Troisieme Brouillon

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       Les vacances scolaires ont commencé depuis cinq jours maintenant et de mon côté vacance rimait avec travail. Mais je ne pouvais pas vraiment me plaindre car travailler dans un cinéma n'était pas spécialement horrible. Aujourd'hui et comme presque tous les jours, je commence à quatorze heures et comme à mon habitude, je me rends dans le petit restaurant cozy pas loin de mon lieu de travail pour prendre mon déjeuner avant d'aller bosser. Bizarrement, en ce cinquième jour de vacances scolaires, le restaurant était particulièrement plein et je me voyais déjà refusé l'accès. Une serveuse qui commençait à avoir l'habitude de me voir venir, me proposa cependant de partager une table. Je n'avais pas envie de déjeuner avec un ou une inconnue mais la faim l'emporta bien vite et je finis par accepter.  Je la suivis, le cœur quelque peu lourd en me demandant avec qui j'allais devoir partager mon repas. Elle me fit patienter à l'entrée de la deuxième salle pendant ce qui me paru des heures et revint à moi pour m'annoncer, le sourire aux lèvres, qu'un charmant monsieur acceptait volontiers de partager sa table. Seigneur, je me voyais déjà manger avec un homme d'une soixantaine d'années qui ne cesserait de me faire du rentre dedans jusqu'au dessert. Encore une fois, je la suivis bien sagement puis elle tira ma chaise et mes yeux s'écarquillèrent. Elle nous souhaita un bon appétit et s'en allant après nous avoir donner les menus.

-Salut Sibylle.
-Quelle coïncidence... dis-je nerveusement en repensant à la façon dont j'étais partie lors de notre premier rendez-vous.
-Je pensais pas qu'on se recroiserait.
-À vrai dire moi non plus, Thomas.
-Appelle moi Tom. Sourit-il. Puis la dernière fois on se vouvoyait je pense qu'on peut être un peu plus familier entre nous.
-Oui, tu as raison. Souris-je.
-Tu viens souvent ici ?
-Dès que j'en aie l'occasion à vrai dire et toi ?
-C'est la première fois. Tu me conseilles ?
-Avec plaisir !

       Je lui passai en revu tous les meilleurs plats et ceux à éviter pour ne pas risquer d'être déçu et la serveuse revint vers nous pour prendre nos commandes. Lorsqu'elle partit en cuisine, un silence commença doucement à s'installer mais Tom y mit fin rapidement.

-Tu es libre aujourd'hui ?
-Non, je commence le travail à quatorze heures.
-C'est une drôle d'heure pour commencer. Dit-il.
-Personne ne va au cinéma à huit heures du matin.
-T'as mentionné aucun cinéma ! S'insurgea-t-il, faussement.
-Eh bien c'est chose faite. Ris-je. Autrement, pourquoi cette question ?
-J'avais du temps libre et rien à faire en particulier alors je t'aurais bien proposé de passer du temps ensemble.
-Ah ouais, comme ça ? Alors qu'on s'est vu qu'une fois ?
-Bah on apprend pas à connaître les gens juste en leur disant bonjour. Souffla-t-il.
-Dommage, je travaille.
-Voici vos... Sibylle ? Intervint le serveur en déposant nos assiettes.
-Dean ? Depuis quand tu travailles ici ?
-C'est le restaurant de mon père et toi qu'est-ce que tu fais ici avec... lui ? Lança-t-il quelque peu mauvais en jetant un regard noir en direction de Tom.
-Eh bien, pour faire court, je viens manger ici assez souvent et c'était la seule place de libre et il se trouve qu'elle est occupée par quelqu'un que je connais déjà. Heureux hasard. Souris-je.
-Ouais... on en reparlera plus tard j'ai du boulot.

       Dean lança un dernier regard à Tom et tourna les talons. Le garçon en face de moi était perplexe et honnêtement je ne savais pas trop quoi dire après cette scène qui m'avait paru gênante et qui peut-être n'aurait pas dû se produire. J'espère que Dean n'avait pas mal interprété tout ça.

-Vous vous connaissez comment ? Me questionna Tom.
-On est au lycée ensemble et c'est accessoirement mon petit ami... depuis un mois.
-Ah, je comprends mieux les flingues dans ses yeux.

       Un rire s'échappa de nos bouches respectives mais je n'arrêtais pas de me dire que c'était mal et que tout ça n'aurait pas dû avoir lieu. J'avais le sentiment d'avoir fait quelque chose de mal. L'atmosphère s'était alourdie pendant le repas malgré les efforts de Tom pour ne laisser aucun silence gênant s'immiscer. Je n'avais qu'une envie, partir travailler. J'avais alors zappé le dessert, prétextant à Tom que je devais être un peu avant quatorze heures au boulot, réglai mon repas et sortis en furie du restaurant. Ça c'est un brouillon dont je me serais volontiers passée. C'est un brouillon qui avait peut-être mit Dean en colère. Encore une fois, j'étais partie comme une voleuse en laissant Tom seul et dubitatif. Il allait finir par croire que j'étais complètement cinglée à m'enfuir tout le temps. Puis de toutes façons, je n'allais sans doute pas le recroiser de si tôt.

       La fin d'après midi commençait réellement à être longue et les clients n'étaient pas très nombreux. En même temps, l'hiver gagnait de plus en plus de terrain et les gens hésitaient à sortir, surtout le soir. J'étais seule derrière la caisse, l'odeur du pop corn embaumait le hall et me donnait terriblement faim. Il devait être vingt-et-une heures et les dernières séances n'allaient pas tarder à être lancées. Dans trois heures j'allais pouvoir rentrer chez moi, le temps que les films se terminent, de ranger, nettoyer et fermer. Mais le temps était long lorsqu'il fallait attendre sans rien faire. Une voix masculine me sortit de ma rêverie alors que je regardais le programme des séances pour demain.

-Une place pour Star Wars.
-Je vais finir par croire que tu me suis. Souris-je sournoisement.
-Je pourrai peut-être te raccompagner après le boulot ?
-Je finis très tard, tu dormiras quand je rentrerai. Dis-je en lui tendant son ticket.
-J'insiste.
-Tu veux quelque chose à manger ou boire ?
-Du pop corn sucré et une bouteille de coca s'il te plaît.
-Tu vas souvent au cinéma tout seul ? L'interrogeai-je en allant préparer sa commande.
-C'est les seuls moments où je suis tranquille. Admit-il.
-Ca sonne très triste.
-Pas du tout. T'as eu mon téléphone pendant une journée, tu peux comprendre que j'aime être seul de temps en temps.
-Ton téléphone devrait brûler et passer sous un camion, j'ai passé une journée horrible. Avouai-je en lui tendant le pop corn et le coca. La séance va commencer dans cinq minutes, c'est salle trois.
-Merci, à tout à l'heure.
-Ne m'attends pas Tom. Ris-je.

Linked - Tom HollandKde žijí příběhy. Začni objevovat