8 - La fiancée (première partie)

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Amos s'éloigna à grandes enjambées de la plage. Les élèves, déconfits et épuisés, regardèrent leur professeur s'installer confortablement sur un rocher et regarder l'océan comme si plus rien n'existait autour de lui. Ellynn sentit les muscles de ses jambes trembler dangereusement et elle se laissa tomber au sol aux côtés de Philys et d'Amaryllis qui n'en menaient pas plus large qu'elle.
Attilius alluma un grand feu dans la crique sans effectuer le moindre commentaire. Raide et fatiguée, Ellynn s'installa autour du grand brasier avec ses camarades de classe et se força à boire et manger.
Le silence qui régnait était un contraste saisissant comparé au tumulte des cris d'Amos quelques minutes auparavant. Il n'y avait plus que le bruit des vagues qui résonnait dans la crique. Tous étaient éreintés et essayaient de récupérer.
Ellynn promena un regard autour d'elle et fut frappée de voir autant de cernes sur le visage de ses camarades. Même Kunis ne pipait pas un mot. Elle était assise à côté de Timolas et avait posé sa tête sur son épaule. Les flammes dansaient sur leur visage et Ellynn eut un pincement au cœur devant cette vision si parfaite des deux. Timolas mâchouillait distraitement un morceau de bois de réglisse et semblait plongé dans ses pensées, son regard perdu dans les flammes.
Cela faisait maintenant deux mois qu'Ellynn se forçait à ne plus faire attention à lui. C'était un réel combat quotidien, tant sa présence remplissait chaque pièce qu'il entrait. Son charisme la déstabilisait et à maintes reprises, elle s'était surprise à l'observer en classe, leurs regards se croisant et l'ébranlant à chaque fois un peu plus.
Le vent se remit à souffler et Ellynn put voir au loin de gros nuages noirs foncer droit sur eux. 

- Ca promet, marmonna-t-elle entre ses dents avant de reporter son attention à Amaryllis qui n'avait pas dit un mot depuis l'altercation avec Kunis.

Assis près d'elle, Philys essayait de la réconforter du mieux qu'il pouvait. Il était maladroit et ne savait pas trop quoi faire pour lui remonter le moral. 

- Ne t'inquiète pas, le rassura Amaryllis, ça va passer. Comme toujours. 

Elle lui offrit un sourire penaud, guère convaincant, et Ellynn fut saisie de voir autant de tristesse dans son regard. Amaryllis ne s'était jamais départi de son optimisme et la voir ainsi lui faisait mal. Elle voulait la questionner et comprendre pourquoi Kunis l'avait appelé « bâtarde » mais elle savait que ce n'était pas le bon moment et elle se sentit désemparée de ne pas savoir quoi lui dire.
Alors qu'elle réfléchissait à une formule quelconque de réconfort, Amos aboya un ordre, désorientant complètement Ellynn qui ne comprenait pas pourquoi tous ses camarades plongeaient soudainement dans leur sac et cherchait quelque chose à l'intérieur. 

- Quoi... qu'est-ce que... bafouilla-t-elle.
- Prends le couteau de poche qui se trouve dans ton sac, lui lança Philys qui avait déjà trouvé le sien. 

Ellynn s'exécuta et vit dans le fond de son sac un petit couteau incurvé dans son étui. Elle s'en empara, l'ajusta machinalement à sa ceinture puis suivit les élèves qui se dirigeaient déjà vers les falaises, en file indienne derrière Amos.
La procession avançait d'un bon pas sous le ciel qui se faisait de plus en plus menaçant. Le soleil commençait tout doucement à se coucher et l'air se rafraîchit considérablement en un coup.
Silencieusement, Ellynn pria pour que la journée se termine bientôt. Elle n'aspirait qu'à une seule chose : se retrouver dans les draps chauds et douillets de son lit. Ses jambes tremblaient de fatigue et ses muscles endoloris suivaient difficilement les ordres que son cerveau leur donnait.
Arrivés au pied de la falaise, Ellynn se rendit compte qu'il y avait un petit renfoncement dans la roche. Une gigantesque grotte avait été creusée au fil des années par l'eau de la mer. Amos fit voler son Amicus devant lui et ensemble, ils se dirigèrent vers le banc de sable qui se trouvait au fond de la grotte, un premier éclair ciselant le ciel.
Le soleil ayant disparu à l'horizon, Ellynn dut plisser des yeux pour reconnaître Attilius et Septimus qui les attendaient dans la pénombre. L'eau leur arrivait maintenant aux genoux et lorsqu'ils parvinrent au milieu de la crique, Attilius alluma une dizaine de torches avec un simple mouvement de mains. Une vingtaine de poteaux immergés à moitié dans l'eau apparurent aux yeux de tous, Amaryllis jetant des regards frénétiques autour d'elle, prise en un coup de panique. 

- Ca va aller ! la rassura Philys en posant sa main précautionneusement sur son épaule.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Ellynn pas plus rassurée que son amie.
- Je... je n'aime pas être enfermée, répondit Amaryllis d'une voix qu'elle tentait de contrôler.
- Il y a plusieurs issues et les professeurs sont là pour nous encadrer, dit Philys. Tout se passera bien, tu verras !

Amos poussa son « HA » familier et planta son bâton devant lui. Son regard perçant passait d'élève en élève tandis qu'Attilius et Septimus se positionnaient réciproquement à côté de lui, le vautour de Septimus croassant tellement fort que les poils de la nuque d'Ellynn se hérissèrent. 

- Bien – la voix sonore d'Amos emplit toute la grotte – ceci est votre dernier challenge de la journée mesdemoiselles, messieurs ! HA ! Veuillez mettre vos mains de part et d'autre du piquet qui se trouve juste devant vous.

Ellynn s'exécuta mal à l'aise. Pendant quelques secondes, rien ne se passa puis, doucement, tel un serpent s'enroulant autour d'une branche, des cordes sortirent de l'eau et lièrent ses mains au poteau pendant que d'autres s'enroulaient autour de ses chevilles. Sa respiration s'accéléra et Ellynn vit Amaryllis lui lancer des regards affolés. 

- L'épreuve est simple, dit Amos avec un sourire qui ne présageait rien de bon, sortez-vous de là. HA !


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Gnark gnark gnark hahahaha :))) 

Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant