Chapitre 4 Undĕwial

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        Le magicien à la tunique automnale montait les marches d'Undĕwial. Un château d'un blanc éclatant et pur s'élevait dans le ciel fait de nuages cotonneux et d'un bleu limpide. Un arc imposant faisait office d'entrée avec des tours rouges. De chaque côté, des anses plus petites rejoignaient la structure grandiose qui grimpait en ovale vers trois donjons. Celle du milieu imitait la forme d'une aiguille. Les deux voussoirs rectangulaires à côté s'effilaient comme la pointe d'un sabre.

           L'architecture se représentait par des entrelacs et arabesques finement ciselées dans les parois. Des vitraux aux carreaux de couleurs cristallines parsemaient la lumière du jour sur tous les murs. Les rayons du soleil couchant dégustaient les lacis, en les faisant briller en un feu majestueux. Ils caressaient l'extrémité des tours et s'accrochaient aux arcs. Les rosaces absorbaient les raies en des miroitements tels des halos.

           La clarté déclinait inlassablement, sur un paysage apaisant. On pouvait croire que jamais la nuit ne pourrait un jour descendre en ce lieu.

           Un homme s'avançait avec beaucoup de mal vers les grands escaliers d'ivoires. Sa tunique en lambeau laissait paraître une ancienne couleur rougeoyante. Son visage strié de rides sur son front et sur ses joues et de griffures, maintenant cicatrisées, cédait leurs places à des bleus. Ses cheveux drus et remplis de gouttes de rosée atteignaient le milieu du dos. Sa barbe frisée et hirsute allait jusqu'en dessous de son cou. Ses sourcils crayeux étaient froncés sur ses yeux verts qui le rendaient impérial, malgré sa faiblesse croissante. De pâles tatouages, fait d'entrelacs, bordaient ses pommettes. C'était une forme ronde faite de lignes entrecroisées.

           Il se tenait à l'aide d'un grand bâton réalisé d'une branche d'hiver. Ses mains tremblaient sous l'effort. On remarquait la fatigue et l'épuisement prendre le dessus. Pourtant, il ne s'arrêtait pas. Dans ses yeux verts, on voyait luire une détermination nouvelle comme si cette perte d'énergie lui donnait le courage d'avancer. Une ardeur brûlante émanait de lui.

          Le vieillard cessa son ascension, à mi-chemin de l'escalier blanc, qui montait vers un édifice où des statuettes se hissaient vers le ciel. Il leva la tête et mit sa main sur sa taille pour que le souffle lui revienne.

           Un homme, entouré de nuages, se dressait sur les marches du haut. Tout aussi âgée, la vieillesse l'avait tout de même moins atteint que l'être meurtri. Les rides ne lui creusaient pas les joues. Il était muni d'un bâton aile de corbeau, se terminant par un rubis qui paraissait refléter le peu de lumière de la journée, déclinant derrière les arbres.

— Je sais ce que vous êtes venu chercher Githrandiar, le Magicien Sans-Visage.

— Alors qu'attendez-vous ? répondit l'interlocuteur avec impatience et fébrilité.

— Mon cher ami, je me suis déjà occupé de tout. En ce moment, même, je peux vous certifier que le bonheur l'a enfin rencontré.

Githrandiar, qui s'était armé de courage pour continuer la montée, s'arrêta d'un seul coup. Une ombre noire passa dans son regard tel une horreur. Il dut se tenir à deux mains sur son bâton pour s'empêcher de tomber. Son corps vacillait dangereusement au vu des convulsions incontrôlables. Une fois qu'il fut calmé, il fixa l'homme, complètement dévasté. Une larme naquit au bord de son œil.

— Vous... Non ! Non vous... Vous n'avez pas osé ?

— Évitez la niaiserie, mon vieil ami. Cela ne vous convient pas. Je n'ai jamais fait de mal et ce n'est pas maintenant que je vais commencer. L'enfant se trouve dans un endroit sûr et non en Eliandre, car c'est bien à cela que vous avez songé ? Mais le lieu où il se situe doit rester secret pour de nombreuses raisons. Donc, vous aussi vous devez ignorer où il s'avère être.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Where stories live. Discover now