle revient mais je ne vois toujours pas Rabi.

-Adja, Rabi dors en ce moment pourrais-tu repasser ?
-D'accord

J'ai quitté leur maison. Quoi qu'il puisse se passait ça ne me regarde pas. C'est entre Rabi et Nogaye. Mais si elle dormait vraiment Ouleye ne serait pas aussi longue.
Nogaye va encore être en rogne mais cette attitude est typiquement sénégalaise. On contracte des dettes pour après les fuir.
Je suis de retour au salon

-Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

Nogaye ne m'a même pas laissé le temps de prononcer un mot.

-Je n'ai pas pu lui parler.
-Comment ça?
-A mon arrivée j'ai été reçue par Ouleye et elle m'a dit que Rabi était dans sa chambre et qu'elle allait l'appeler. Elle partit puis revint pour me dire que Rabi dormait tout en me demandant si je pourrais repasser.

-Il n'en est rien de tout ça ! Dit Dié
- A qui le dis-tu Dié? Rabi se joue de moi, je vais partir la voir on saura bien si elle dort ou pas ?

Nogaye n'a plus prononcé un mot et elle s'en est allé nous laissant dans le salon moi, Dié et Mamy.

-Je plains Nogaye avec ses ventes...M'exprimé-je.
-Il ne peut en être autrement. Les sénégalais aiment trop la facilité. Si tu sais que tu n'as pas d'argent, il faut te cribler de dettes et les laisser à ceux qui peuvent payer.
-Dié n'oublie pas que les temps sont dures.
- Adja, ne te moqués pas de moi ! Nogaye ne vendait pas ni à boire ni à manger, elle vendait des sacs et des chaussures. Elles veulent être au top et n'ont pas de quoi payer.
-Vous deux aussi vous vous habillez au top sans avoir des sous...Dit Mami.

Cette fille, c'est Lucifer incarnée.

-Adja et moi avons de bons amis qui payent pour nous.
- Des amis, ok. En tout cas les hommes ne donnent jamais des sous sans rien en retour.
- Tant que ce n'est pas néfaste pour nous, il n'y a pas de problème...Répondis-je.
- Je vous dis une chose , vous ne devriez rien reprocher à Rabi parce qu'elle au moins elle gère son ménage , elle n'est pas comme vous...Peste Mami.
- Adja , demande à Mami ce que nous sommes ?
-La question est plutôt ce que vous n'êtes pas? En plus moi de quoi je me mêle, j'avais juré de ne plus parler de vos histoires...Finit Mami.
-Tu ne peux tout simplement pas te retenir...Lui fais-je savoir.
-Je te prouverai le contraire. Je ne m'en mêlerais plus.
-On verra ça. Adja qu'est-ce que t'as prévu pour samedi soir?
-Je n'ai rien à faire. T'as un plan?

-Oui. Ouzin m'a invité mais il dit qu'il viendra avec ses copains. Accompagne-moi.
-Je ne sais pas pourquoi tu m'invites tu sais bien que Ouzin et moi on se dispute tout le temps.
-Ouzin et toi, je pense qu'on vous a maraboutés pour que vous ne vous entendiez pas.
-Personne ne nous a rien fait. C'est juste Ouzin qui est insupportable. D'ailleurs je ne sais pas ce que tu lui trouves.
-Tu ne peux pas le savoir. Tout ceci est une question d'amour. Le cœur a ses raisons.

Dié m'énerve. Regardez-là qui colle sa main à sa poitrine.

-Bon, ne gâche pas mon programme. Viens avec nous stp. Parce que si les autres n'amènent pas leurs petites amies je serai la seule fille et ce sera chiant.
-Les autres viendront accompagnés c'est sûr.
-Tu n'en sais rien. S'il te plait, fais un effort. Tu ne vas quand même pas passer un samedi chez toi avec ta mère et tes frères impolis?

Je réfléchis un peu. Elle n'a pas tort non quand même, je ferais mieux de les accompagner.  

Adja (Kene kou mel ni yow, version française)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora