Deuxième Esquisse

2.3K 128 7
                                    

Je ne m'attendais pas à ce qu'il se mette à neiger aussitôt que j'ai mit le pied dehors. Le vent ne soufflait pas, heureusement car je n'avais prévu ni écharpe ni gros manteau. Il ne faisait pas aussi froid hier soir. La seule option que j'avais pour avoir un semblant de chaleur était de fourrer mes mains bien au fond de mes poches et de zipper mon blouson jusqu'au menton en essayant de penser à la chaleur de la cheminée qui m'attendait à la maison.

-Sibylle !
-Je croyais t'avoir dit de ne pas m'attendre ?
-Et moi je croyais avoir insisté. Rit-il. J'ai garé ma voiture pas loin, je te ramène.
-Non c'est bon je peux marcher. Refusai-je.
-C'était pas une question. Répondit-il en me donnant un petit coup de coude. Allez viens, sinon tu vas te transformer en statue avant de rentrer chez toi.

       L'idée de monter dans sa voiture ne me rassurait pas vraiment du fait qu'on ne se connaisse pas tant que ça mais il est vrai que je rêvais d'un peu de chaleur alors je lui accordai le bénéfice du doute et le suivis jusqu'à sa voiture. Il semblait plus vieux que moi de deux ou trois ans maximum et je ne m'attendais pas à ce qu'un garçon si jeune puisse conduire ce genre de voiture. C'était une Audi R8 je crois. Je ne suis pas une spécialiste dans la matière mais il me semblait bien que c'en était une. Si David avait été là, il m'aurait donné confirmation. Je montai alors à bord du bolide en fermant soigneusement la portière puis regardait au tour de moi pendant que Tom mettait le contact. Le chauffage arriva très vite me procurant plusieurs frissons le temps que mon corps s'adapte. La neige tombait de plus en plus fort empêchant Tom de rouler à une allure constante. Le trajet jusque chez moi allait être plus long que prévu.

-T'es riche ? Demandai-je soudainement.
-Eh bien, disons que je me suis constitué une petite fortune.
-Ça vient de tes parents ?
-Non, mes parents sont loin d'être riches. Ils vivent même pas dans un quartier chic. J'ai un taff qui paye bien.
-Je suis désolée, je viens de me rendre compte que mes questions étaient pas mal indiscrètes. Ris-je nerveusement.

       Il ne me fit qu'un petit sourire et se concentra à nouveau sur la route sans dire un mot. J'espère qu'il ne croit pas que j'ai posé ces questions juste par intérêt.

-J'espère que tu crois pas que je suis une femme vénale. Je suis juste très indiscrète de nature.
-Ah non t'inquiète pas. J'ai simplement pas confiance sur la route, je ne m'attendais pas à ce qu'il neige autant.

       Je ne savais pas pourquoi ce qu'il pensait de moi m'importait mais je ne voulais pas qu'il ait une mauvaise image de ce que je suis. L'argent ne m'a jamais intéressée, j'ai toujours été quelqu'un de très simple et curieux et c'est vrai que les questions que je lui aie posé n'étaient pas très adéquates.

       Sur un trajet qui aurait dû durer moins d'un quart d'heure et qui a prit deux fois plus de temps, Tom arrêta enfin la voiture en face de chez moi. Je fus surprise de constater qu'il se souvenait du chemin que le taxi avait emprunté et je ne savais pas si je devais m'inquiéter ou pas. C'était le moment gênant. Je ne savais pas comment le remercier ni quoi faire. Sortir et dire merci, dire merci et sortir ? Je ne savais pas non plus quoi dire pour le remercier ni ce qui serait approprié et je pense qu'a cet instant présent je me posais beaucoup trop de questions.

-Tu rêves ?
-Oh non, je... merci de m'avoir ramenée.
-De rien.
-Tu retournes à ton hôtel ?
-Non, là je vais à Kingston. J'ai encore quelque jour de libres, mes parents veulent me voir.
-C'est pas très loin mais fait attention sur la route, prends ton temps. Lui dis-je.
-Oui, maman. Rit-il.

       Je lui jetai un regard faussement désapprobateur et sortis de la voiture. Alors qu'il s'éloignait, il sortit sa main par la fenêtre et l'agita frénétiquement pendant quelques secondes puis je rentrai.

       Alors que je m'étais levée pour aller au boulot, ma mère m'annonça que mon patron avait appelé pour me dire de rester chez moi à cause de la neige. La nuit dernière, les tombées avaient été tellement fortes que certaines routes avaient été fermées et que le cinéma était difficile d'accès. Cela m'arrangeait grandement j'aurais du temps pour me reposer et peut-être aller voir Dean. D'ailleurs, peu de temps après mon réveil, il m'avait envoyé un message dans l'espoir que l'on puisse se voir. Nous avions alors rendez-vous à quatorze heures chez lui. Dean faisait parti d'une famille plutôt aisée, son père avait ouvert deux restaurants à Londres et un à Hong Kong et sa mère était chirurgienne esthétique. En fait, ils gagnaient plus que très bien leur vie et leur maison ressemblait à un château. La grande sœur de Dean avait vingt-six ans et comptait toujours sur ses géniteurs pour se laisser vivre. Dean me racontait que ses parents n'en pouvaient plus et qu'ils avaient déjà tout essayé pour la faire partir de la maison mais elle s'obstine à jouer les parasites.

       Avant que je ne parte chez Dean, ma mère fit un check up complet de mon accoutrement. Elle vérifiait que je sois chaudement habillée au dessus et en dessous comme si j'avais encore cinq ans ce qui me fit rire puis daigna me laisser partir. Elle avait réajustée mon écharpe, remontée la fermeture de mon manteau jusqu'en haut et enfoncé plus profondément sur ma tête mon bonnet. J'avais l'impression d'être un manchot et je me mis à l'aise aussitôt que je franchis la porte d'entrée. Si Dean m'avait vu dans cet état il ne se serait pas privé d'émettre plusieurs commentaires qui l'auraient fait rire et qui, à contrario, m'auraient beaucoup plus énervée. Dean était le maître pour se foutre de quelqu'un et il ne mâchait pas ses mots, il est parfois très blessant sans s'en rendre compte.

Linked - Tom HollandWhere stories live. Discover now