Chapitre 11 A feu et à sang (1ère partie)

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          Les animaux s'enfuyaient en toute hâte entre les arbres et les buissons. La peur s'entendait dans leurs cris terrorisés. Des rapaces tournaient en cercle, dans le ciel, les ailes étendues. Des bandes d'oiseaux noirs s'envolaient des conifères précipitamment. Dans le cœur de cette forêt, des branches craquaient.

           Deux silhouettes floues couraient en sautant au-dessus des obstacles qu'elles rencontraient. L'une d'elles gagnait du terrain sur l'autre ombre.

            Soudain, celle en rouge, jeta derrière elle l'individu sombre et le plaqua, avec force, sur un tronc. Sa main blanche et fine le tenait à la gorge.

— Qui t'a créé ? feula la créature au visage dissimulé par la capuche dont une mèche enflammée dépassait du vêtement.

— Pourquoi te le dévoilerais-je ? grogna-t-il en suffoquant à moitié.

L'être appuya plus fort tandis que la peau craquait.

— Je te déconseille de me faire attendre ! ordonna-t-elle, d'une voix à l'intonation féminine.

— Souffrance, réussit-il à articuler.

La femme desserra un peu sa prise sans toutefois que sa proie puisse se libérer.

— Avoue-le, tu ignores le sens de ce mot, gronda-t-il. Tu ne torturerais sûrement pas si tu connaissais ses sensations inhumaines. C'est pour cette raison que tu aimes jouer avec les vies. Ton existence n'a éprouvé que des joies, mais un jour, tu as dû découvrir la couleur du sang par erreur. Et cette révélation t'a ouvert un nouvel horizon. Tes yeux parlent d'eux-mêmes, car ils prennent un malin plaisir à me voir me craquer. Tu adules la dominance. Tu sais que tu peux me détruire dans les secondes qui viennent. Je suis à ta merci et ce sentiment de puissance t'enivre, proféra-t-il dans un râle.

— Je la connais la souffrance depuis que je suis arrivée dans ce monde, répondit l'accusée.

— Vraiment ? Et ta douleur est d'être obligée de faire des calculs ? ricana le captif avant de tousser.

           Elle sortit une épée de sa botte qu'elle planta dans le cœur de la créature. Elle le tira ainsi sur une grande partie de la forêt. L'animal se débattait et essayait d'enlever la lame, mais chaque fois, il se brûlait. Des éclats bleus s'en échappaient dès qu'il tentait de la toucher.

— Tu n'as aucune chance de l'extirper. Elle est ensorcelée.

           La femme s'arrêta devant des lianes et les écarta. Derrière se trouvait un cabanon. Elle y entra et reprit à la gorge la bête pour l'enfermer dans une sorte de machine primitive où ses chevilles et ses mains étaient enserrées par des bracelets en fer rouillé. La chose essaya de se débattre sans résultats.

           La créature rousse s'assit avec élégance sur une petite table en bois aux pieds rongés par les thermites. Pourtant, son poids ne la fit pas s'ébranler où même se casser. Elle croisa ses jambes menues.

           Vêtue d'une tunique courte sur un pantalon, des bottes noires aux talons en métal ciselé montaient jusqu'à ses genoux. Des gants laissaient ses épaules dénudées. Sa taille et sa poitrine étaient serrées dans une brassière d'acier. Des entrelacs sur ses habits donnaient une touche féminine à cette légère armure.

           La lumière du jour qui s'infiltrait par le rideau de liane ne pouvait pas éclairer la cabane. Une lanterne aux fines langues de feu jetait des ombres mortuaires sur les murs.

— Ma mère venait dans ma chambre et me disait « Il est l'heure ». Alors, je me levais et j'attendais avec amertume le supplice arrivé sur moi, tel un fouet. Elle me regardait de ses yeux bleus, puis la souffrance m'atteignait en même temps que la glace. La douleur, d'abord supportable, devenait cuisante jusqu'à ce que je tombe à terre en me tordant et griffant le sol, en criant à me casser la voix. Cette torture durait un peu plus d'une heure. Le lendemain, je ne pouvais me lever et le Roi m'emmenait dans une cellule froide, pierreuse, aux barreaux en fer de quatre pouces d'épaisseur. J'y restais deux jours, sans manger, sans boire et sans couche pour dormir, juste les dalles et les murs aussi gelés qu'une ombre ténébreuse.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Where stories live. Discover now