8 - La fiancée (deuxième partie)

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Ce fut la seule instruction qu'il leur donna. Un long silence suivit ses paroles pendant lequel les élèves se demandèrent ce qu'il avait voulu leur dire. Puis, presque imperceptiblement, un frémissement se fit entendre au moment même où Ellynn sentit le niveau de l'eau monter. Amaryllis émit une petite exclamation de terreur, réveillant soudainement tous les élèves qui s'affairèrent à essayer de dénouer leurs liens.

Ellynn observa les cordes qui retenaient ses mains prisonnières et constata qu'elle n'allait pas avoir d'autre choix que de les couper pour parvenir à se délivrer. Se collant au poteau, elle tenta d'attraper le couteau qu'elle avait mis à sa ceinture. Par malchance, Ellynn l'avait mis trop loin et ne parvenait pas à l'attraper dans son dos. À court d'option, elle défit la boucle, fit glisser la ceinture le long de ses hanches et attrapa la dague dès qu'elle fut à portée de main.
Le couteau enfin dans ses main, elle jeta un regard autour d'elle pour voir où en était ses camarades de classe : Philys s'était déjà libérés les pieds et s'attaquait avec acharnement aux liens de ses poignets ; Amaryllis se débattait fébrilement avec les cordes de ses chevilles, sa tête sortant plusieurs fois de l'eau pour pouvoir respirer entre ses tentatives ; Berlios grimaçait de douleur, ses doigts en sang ; Kunis était concentrée, une expression féroce animant chaque trait de son visage ; Timolas semblait bien avancer mais était trop loin d'elle pour qu'elle puisse voir à quel stade il était déjà arrivé. Tous avait un point commun dans leur technique : ils commençait d'abord par leurs pieds pour ensuite s'occuper des liens de leurs mains. 

Soudain, alors qu'elle observait l'agilité de Philys, une douleur aigue transperça son bras. Poussant un cri, Ellynn lâcha son couteau qui s'enfonça dans l'eau. L'Amicus s'était posé sur son bras et lui lançait un regard furibond. Elle voulut se dégager – ses griffes entraient douloureusement dans sa peau – mais l'animal ne l'entendait pas de la même oreille et lui asséna un coup de bec supplémentaire pour la réprimander.
Ellynn sentit alors la marée lui arriver à la hauteur des hanches et se rendit brusquement compte qu'elle avait perdu un temps précieux à observer ses amis alors que le niveau de l'eau montait inexorablement. Tout de suite, elle plongea sa tête sous l'eau, récupéra le couteau puis remonta à la surface pour prendre une profonde inspiration et s'attaquer enfin aux cordes qui retenaient ses pieds. 

La tâche fut plus compliquée que ce qu'elle n'avait présagé. Le mouvement de la marée soulevait du sable dans le fond marin et provoquait un petit nuage de fumée qui l'empêchait de bien voir. L'effort l'obligeait également à remonter régulièrement à la surface pour prendre de l'oxygène et ce n'est que lorsque l'eau arriva à la moitié de son torse qu'elle parvint enfin à libérer ses pieds.
La grotte était à présent plongée dans l'obscurité. La nuit était tombée et seules les torches d'Attilius leur donnaient un brin de luminosité. Au loin, Ellynn aperçut Philys rejoindre son père sur le banc de sable. Il était manifestement le premier à s'être défait de ses liens et bombait le torse de fierté tandis qu'Attilius approuvait d'un signe de tête, sérieux et concentré comme à son habitude. 

Sans grand étonnement, ce fut Timolas qui sortit second de l'eau. Kunis les rejoignit quelques minutes plus tard, talonnée par après de Shannis, Lucas, Matthys et Basilius. Les autres élèves sortirent ensuite au compte-goutte, se rassemblant autour du feu qu'Attilius avait allumé pour qu'ils puissent se réchauffer pendant que les derniers essayaient de se dépêtrer de leurs liens.
Quand Amaryllis sortit de l'eau, Philys vint à sa rencontre et l'enroula dans une serviette. Il l'emmena ensuite se sécher devant le feu et ils regardèrent ensemble la fin de l'exercice d'Ellynn.
Ils n'étaient à présent plus que trois dans la crique : Berlios, Inès et elle. Le niveau de l'eau était maintenant alarmant alors qu'Ellynn redoublait d'effort pour sectionner le bout de corde qui ne voulait pas céder. La mer arrivait en-dessous de son menton et de petites vagues venaient l'éclabousser dans sa nuque. À plusieurs reprises, elle eut de l'eau dans la bouche et goûta sans le vouloir le goût répugnant d'algues et d'eau salée de la mer. 

Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant