Chapitre 17 Tout est prêt... (1ère partie)

25 7 19
                                    

(Ange)

          Tout était calme. Même mon esprit. Ces temps-ci pourtant, cela avait été rarement le cas. J'avais six cents ans et je n'avais connu que des malheurs.

           Parfois, je me disais que cette grosse bête aurait dû laisser le vampire qui m'a mordu, me tuer. Mais alors, qui s'assurera de faire souffrir les gens qui ont voulu me voir morte ?

           C'est désolant de penser que ma vie ne se résume qu'à la vengeance, mais j'aime ça. J'aime me sentir puissante et crainte par tous. Avant, c'était les autres qui suscitaient cet effet. À un moment, la roue doit bien tourner. Mais tout le monde n'a pas complètement compris que cette roue, c'était moi. Que je compte détruire les rayons qui fonctionnent en même temps, pour garder le cycle en place. Mais je ne m'en souci guère. Lady Drana n'appartient plus aux inconnues. Tout doucement, elle s'élève vers le soleil obscur.

           Le vent faisait bouger les branches silencieusement. J'entendais bien les feuilles du Viridiana, qui se craquelaient et se fragilisaient délicatement. Elles changeraient bientôt de couleur, puis tomberont.

           Sur la colline où je me trouvais, je voyais en contre-bas le lac, surface argentée, grâce à la pleine lune. Comment aurais-je pu découvrir que ce lieu abritait des petits-êtres débordant de joie et de bonne humeur, tout au long de leur vie ? Même si l'on m'avait dit que le Lac Blimane n'était qu'une illusion, je ne l'aurais pas cru.

           La nuit levée maintenant, l'existence des aïdems me surprenait encore. Presque une journée s'était écoulée, et je n'arrivais toujours pas à m'en persuader. Mais je pense que ce qui me déconcertait le plus, c'est qu'Undĕwial ait réussi à garder les aïdems aussi longtemps cachés de tout Entre-Monde. En plus de pouvoir se rendre invisibles, ils avaient un goût divin.

           Pauvre Ness. Quelle chance il avait ! En tuant son père, je l'ai libéré de son emprise. Les sentiments empoisonnent notre vie. Sur le coup, Ness ne comprendra pas pourquoi j'ai assassiné son géniteur, mais il finira par me remercier. Comme je l'envie d'avoir perdu un de ses parents.

           Un jour, ça sera mon tour. Tuer le père de Ness était, juste, un entraînement pour éliminer le mien.

           Le calme en moi disparaissait, au fil des minutes qui passaient. Ma patience présentait quelques limites.

— Mais qu'est-ce qu'elle fout cette petite princesse ? me demandais-je, la rage commençant à pointer, petit à petit.

Ce paysage, beau et paisible, entamait mon ennui.

— Lady Drana, s'adressa une voix derrière moi.

— Pas trop tôt, crachais-je.

— Je m'excuse pour mon retard.

— La ferme. Tu n'as encore rien compris. Vais-je devoir perdre mon temps à t'expliquer le sens de la vie ?

Je me retournais vers la retardataire.

           Elle portait un bliaud en tissus plissés bleu. Une légère ceinture croisée sur un corselet à la couleur plus claire pendait sur son jupon. Ses manches, d'abord serrées sur les épaules, s'évasaient sur le long des bras. Un cercle métallique retenait un voile blanc sur ses boucles blondes détachées.

— Tu es peut-être vêtue comme une bonne petite paysanne, qui cuisine pour son homme quand il rentre des champs, mais tes cheveux sont trempés. Legadriedia.

La sirène s'empara de sa crinière ambrée et entreprit de les essorer. Je levais les yeux au ciel, agacée.

— Arrête. Ça ne sert à rien.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ