Chapitre 6 Andor (1ère partie)

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          Sur des murailles, des nains armés de lances surveillaient les alentours. Derrière eux, un des leurs marchait avec noblesse. Il était vêtu d'une tunique noire et bleue. Il possédait des cheveux de jais brillants, longs et ondulés et une barbe obscure à la bouche visible. Son regard, d'un vert pétillant, plein de courage et d'honneur, débordait de bonté et de joie. Son corps puissant à la belle peau pêche bénéficiait de grandes mains musculeuses et de nerfs d'acier.

           Il se pencha sur l'enceinte et plissa les yeux afin de voir au loin.


           Un grand loup aux pattes puissantes surgit du haut de la colline. Il possédait une longue queue de plume et de poil en panache. Son pelage marron jouissait de minuscules vitraux bleus en forme de delta et de spirales. Un éminent elfe aux cheveux noirs et lisses montait sur ce loup. Des mèches vertes volaient derrière lui. Il portait une armure grise qui ne recouvrait pas tout son corps. Le reste était vêtu d'un tissu violet et d'une cape brune en peau de daim.

           À sa suite, une dizaine d'autres congénères chevauchaient des cervidés. Parmi eux, l'un se tenait à l'écart et regardait cette montagne qui formait le Royaume.


           De grandes cathédrales et des tours en fer et en pierre montaient jusqu'au ciel. Les pics des bâtiments impériaux, coiffés par les nuages brumeux de l'altitude se révélaient complètement invisibles. Des passerelles et des arcades créaient de véritables labyrinthes. Des vitraux ornaient les édifices en racontant l'histoire des nains depuis leur apparition dans ce monde. Une statue en or s'élevait parmi les donjons afin de représenter le seigneur qui gouvernait ce Royaume.

           Quand la compagnie traversa un grand pont en pierre, ils regardèrent en dessous où une source au courant extrêmement fort coulait.


           Quand ils reprirent leur chemin, ils se retrouvèrent face à deux colonnes rectangulaires, faites de cristal noir qui scintillaient au soleil levant avec des gargouilles les couronnant. Des nains armés jusqu'aux dents demeuraient devant chaque pylône. Ils protégeaient une large porte, où des flammes rougeoyantes entouraient l'entrée d'Andor.

           Deux piliers aux fissures nettement visibles possédaient chacun, un feu intense, montant jusqu'aux premières tours. Sur les rochers, en haut de l'arcade, deux haches croisées y étaient sculptées, où de l'eau avait remplacé les lames. Le liquide continuait de couler dans les manches pour se jeter, de chaque côté de la cour, dans le torrent.

          Le groupe s'engagea sous l'ogive, vers la porte, dans un grand patio dallé. Les sabots des chevaux se heurtaient au sol. Des hommes, femmes et enfants s'y promenaient. Un marché, aux nombreuses senteurs, produisait beaucoup d'effervescence. Devant les elfes, les nains s'écartaient et leur adressaient des regards durs et froids. Un second arc, cette fois en fer, à la sculpture très guerrière, se trouvait entre deux statues imposantes incarnant le premier roi et les premiers souverains d'Andor. Ils étaient munis d'une épée à la poignée en cristal d'argent et à la lame en or pur.

           Un individu à gauche de celui qui montait le loup, encapuchonné comme les autres, s'approcha du plus petit et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Le nain aux cheveux noirs suivait avec attention la trajectoire qu'empruntait la modeste compagnie.

           La grande porte s'ouvrit et ils quittèrent la selle de leurs destriers. Ils se mirent à avancer dans Andor.


           Toute la montagne était sculptée à l'intérieur. De grosses colonnes quadrilatère faisaient tenir cet énorme édifice renfermant mille trésors de toute beauté. Les piliers montaient en voûte entrecroisée. Devant chacun d'eux se trouvait un rocher d'où jaillissait un filet de lumière qui s'élevait jusqu'au sommet pour se réfléchir sur un autre silex identique. C'était de la belle magie. Cette lumière ensoleillait le couloir comme en plein jour. Des milliers de chemins s'entrelaçaient, créant des méandres.

            En regardant au fond du corridor, les colonnes semblaient se rétrécir pour former une silhouette à l'allure féminine. Les piliers donnaient l'impression qu'elle tenait dans ses mains un voile.

            Des nains armés escortaient les elfes comme des prisonniers. Le plus petit s'arrêta pour contempler tout autour de lui. Ses prunelles se dirigèrent vers une des pierres. Il s'avança vers le faisceau lumineux qui produisait éclat et chaleur. Des doigts, blancs et menus apparurent et progressèrent doucement vers le rayon. Son index entra en contact avec la lueur rougeâtre. Il passa le plat de sa paume et ferma son poing. La splendeur disparut. Maintenant, la raie se trouvait dans sa main jusqu'à la pierre du haut.

            Un bruit sec s'échoua contre les voûtes et les murs. Le petit être se retourna et se retrouva seul dans le couloir. Le rayon reprit sa place initiale.


           Le nain aux cheveux noirs descendait des escaliers quand un de ses compagnons le poursuivit, complètement affolé.

— Mon prince ! cria-t-il. Un de ces oreilles pointues vient de me prévenir qu'un des leurs s'est perdu dans la montagne.

— Très bien. Je vais le chercher, soupira-t-il. Les elfes, même quand ils atteignent l'âge adulte, continuent dans la dégénérescence, éclata-t-il de rire accompagné de son camarade.

— Oui, mais c'est un enfant dont il est question, donc, je vous souhaite bonne chance pour le trouver, car nos jeunes à nous maîtrisent déjà à merveille l'art de disparaître.

— Les pires restent les Elfes Verts, marmonna le Prince.

           Il partit en direction des mines et observa attentivement toute cachette qui pouvait dissimuler un petit être elfique. Des flambeaux éclairaient une salle aux chariots de gisements remplis de braises rouges fumantes. Les piliers, recouverts d'esquisses faites de fissures, montraient des hommes en train de creuser la roche. De multiples mécanismes étaient positionnés sur le mur.

           À droite, des cascades affluaient des bouches des nains sculptés dans le récif. Mais en dessous de cette pièce, le trésor d'Andor jaillissait à flots sur une plate-forme. De grands ponts aux nombreux feux barraient par dizaine le lieu. On ne discernait même pas le sol.

           Des colonnes en bronze et en onyx suivaient la trajectoire d'une rivière d'or. Diverses entrées de grottes montraient les endroits où la mine s'avérait fructueuse. Des carrioles transportaient des pierres de la couleur du charbon sur des rails. Des amas de granit entourés les voies.

           De l'autre côté, les mineurs ouvrageaient avec ardeur d'abondants graviers d'où sortaient des diamants, de l'argent, des émeraudes et tous minéraux précieux. Ils montaient à l'aide de cordes sur les rochers et triaient les pegmatites trouvées à l'intérieur des gouffres qu'ils formaient en creusant. Des engrenages emportaient toutes ces richesses dans des crevasses.

           Les marteaux forgeaient nombre d'épées, d'armures et d'objets à la nature complexe et pleine de beauté.

           Le nain regardait, en souriant, les siens s'acquittant du fonctionnement de la mine à la perfection. Les trésors, plus éblouissants les uns que les autres, s'étalaient en mille brillances et disparaissaient dans la noirceur de la carrière.

           Soudain, il vit une ombre à côté d'un chariot. Un petit être tout de nuit vêtu se cachait derrière. Seule une mèche rousse sortait de sa tunique. Il s'approcha de lui à pas furtif, se préparant à le saisir pour le ramener auprès de son peuple. Mais, il disparut à une vitesse fulgurante. Le nain se remit debout, décontenancé et surpris par cette évasion inattendue.

— À quoi joues-tu Rowan ? Je t'observe depuis tout à l'heure derrière ce chariot, déclara un homme aux bras dénudés où l'on voyait les muscles saillants. Une longue tresse acajou arrivait au milieu de son dos.

— J'essaye d'attraper un enfant, soupira-t-il.

— Encore ? J'en ai déjà cueilli une bonne dizaine rien que ce matin.

— Oui, mais celui-ci appartient aux elfes.

— Tu n'es pas près de le capturer alors, éclata de rire le nain.

— Je m'en doute, sourit le prince. Je vais continuer ma chasse.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Where stories live. Discover now