17 - L'hôpital St Hippocrates (cinquième et dernière partie)

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Ellynn ouvrit la porte et fut surprise d'arriver dans une chambre petite mais très lumineuse. La fenêtre prenait toute la largeur de la pièce et laissait entrer les rayons du soleil. Jolan occupait un des deux lits et tenait dans ses mains la copie du journal Le Mouchard alors qu'Apolline dormait à ses côtés. 

- Bonjour, lança timidement Ellynn en refermant la porte dans son dos.

Il fallut un petit temps pour que Jolan réalise qui se tenait devant lui.

- Ellynn...

Sa voix n'était pas plus haute qu'un murmure.

- Tu as meilleure mine, dit Ellynn avec maladresse dans le silence qui s'installait. Comment te sens-tu ? 

Lors de leur voyage à Squilla, Ellynn n'avait pas pris le temps d'observer son ami d'enfance. Depuis leur dernière rencontre il y a un peu moins de trois ans, ses cheveux avaient foncé, sa mâchoire s'était carrée (c'était peut-être dû à ses joues encore creusées par la fatigue) et ses expressions ressemblaient fortement à celles de son père, Emeric.
Avec un sourire, Jolan déposa le journal sur sa table de chevet et se redressa pour être mieux installé.   

- Beaucoup mieux, grâce à toi. Prends une chaise, lui dit Jolan après un autre moment de silence embarrassant. Fais juste attention, elle est un peu bancale. Le docteur Théodorus a failli tomber lors de sa première visite. Mais si tu cales bien les pieds, tu ne devrais pas avoir de problème. 

Pas très rassurée, Ellynn s'installa prudemment sur la chaise et lança un regard à Apolline qui tenait fermement le pan de la chemise de Jolan malgré qu'elle soit endormie. 

- Comment va-t-elle ?

Jolan jeta un regard triste à sa sœur et lui caressa doucement la paume de sa main. 

- Elle est déboussolée. À part moi, elle ne connaît personne et se sent en insécurité. Elle ne comprend pas ce qui se passe et demande beaucoup après... après papa et maman, termina Jolan d'une voix rauque. 

Les yeux de Jolan devinrent subitement plus humide et Ellynn, gênée, baissa son regard, fixant obstinément le sol pour lui laisser le temps de se reprendre. 

- Heureusement – il s'éclaircit la gorge et Ellynn sut qu'elle pouvait à nouveau le regarder – le docteur Théodorus est prévenant et parvient peu à peu à gagner sa confiance. Hier, elle a rigolé pour la première fois depuis... depuis l'attaque du village.
- C'est bien, murmura Ellynn avec un pincement au cœur. 

Le visage paisible d'Apolline ne reflétait pas les séquelles psychologiques auxquelles elle faisait face. Elle devait être bouleversée depuis le décès de ses parents.

- Merci, dit Jolan d'un air grave. Tu nous as sauvé... sans toi, nous n'aurions pas survécu.
- Ne dis pas ça !
- C'est pourtant vrai, répliqua Jolan catégorique. Apolline refusait de me quitter pour se mettre à l'abri et pouvoir manger. On y serait resté si tu ne nous avais pas retrouvé à temps. Mr Tadius m'a expliqué ce que toi et tes amis avez fait pour nous. Nous te devons notre vie. 

Ellynn déglutit et se sentit mal à l'aise devant sa reconnaissance.

- Tu aurais fait pareil pour moi, répondit Ellynn à mi-voix.

Apolline gémit et se retourna dans son sommeil. 

- Qu'est-ce que les médecins ont dit pour tes blessures ? demanda Ellynn en changeant gauchement de sujet.
- J'en ai pour une longue convalescence, dit Jolan penaud en regardant sa hanche blessée. Plusieurs mois, voir même un peu plus d'un an.
- Tu auras des séquelles ?
- Le docteur Théodorus dit que non – il semblait avoir difficile à le croire – mais seul l'avenir nous le dira.

Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant