Chapitre 16 (2) - Memories (Markson)

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J'avais 21 ans. J'entrais en troisième année de sociologie. J'étais amoureux de Mark depuis deux ans. Et je ne savais plus comment sortir la tête de mes problèmes. 

Je le voyais tous les jours au lycée, et je priais pour ne pas le croiser le soir, dans les rues de Séoul. C'était ma seule angoisse lorsque j'enfilais mon pull à capuche large et que je glissais dans mes poches des sachets d'herbe que j'allais ensuite vendre dans les ruelles des quartiers pauvres.

J'avais commencé au sein de cette filière à peu près en même temps que j'étais tombé amoureux de Mark, mais les sentiments que je ressentais quand j'étais avec lui étaient tellement éloignés du comportement que je devais avoir la nuit. J'avais un jour croisé une bande de dealer en rentrant d'un bar tard. Ils m'avaient accostés, proposé un joint, puis un deuxième, et lorsque j'étais plus détendu, ils m'avaient proposé d'entrer dans leur groupe, en précisant que je garderai une partie des bénéfices de ce que je vendais. Et j'avais besoin de penser à autre chose que mon quotidien de gay refoulé, de peur des moqueries et du jugement des autres. J'avais sûrement aussi besoin de confiance en moi, et à ce moment là, j'ai cru qu'accepter m'aiderai.

C'était le cas, et je m'étais interdit de fumer ce que je vendais. C'est ainsi que la première année, à l'abri des regards, dans le secret total, j'ai progressé dans la hiérarchie du réseau, arpentant les rues presque tous les soirs, délaissant parfois même mes études, même si j'essayais de conjuguer les deux pour ne pas éveiller les soupçons. 

C'est lorsque je me suis fait tatouer dans le bas du dos le symbole de la bande à laquelle j'appartenais que j'ai commencé à comprendre que je n'allais pas m'en sortir, que j'étais piégé. Cette vie nocturne ne me convenait plus, j'avais peur de me faire découvrir, j'avais peur de la honte et j'avais peur qu'il finisse par m'arriver quelque chose de mauvais, car plus je me rapprochais des dirigeants, plus je constatais les facettes sombres que je ne voyais pas lorsque je vendais simplement la marchandise dans les rues. Et tout ça m'a effrayé. 

J'ai fini par me demander ce que je faisais là, comment j'en étais arrivé là. Je voulais arrêter, même si une partie de moi s'était habituée à être sombre, secret et froid. Je voyais bien que j'avais changé, mes amis le remarquaient, et mon caractère était devenu celui d'une personne asociale et repliée sur elle-même. J'avais commencé à consommer régulièrement ce que je vendais, et je ne voulais pas devenir accro, j'avais peur de l'être déjà en réalité.

Alors un soir, j'ai surmonté mes peurs et ma fierté, et je suis parti plus tôt que d'habitude du bar où on la bande se réunissait habituellement pour aller toquer chez Mark, qui vivait déjà dans un appartement seul. C'était à lui que je devais parler, parce que je pensais que c'était le seul qui pourrait me comprendre et m'aider à m'ne sortir. Je l'aimais et je me doutais que ce n'était pas réciproque, mais je n'en pouvais plus de l'éviter au lycée la journée. A cet instant, j'avais besoin de le voir, de sentir sa peau contre la mienne et d'entendre sa voix qui me rassurait. J'assumais pour la première fois depuis deux ans mon amour pour lui et le fait que j'avais besoin d'aide.

Quand il m'a vu arriver avec ma capuche, mon regard rougi par la drogue et les mains abîmées parce que j'avais du forcer la porte de derrière pour quitter l'établissement, il a compris que quelque chose n'allait pas.

Je lui ai tout dit. Tout. Comment j'avais commencé à vendre de la drogue, que je l'aimais, que je ne voulais plus me cacher de mes activités nocturnes parce que je voulais m'en sortir, et que j'avais peur de ne pas savoir vivre avec ce nouveau caractère qui s'était forgé après toutes mes nuits passées à errer dans Séoul.

Il m'a écouté en me fixant dans les yeux, et les seuls mots qu'il a prononcé ensuite sont ceux qui m'ont marqué, blessé, et en même temps donné envie de sortir de tout ça.

" Je suis déçu Jackson. "

En réalité il était déçu que je ne lui en ai jamais parlé avant, que j'ai gardé ça pour moi pendant ces deux années. Il a très peu parlé des sentiments que j'avais pour lui, et il était évident qu'il n'en avait pas pour moi. Mais à ce moment, j'étais juste anéanti. Je me doutais qu'il allait être déçu de moi, c'était ce dont j'étais le plus effrayé, mais j'avais réussi à dépasser ce que je ressentait pour venir lui parler de tout ça. Je voulais juste qu'il m'aide.

C'est ce qu'il a fait ensuite, depuis ce jour là. Il m'a aidé à revivre le jour et m'a surveillé pour que je ne sorte plus la nuit. Il m'a fait voir en face la mauvais influence que le groupe avait eu sur mon comportement et mes émotions. J'étais devenu froid, me cachant derrière une carapace d'orgueil et de secret pour éviter de montrer mon manque de confiance en moi et mes réelles émotions, préférant dire que je n'en ressentais pas. C'est grâce à lui que je m'en suis sorti, mais ce qu'il m'a dit ce soir là m'a marqué. 

Je n'ai jamais goûté ses lèvres, mais j'aurais aimé. Au bout d'un long moment, mes sentiments ont commencé à s'estomper, au fur et à mesure que je vivais d'autre choses et que je m'éloignais de mon passé. Même si de temps en temps je ressentais encore des mélanges de jalousie et de tristesse en pensant à ce qu'on aurait pu être, je voulais passer à autre chose, et c'était bien le signe que j'allais mieux. La seule trace que je gardais, c'était mon tatouage, mais je voulais le prendre comme une marque de victoire sur une dépendance dont je m'étais détachée. Je m'étais promis de ne jamais plus décevoir personne à qui je tenais vraiment, et j'ai toujours tenu.

Jusqu'à ce soir.

Lorsque je m'interromps, Hannah s'approche de moi et me prends les mains. Elle fixe ses yeux dans les siens et je termine :

" - Je sais que tu ne me fera peut-être plus confiance et que tu ne m'as peut être jamais fait confiance d'ailleurs. Mais même si ça fait seulement deux semaines qu'on s'est rencontrés, je viens de te confier ce que j'ai mis deux ans à révéler à mes amis. Je tiens à toi et je ne veux pas que tu sois déçue de moi.

- Jackson... "

Elle a la voix qui tremble.

" Je suis touchée que tu me parles de tout ça maintenant. Vraiment. Je vais te dire pourquoi je suis si énervée. "

Elle marque un silence pour prendre sa respiration avant d'expliquer :

" Mon grand frère est rentré dans un réseau de dealers dans la ville où nous habitions avant. Il y est resté pendant un an seulement, mais ils ont eu une très mauvaise influence sur lui. Non seulement il ne dormait plus la nuit, il n'étudiait plus alors qu'il était promis à un avenir brillant en médecine, mais en plus il était devenu accro à l'héroïne et à l'ectasy qu'il vendait. Tellement accro qu'un jour, on l'a retrouvé immobile dans sa chambre, les yeux révulsés et de la salive qui lui coulait sur le menton. Il avait fait une overdose d'une énième dose quotidienne. Et je ne veux plus que ça arrive à ceux à qui je tiens. "

C'est la première fois que je la vois comme ça. Elle qui est d'habitude si joyeuse et fière, elle a maintenant les yeux pleins de larmes et les doigts crispés autour des miens. Alors sans rien ajouter, je l'attire contre moi. Elle pose sa tête contre mon épaule et je sens son souffle s'échouer contre mon torse tandis que je lui caresse les cheveux.

Et nous restons comme ça un moment, sans rien dire, en pensant chacun à nos souvenirs qui se recoupent et dont nous voulons tout les deux définitivement nous libérer.

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Je viens de remarquer une petite erreur dans le chapitre 15 : j'ai appelé l'ex copain de Youngjae Chan alors qu'il s'appelle Hyunjin. J'ai confondu avec mon Chanbaek ahah excusez moi ^^

Sinon, merci pour les 3k, c'est vraiment énorme ❤ Merci de lire, voter et laisser votre avis, c'est important pour moi et ça me touche que vous accordiez un peu de temps à mes histoires :3

Feelings [Got7 multipairings]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant