Chapitre 15

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La prénombre envahissait la chambre, seul l'éclat de la lune à travers la baie vitrée l'éclairait. Ce silence apaisant qu'Ambre appréciait tant était tout d'un coup alourdissant. La place vide et froide lui indiqua qu'Adriano n'était plus à ses côtés. Remettant de l'ordre dans ses cheveux, elle sorti du lit, nue, et enfila un peignoir. Il se tenait là, debout sur la terrasse de la chambre, un simple boxer recouvrait sa nudité, observant la mer dans laquelle se reflétait la lune. Cet homme était tout sauf ordinaire.

Grand ; fort ; impressionnant.

Sa beauté était hors norme, elle dépassait l'entendement alors qu'il était si réel. Il était d'une virilité incontestable quand bien même il ne cherchait pas à s'imposer.

Ambre ouvrit la baie vitrée et s'arrêta pour l'admirer. Indubitablement, on ne pouvait que tomber d'admiration devant lui. Une brise caressa son visage et fit voler ses cheveux avec légèreté. Il n'était qu'à quelques pas d'elle pourtant il semblait tellement inaccessible. Beau comme un dieu, son regard restait concentrer sur l'océan. Or,  elle était persuadée qu'il l'avait entendu arriver.

Le cœur de la jeune femme se serra douleureusement.

Après ce moment d'amour fort et intense qu'ils avaient partagés, ils s'étaient retrouvés sur la plage main dans la main et avaient passés des heures à se découvrir en parlant de leur famille respective avant de dîner et de dormir après une autre étreinte où le désir les avaient consumés entièrement. Mais, au fil des minutes Ambre sentait qu'Adriano s'éloignait. Non pas physiquement mais elle savait que quelque chose n'allait pas. Il y avait cet écart entre eux qui la mettait mal à l'aise. Mais plus qu'un malaise c'était la distance qu'elle ne supportait pas. Il n'était pas question qu'ils s'éloignent alors qu'ils venaient de s'unir dans une étreinte passionnelle.
C'était inconcevable !
Faisant abstraction de ses sombres pensés, elle le rejoignit.

__ Qu'est-ce que tu fais là : demanda-t-elle en posant sa tête sur son dos

__ Tu ne m'as pas tout dis n'est-ce pas ?

Ce n'était pas une question et ils le savaient tout les deux. Adriano était conscient que la jeune femme lui avait déjà dit beaucoup de choses mais il avait besoin d'entendre l'autre partie de l'histoire, celle qui était plus émotive, celle qui était plus intime. Et elle avait besoin de raconter l'ineffable, de se mettre à nu.
Parce que, oui. Il était temps de faire surgir les démons du passé. Quitte à montrer sa vulnérabilité.
Or vulnérable ? Elle ne l'avait jamais été. Elle avait toujours tout mit en œuvre pour se protéger. Mais aujourd'hui, il fallait qu'elle lui dise. C'était indispensable. Rassemblant son courage, elle croisa les bras sur sa poitrine lorsqu'il se retourna et plongea son regard si indescriptible dans le sien.

__ J'avais quatorze ans et je rentrais de mon cours de théâtre, il y avait une voiture de police devant la maison et la porte d'entrée était grande ouverte. Je me souviens que j'avais tout de suite trouvé ça bizarre, c'était comme un mauvais pressentiment, ça me compressait le cœur pourtant je continuait d'avancer jusqu'à l'intérieur. Si seulement j'avais su que ma vie changerait à jamais ce jour là  : dit-elle avant de se retourner subitement

Elle ne pouvait pas parler de ce jour fatidique avec le regard d'Adriano braqué sur elle, si intensément. Il ne voulait pas la mettre mal à l'aise loin de là cependant Ambre savait qu'elle n'arriverait pas jusqu'au bout si elle ne mettait pas un peu de distance entre eux. Comme lui quelques minutes plutôt, elle admira la mer avant de continuer.

__ Lorsque je suis rentrée, il y avait deux policiers en uniformes dans le salon, en plus de mes parents. L'un deux menottait mon père alors que ma mère pleurait à quelques pas de lui. Je n'ai pas compris dans l'immédiat ce qu'il se passait et comme personne ne me répondait lorsque je demandais, j'étais devenue complètement hystérique jusqu'à ce que l'autre policier me jette en plein visage que mon père avait volé vingt millions à l'entreprise dans laquelle il travaillait et qu'il devait payer pour cela car les propriétaires avaient portés plainte. Ce jour-là, j'ai cru que le ciel m'étais tombé sur la tête. J'ai pleuré, j'ai crié, j'ai hurlé mais rien n'y faisait, ils ne voulaient pas me rendre mon papa ils ne voulaient pas comprendre qu'il n'avait rien fait alors j'ai couru jusqu'à ma mère qui s'était effondrée lorsque les agents emmenaient mon père dehors, et je l'ai supplié de faire quelque chose pour aider Daddy mais avant qu'elle ne dise quoi que ce soit, elle fut secoué par une grosse crise et l'aire commençait à lui manquer alors j'ai cessé d'appeler à l'aide et j'ai couru jusque dans sa chambre chercher son masque à oxygène, mais c'est quand la crise devenait de plus en plus forte que je me suis rendu compte qu'il n'y avait plus d'oxygène dans la bouteille et... et le temps que l'ambulance arrive elle était déjà parti : confia-t-elle en pleurant pour la première fois devant lui

Pendant qu'elle parlait Adriano s'était approcher d'elle et l'avait enveloppé de ses bras. S'il ne la tenait pas fermement, elle se serait déjà effondrée.

__ Elle est morte et c'est ma faute... C'est ma faute... C'est ma faute : répéta-t-elle en laissant échapper des larmes de douleur

__ Non, ne dis pas ça. Ce n'est pas ta faute. Tu n'y es pour rien

__ Tu ne comprends pas : s'écria-t-elle anéanti

__ Quoi ? Qu'est-ce que je ne comprends pas mon amour

__ Il m'avait demandé de prendre soin d'elle. C'est la seule chose qu'il m'aie demandé et je n'ai même pas pu le faire.. C'était ma maman et... Je n'ai pas pu. Elle est morte dans mes bras et je n'ai rien pu faire, rien : dit-elle la gorge noué tant elle avait mal

__ Regarde moi Amore : supplia Adriano

Il prit son visage entre ses mains et emprisonna son regard dans le sien.

__ Ce n'est pas ta faute, Ambre. Tu n'étais qu'une enfant pourtant tu as tout tentée pour sauver ta mère. Le seul et unique responsable est Alonzo, ce porc a détruit ta vie et j'ai tellement honte de porter le même nom que lui alors qu'il t'as fait tant de mal. Ce n'est pas ta faute, ça n'a jamais été ta faute tu m'entends : lui dit-il

Ambre secoua la tête positivement les yeux embués de larmes.

__ Ce n'est pas ta faute, dis le : ordonna-t-il

__ Ce n'est pas ma faute : réussi-t-elle à dire

__ Voilà, c'est ça. Pleure mon amour, pleure, cela te feras du bien. N'ai pas honte de pleurer devant moi. Ne te retiens pas, cela démontre simplement que tu es forte. Tu as supportée tant de choses, il faut que tu lâche prise maintenant : rassura-t-il d'une voix douce

Encore une fois, il avait su lire en elle. Il avait su la comprendre sans qu'elle n'aie besoin de dire ne serait-ce qu'un mot. Il avait compris qu'elle avait besoin d'entendre qu'elle n'était coupable de rien. Parce qu'il fallait le dire. Elle était certainement la plus grande victime dans cette histoire. Et la souffrance qu'elle avait endurée était sans doute plus forte que celle de n'importe quelle autre personne.
Mais elle n'oubliait pas que lui aussi avait souffert, et sans attendre qu'il lui dise, elle resserra son étreinte.
Lui aussi avait besoin de réconfort.
Lui aussi avait besoin de déculpabiliser.
Parce que d'une façon ou d'une autre, il se sentait responsable de ce qu'elle avait vécu. Alonzo n'était peut-être que son oncle, mais c'était un Cavallarie, le même sang coulait dans leurs veines. Et cette vérité lui était insupportable. Tellement que l'aire qu'il respirait lui faisait mal à chaque inspiration. Cependant il ne dit rien, mais surtout il ne lui dit rien à elle. Elle était déjà bien assez bouleversée comme ça pour qu'il en rajoute. Il la serra fort dans ses bras en songeant à ce qu'elle puisse le quitter lorsque justice sera rendue à son père.
Était-ce le doute qui le poussait à penser de la sorte ?
Évidemment que non.
Il ne doutait pas de son amour. Mais l'aimait-elle suffisamment pour passer outre la douleur que lui avait infligé sa famille ?
Pourra-t-elle continuer à l'aimer sans voir en lui le neveu de l'homme qui était responsable de l'emprisonnement de son père et du décès prématuré de sa mère ?
Adriano était tourmenté par tant d'appréhensions, toutefois, il n'en montra rien. Ce n'était pas le moment, il se sentirait bien trop égoïste. Il savoura avec délectation la présence de la jeune femme. Peut-être le quittera-t-elle après cette nuit ?
Il n'en savait rien. Mais pour le moment elle était là dans ses bras et c'était, ça, le plus important. Le reste lui importait peu.

Il passèrent ainsi la nuit dans les bras l'un de l'autre, en profitant de la présence de chacun. Se disant je t'aime sans jamais le prononcer. De toute façon, entre eux, les mots étaient superflus n'est-ce pas ?




OPINIÂTRETÉ et HANTISE

                  ★DVcara★

Prisonnière de ses bras: Un Italien Amoureux Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant