Septième Brouillon

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       Noël arrivait à grand pas et David et moi étions chez notre mère pour le week-end. Ça me faisait bizarre de revenir à Brighton mais j'étais heureuse d'être là. Ma mère avait une mine fatiguée et le teint un peu pâle, la situation ne lui faisait pas de bien non plus. Elle était dans le même état que mon père. David était heureux de la voir et surtout d'être retourné au bord de la mer. Passez d'un climat comme celui-là à un climat londonien pur et dur avait été horrible.

-Tu vas revoir des amis ? Demanda ma mère.
-Je pense pas, pas ce week-end en tous cas.
-Ça va avec ton père.
-Oui, ça va.

       Je repensais à la lettre que Simon m'avait donné, j'avais peur de la remettre à ma mère mais je savais que sa réaction serait moindre si je devais la comparer à celle de mon père. J'attendrai sûrement le départ pour la lui donner. Je ne voulais pas prendre le risque de gâcher le week-end, pour ma mère et pour David qui n'avait qu'une envie, passer du temps avec sa maman. Pour fêter nos petites retrouvailles nous sommes tous les trois partis manger au restaurant avant d'aller au cinéma. Notre mère était heureuse d'être avec nous c'était flagrant et ça me faisait du bien de la revoir. Je n'étais pas aussi proche d'elle que de mon père mais mon dieu que sa présence m'avait manqué. Quand elle est là je n'ai plus besoin de me soucier de quoi que ce soit et surtout de mon frère.

       Ma mère était partie tôt au boulot ce matin mais un bon petit déjeuner nous attendait sur la table. Un fort soleil blanc se reflétait sur la mer éclairant tout le salon, la télé raisonnait au son des séries animées préférées de David pendant que je finissais la vaisselle. Nous avions prit de l'avance sur nos devoirs le jeudi soir pour profiter de notre mère mais la journée allait être longue sans elle.

-Bon, on sort ?
-Pour aller où ? Demanda David.
-À la mer ?
-La mer est en face de nous Lily !
-On va pas rester enfermé, si ?
-Mais il fait froid dehors. Soupira-t-il.
-Alors tu vas passer le week-end devant la télé ? En plus il fait moins froid qu'à Londres tu abuses.
-Tom va venir nous voir ?
-Tom travaille et on va pas passer notre vie avec lui.
-Alors je sors pas. Affirma-t-il d'un ton décidé.
-Tu n'as pas le choix. Conclus-je en lui lançant son manteau.

       Je voyais bien à sa mine déconfite que de sortir ne l'enchantait pas du tout mais je ne me voyais pas passer mon week-end enfermée. Brighton était moins enneigée que Londres mais il faisait tout de même un froid glacial. L'écume partageait la place avec la neige et les vagues faisaient un bruit monstre. David tapait des pieds pour me faire comprendre son mécontentement pendant que je tentais de me rappeler du chemin jusqu'à la salle d'arcades. Ma mère ne voulait jamais nous y emmener lorsque nous étions plus jeunes et mon père était tout le temps au travail. Lorsque nous entrâmes dans le bâtiment, mon petit frère me balança son manteau à la figure et couru dans tous les sens ne sachant où donner de la tête. Je faisais faire un peu de monnaie pendant qu'il me hurlait qu'il voulait faire ça et ça et ça. Très vite, une compétition s'installa entre nous et nous passâmes deux bonnes heures à nous battre sur différentes machines jusqu'à ce qu'il commence à avoir faim. C'est en tête à tête que nous déjeunâmes dans un petit restaurant en bord de mer. Nous étions près de la fenêtre, je le regardais manger emmitouflé dans son pull blanc irlandais, ses grosses lunettes rondes sur le nez, les cheveux complètement ébouriffés par le vent. Il dévorait son plat comme s'il n'avait pas mangé depuis des jours alors que j'avais à peine touché à mon assiette. Je repensais à la lettre, à mes parents, à mon frère et à la dernière conversation que j'avais eu avec Tom. Dean m'envoyait de plus en plus de messages et de mon côté je répondais de moins en moins. David avait raison, si ce n'est pas réciproque, pourquoi continuer ? Je voulais tout de même lui laisser sa chance, j'attendrai que le bal de l'hiver passe et si rien ne change alors je mettrai fin à notre relation. Une vibration sourde me fit sursauter et David attrapa aussitôt mon téléphone pour répondre.

-Tom ?! Ah c'est toi maman... bah non j'ai pas lu sur l'écran sinon j'aurais dit « maman »... On mange... C'est un restaurant près du Brighton Pier... Pourquoi ?... Elle mange... Pourquoi tu veux que je te la passe ?... Mais... Mais c'est qui Simon ?

       Je me redressai d'un coup et attrapai le téléphone.

-Maman ?
-Je sais pas ni quand ni comment, mais Simon est entré en relation avec toi et t'a donné quelque chose. Tu comptais m'en parler quand ? Dit-elle furieuse.
-Dimanche.
-Ce qu'il t'a donné est sûrement très important, tu aurais dû m'appeler !
-D'un côté on me dit « t'approche pas de Simon » de l'autre on me dit « Est-ce que Simon t'a parlé » vous le rejetez et c'est moi qui prends ?
-Baisse d'un ton s'il te plaît tu oublies à qui tu parles ! Grogna ma mère. Ce soir quand je rentre je veux que tu me donnes ce qu'il t'a confié et que tu me dises ce que vous vous êtes dit ! Ton père t'as INTERDIT de t'approcher de lui !
-Et comment t'as su qu'il m'avait parlé ? Râlai-je.
-Je sais tout Sybille.
-Ouais bah c'est pas ton fils pour rien !
-Et dès que vous avez mangez David et toi, vous rentrez immédiatement ! Je ne veux pas que mes enfants traînent dehors ! Et tu ne parles de rien à ton petit frère, c'est bien compris ?!
-Ouais, en attendant ça te gène pas d'avoir foutu Simon dehors à dix-sept ans. Lâchai-je d'un coup.
-J'espère que t'as prit de l'avance sur tes devoirs, parce qu'on va beaucoup parler quand je vais rentrer. À ce soir Sybille. Finit-elle froidement.

Linked - Tom HollandWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu