Cinquième Esquisse

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Après sept longues années d'absence mon grand frère Simon était là devant moi, assit l'air sérieux en me regardant fixement dans les yeux. Il ne ressemblait plus au garçon de dix-sept ans qui avait dû partir de la maison à cause de ce qu'il avait fait. C'était un homme imposant au visage dur. J'avais du mal à me dire que la personne face à moi était ce grand frère qui adorait passer du temps avec moi. Il me faisait un peu peur à vrai dire. Même si mon père ne voulait pas que je l'approche, je ne pouvais me résigner à le laisser tomber comme mes parents l'ont fait. J'attendais son retour depuis bien trop longtemps pour lui tourner le dos, peu importe ce qu'il veut, je ferai en sorte de l'aider. Tom était rentré entre temps et je lui avais demandé de s'occuper dans David pendant que je parlais avec Simon.

-C'est ton copain ? Me lança soudainement mon frère.
-Un ami.
-T'as pas de copain ?
-Si.
-David c'est le...
-Oui. Le coupai-je, je ne voulais pas prendre le risque que David puisse en entendre plus.
-Où sont les parents ?
-Papa travaille et maman est sûrement chez elle. Ils ont divorcé.
-Elle vit où maman ?
-À Brighton, comme avant. Simon, comment tu as su qu'on habitait ici ? Demandai-je timidement.
-Je sais tout Sibylle.
-Alors tu sais que si papa te voit là il va appeler la police ?
-C'est un risque à prendre mais je savais que je pourrais compter sur toi.
-Qu'est-ce qu'il y a ?

Il fit glisser une enveloppe craft sur la table. Il n'y avait aucune inscription dessus, elle était complètement vierge mais pesait un certain poids.

-Tu donneras ça à maman quand tu la verras. Je sais qu'elle ne pardonnera jamais ce que j'ai fait mais j'essaie de me racheter depuis.
-Qu'est-ce qu'il y a dedans ?
-C'est entre ma mère et moi... je ne veux pas que tu y jettes un coup d'œil.
-C'est autant ma mère que la tienne Simon.
-J'ai besoin que tu me fasses confiance Lily. Il ne me reste que toi. J'essaie de me reconstruire mais j'ai besoin qu'on m'aide.
-Je lui donnerai à une condition !
-Laquelle ?
-Peu importe ce que pensent les parents, je veux te voir plus souvent !
-D'accord. Sourit-il très légèrement. Une fois par semaine je viendrais te chercher et on ira boire un truc.
-Ça marche.
-J'y vais. Prends soin de toi frangine et de David. Dit-il en passant la porte.

Il est parti comme il est venu, en coup de vent. Je n'en savais pas plus sur ce qu'il devenait, s'il avait des problèmes ou non. Il m'avait simplement laissé cette lettre pour maman. L'envie de l'ouvrir était très forte mais je devais respecter les secrets de mon frère, ça ne regardait que lui et ma mère.

Le reste de la soirée s'est passée dans le calme le plus absolu. David n'a pas posé de question mais se doutait de quelque chose, quant à Tom, il avait tout de suite fait le rapprochement. Avant qu'il n'aille se coucher, David tenta tout de même, sûrement par curiosité, de poser une question sur l'homme qui était chez nous. Je n'avais pas eu de mal à changer de sujet en lui promettant de bonnes crêpes demain matin s'il passait une nuit tranquille. L'idée d'un déjeuner copieux l'enthousiasma tellement qu'il ferma immédiatement les yeux en me souhaitant une bonne comme pour m'inciter à sortir de sa chambre. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres et fermai la porte derrière moi. Je rejoignis Tom dans la cuisine qui finissait de faire la vaisselle.

-Tu arrêtes quand d'être aussi serviable ? Ris-je.
-Quand je dors !
-J'apprécie beaucoup que tu restes avec moi. On se connaît pas beaucoup et pourtant t'agis avec moi comme si on était amis depuis toujours.
-Ca fait du bien de temps en temps d'être traité comme une personne normale.
-Comment ça ?
-Oublie ce que je viens de dire. Ça va avec ton copain ?
-Change pas de sujet Tom, qu'est-ce que tu entendais par « une personne normale » ? Insistai-je.
-Tu t'en doutes non ? Ma voiture, mes fringues, les hôtels dans lesquels je dors...
-Tu parles du fait que tu sois riche ?
-Oui. Les gens te voient autrement mais toi tu me traites d'égale à égale.
-Hm non, tu dois te faire des idées, je suis amie avec toi juste pour ton argent. Souris-je sournoisement.
-J'aurais dû m'en douter ! Rit-il en m'aspergeant d'eau avec le robinet.

Une course poursuite démarra dans l'appartement entre lui et moi. Il courrait bien plus vite que moi mais je voulais tellement me venger que je tentais tant bien que mal de combler mon retard. Après dix minutes de course folle, je finis par m'étaler dans le canapé et Tom revint vers moi complètement hilare.

-Eh ben, déjà fatiguée Mademoiselle Nygma ?
-Tu cours trop vite ! Dis-je à bout de souffle.
-Ça va aller ?
-Je vais mourrir !

Un énième rire sortit de sa bouche alors que j'étouffais sur le canapé. Je n'étais vraiment pas très sportive, le moindre effort me cuisait sur place et je regrettais amèrement cette course folle.

-Respire par le nez. Me dit-il.
-C'était une mauvaise idée.
-Tu trouves ? Me taquina-t-il.
-Tu dois partir tôt demain ?
-Il faut que je sois au boulot à 10h. Je peux te déposer au lycée si tu veux ?
-Dépose plutôt David, il sera content.
-T'as peur que ton copain me voit ?

Touché.

-Un peu oui.
-Pourquoi ?
-Il est très jaloux, je crois qu'il a peur de toi.
-Peur de moi ?
-Fait pas celui qui ne comprends pas. Soufflai-je en le poussant.
-Et... il aurait des raisons d'avoir peur ?

Je le regardai sans rien dire, perdue dans mes pensées et surtout dans ses yeux chocolats. Lui non plus ne disait rien et restait immobile. Je ne savais pas si c'était une réponse à sa question ou une indécision de ma part que de rester muette mais je crois que, peut-être, Dean aurait des raisons d'avoir peur de Tom.

Linked - Tom HollandWhere stories live. Discover now